La Première ministre Theresa May était en route pour Strasbourg lundi soir, pour des discussions de dernière minute sur le Brexit avec le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, dans une ultime tentative de sauvetage de l’accord de divorce menacé d’un rejet mardi par les députés britanniques.
« La Première ministre vient juste de partir pour Strasbourg afin de s’entretenir avec JCJ (Jean-Claude Juncker, ndlr) », a annoncé un porte-parole du gouvernement britannique.
Attendue à Strasbourg peu avant 20h00 GMT, elle devrait également y rencontrer le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit Michel Barnier, selon une source européenne à Bruxelles.
La ville alsacienne accueille cette semaine de nombreux responsables européens dans le cadre d’une session plénière du Parlement européen.
Le temps presse pour la dirigeante conservatrice qui n’a jusqu’ici pas réussi à obtenir de concessions suffisantes pour convaincre son Parlement d’approuver ce traité de retrait, destiné à mettre en oeuvre un Brexit ordonné, mais recalé en janvier une première fois, massivement, par les députés britanniques.
« Je ne peux clairement anticiper l’issue de ces discussions urgentes et sensibles », a déclaré Robin Walker, sous-secrétaire d’Etat à la sortie de l’Union européenne.
« Les équipes continuent de discuter tout au long de la journée. Le gouvernement fera une déclaration plus tard dans la journée informant le Parlement du progrès des discussions », a-t-il assuré devant la Chambre des communes.
– « Dans le pétrin » –
Le principal point d’achoppement des discussions réside dans le « filet de sécurité », un dispositif de dernier recours visant à éviter le retour d’une frontière physique en Irlande du Nord, afin de préserver les accords de paix de 1998 et l’intégrité du marché unique européen, mais dont les « Brexiters » ne veulent pas.
Alors que les dirigeants européens ont refusé de rouvrir les négociations sur le texte de l’accord, Michel Barnier a redit être prêt à « donner une force juridique » contraignante à l’engagement maintes fois répété de tout faire pour que le « backstop » ne s’éternise pas, signifiant ainsi qu’il n’irait pas plus loin.
« Nous avons fait des propositions constructives, que j’ai rappelées vendredi », a-t-il déclaré lundi matin à l’AFP. Désormais, a-t-il insisté, « les négociations, sont entre le gouvernement à Londres et le Parlement à Londres ».
En écho, la chancelière allemande Angela Merkel a souligné lundi à Berlin que les Européens avaient proposé une « offre importante » au Royaume-Uni.
Faute de garanties satisfaisantes pour les députés britanniques, Theresa May s’exposerait à une nouvelle défaite humiliante lors du vote mardi. L’accord est « dans le pétrin, vraiment dans le pétrin », estimait lundi la BBC.
Son porte-parole a néanmoins assuré que le vote aurait bien lieu, précisant que Mme May devait publier une déclaration écrite dans la journée.
Dans l’opposition, Yvette Cooper, une influente députée du Labour, a estimé qu’il était temps que Theresa May « accepte que son approche ne fonctionne pas ». Avant d’ajouter que le Parlement était prêt à prendre les rênes du processus.
Le chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn a lui dénoncé un « mauvais accord en décembre, un mauvais accord en janvier et encore un mauvais accord aujourd’hui ».
Un rejet de l’accord pourrait signifier que le Royaume-Uni quittera l’UE dans le chaos le 29 mars, après 46 ans d’une relation souvent houleuse. Il pourrait aussi aboutir à un report de la sortie.
Si le texte devait effectivement être rejeté, Mme May a décidé d’organiser un vote mercredi sur la possibilité de sortir de l’UE sans accord.
Si les députés refusent cette option, ils voteront jeudi sur une proposition de report « limité » du Brexit. Mais les 27 devront donner leur accord et les dirigeants européens ont prévenu que tout report devra être justifié.
Les Européens n’accepteront pas « d’avancer à l’aveugle », leur position sera fonction « de la durée et de la finalité de l’extension demandée », a estimé un diplomate.