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Cambodge: funérailles de Nuon Chea, idéologue des Khmers rouges

Nuon Chea, le "Frère numéro deux" des Khmers rouges décédé dimanche à 93 ans, va être enterré vendredi au Cambodge,…

Nuon Chea, le « Frère numéro deux » des Khmers rouges décédé dimanche à 93 ans, va être enterré vendredi au Cambodge, quarante ans après la chute du régime ultra-maoïste qui plongea le pays dans l’horreur entre 1975 et 1979.

La crémation doit avoir lieu en début de soirée dans un temple de la province de Pailin, une région, proche de la frontière thaïlandaise, qui fût longtemps un bastion khmer rouge.

Des membres de la famille de Nuon Chea, bras droit de Pol Pot et idéologue du régime, étaient déjà sur place, allumant de l’encens et priant devant son cercueil richement décoré, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« En tant que responsable d’un régime, il est très normal d’être accusé, mais (mon père) n’a pas commis les actes qu’on lui impute », a déclaré à l’AFP sa fille aînée Ly Bunthoeun.

En 2014, Nuon Chea avait été condamné à la prison à perpétuité pour « crimes contre l’humanité ». Il avait été reconnu coupable quatre ans plus tard de « génocide » à l’encontre de plusieurs minorités ethniques.

Seuls trois responsables khmers rouges ont été jugés par le tribunal international créé par l’ONU, critiqué pour la lenteur des procédures et son coût de fonctionnement: Nuon Chea, Khieu Samphan, le chef de l’Etat khmer rouge et Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, chef de la prison S-21, où 15.000 personnes ont été torturées avant d’être exécutées.

Le procès de 2018 sera probablement le dernier intenté contre d’ex-membres du régime. Le Premier ministre actuel, Hun Sen, lui-même ancien cadre khmer rouge, a demandé qu’aucun autre suspect ne soit renvoyé devant le tribunal, invoquant de potentiels troubles dans le royaume.

Le décès de Nuon Chea relance « la question de savoir si les millions de Cambodgiens décédés sous le régime des Khmers rouges (…) ont obtenu la justice qu’ils méritent », a commenté mardi Human Rights Watch. Il faut « demander à Hun Sen de poursuivre en justice ceux qui ont torturé le peuple cambodgien », a ajouté l’ONG.

Le régime fit quelque deux millions de morts entre 1975 et 1979. Environ un quart de la population cambodgienne est mort d’épuisement, de famine, de maladies ou à la suite de tortures et d’exécutions pendant que les Khmers rouges dirigeaient le pays, lui imposant leur utopie agraire. Leur régime a été renversé en 1979 par l’intervention armée du Vietnam.

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