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Brexit : May présente ses demandes à une UE inflexible

La Première ministre britannique Theresa May est arrivée mercredi à Bruxelles, où elle espère obtenir des modifications de l'accord de…

La Première ministre britannique Theresa May est arrivée mercredi à Bruxelles, où elle espère obtenir des modifications de l’accord de Brexit déjà conclu avec l’UE, au risque de se heurter une nouvelle fois à des Européens inflexibles.

La dirigeante conservatrice est arrivée vers 18h45 (17H45 GMT) au siège de la Commission, accueillie par un Jean-Claude Juncker d’humeur badine, arborant un sparadrap sur la joue. Ce n’est pas Mme May qui « m’a infligé cette blessure », avait-il plaisanté quelques instants plus tôt.

Le gouvernement britannique a promis que les deux responsables auraient une « discussion détaillée », après que M. Juncker avait confié la veille ne tabler que sur une « discussions amicale » sans « percée » à attendre. Aucune conférence de presse n’est prévue à l’issue de leur réunion.

A moins de six semaines de la date officielle du divorce, la crainte d’une rupture sans accord se renforce, faute de solution à la question controversée du « filet de sécurité », ou « backstop », cette garantie censée éviter le retour d’une frontière physique en Irlande.

La dirigeante britannique réclame des « changements contraignants » de ce dispositif honni des « Brexiters ». Elle espère ainsi obtenir un feu vert de ses parlementaires au traité de divorce, après le rejet cinglant essuyé en janvier.

– « Seule voie » –

« C’est vraiment la seule voie pour sortir de cette situation », a insisté mercredi le chef de la diplomatie britannique, Jeremy Hunt, depuis Berlin. « Si nous pouvons faire ce changement, alors nous sommes confiants en notre capacité à faire passer l’accord » au Parlement.

Le « filet de sécurité » irlandais prévoit le maintien du Royaume-Uni dans une union douanière avec l’UE.

Il ne serait déclenché qu’en dernier recours, si les deux parties ne trouvaient pas de meilleure solution après le Brexit pour éviter le retour redouté d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.

Au Royaume-Uni, les partisans d’une rupture nette avec l’UE y voient un « piège » risquant de maintenir leur pays arrimé éternellement au bloc continental. Mme May cherche donc à les rassurer en obtenant des garanties de Bruxelles sur le caractère conditionnel et temporaire de cette mesure qu’elle avait acceptée.

Mais le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, « a réitéré que les 27 ne rouvriraient pas le traité de retrait » négocié avec Mme May, a prévenu le porte-parole de la Commission Margaritis Schinas.

Les Européens ne peuvent « pas accepter de donner une limite dans le temps au +filet de sécurité+, ni de clause de sortie unilatérale » de ce dispositif, a-t-il poursuivi.

L’UE est en revanche prête à « retravailler » la déclaration politique qui accompagnera le traité de retrait, et dont l’objectif est de tracer les grandes lignes de la relation que veulent bâtir les deux parties après leur divorce.

– « Cacophonie » –

« Le problème de fond, c’est que Theresa May n’a pas de mandat parlementaire. Et on ne pourra vraiment négocier avec elle que lorsqu’elle en aura un, ce qui nous amène en mars », a estimé une source diplomatique.

Mme May « n’a de majorité pour rien » dans son propre pays, a estimé une autre source diplomatique. « Il y a encore une cacophonie incroyable en Grande-Bretagne, et donc l’UE ne voit pas la nécessité de faire un pas vers les Britanniques à ce stade ».

Mercredi, trois députées favorables à un second référendum sur le Brexit ont annoncé leur démission du Parti conservateur à cause de leur désaccord avec la ligne gouvernementale.

Ils vont rejoindre le « Groupe indépendant », créé lundi par sept députés travaillistes eux-mêmes démissionnaires de leur parti, ouvrant la voie à une recomposition politique au Royaume-Uni.

Malgré l’impasse actuelle dans leurs discussions, Londres et Bruxelles disent toujours vouloir éviter un « no deal », source d’incertitudes du côté de l’UE et aux effets potentiellement dévastateurs pour l’économie du Royaume-Uni, où les annonces de fermetures d’usines se multiplient depuis plusieurs mois.

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