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Cameroun : cacophonie dans les rangs avant le Grand dialogue national

Les acteurs de la scène politique camerounaise sont fortement divisés sur le fond et la forme, à la veille du…

Les acteurs de la scène politique camerounaise sont fortement divisés sur le fond et la forme, à la veille du Grand dialogue national (GDN) qui s’ouvre lundi dans la capitale du pays, Yaoundé, en vue de la sortie de crise sécessionniste anglophone, a constaté APA sur place.Ce malaise s’est davantage accentué pendant les deux semaines de consultations préparatoires que vient d’achever le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, nommé coordonnateur des assises de cinq jours par le président Paul Biya. Il est ainsi apparu moult divergences la perception et la finalité d’un tel conclave, selon qu’on se trouve du côté du gouvernement, de l’opposition, de la société civile ou des milices séparatistes.

Pour le régime de Yaoundé en effet, les thématiques à aborder devraient porter sur le bilinguisme, la diversité culturelle et la cohésion sociale, les systèmes éducatif et judiciaire, la décentralisation et le développement local, la reconstruction et le développement des régions touchées par la crise, le retour des réfugiés et des personnes déplacées, le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des ex-combattants, le rôle de la diaspora dans la crise et sa contribution au développement du pays.

En rangs dispersés, certains de ses adversaires politiques, tel le Front social démocratique (SDF), premier parti de l’opposition parlementaire, semblent vouloir éviter la politique de la chaise vide, tout en posant quelques préalables portant, notamment, sur le nécessaire débat sur la forme de l’État.

Une autre frange, évoquant déjà un marché de dupes, juste destiné à sortir le pouvoir du brasier anglophone sous la pression de la communauté internationale, a décidé de boycotter ce qu’elle considère comme «une mascarade». «Ce dialogue risque d’être une farce (…). Est-ce que nous nous rappelons même de quoi parle la crise ?», s’emporte ainsi la présidente du Cameroon People’s Party, Édith Kah Wallah.

En milieu de semaine, la Plateforme de la société civile, non conviée aux consultations du Premier ministre et au GDN, a formulé 17 recommandations à l’intention du gouvernement, allant de la proclamation d’un cessez-le-feu préalable dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest à l’amnistie pour les milices armées, en passant par le nécessaire accord préalable entre les différentes familles d’acteurs sur l’agenda des travaux.

Ici et là, plusieurs personnalités accusent également le gouvernement de vouloir vicier le débat en y faisant participer, en masse, des caciques parmi ceux qui, au début de la crise voici trois ans, avaient nié l’existence d’un problème anglophone au Cameroun. Il existe également une bonne frange de l’opinion pour estimer que le pouvoir, qui fait partie du problème, ne peut pas dans le même temps se poser en arbitre et souhaitent, de ce fait, une médiation étrangère et indépendante.

Mais la grande inconnue demeure la participation effective, et massive tel qu’espéré par le régime, des leaders des mouvements armés résidant à l’extérieur. Si le gouvernement a garanti des facilités diverses à cette diaspora, y compris leur sécurité et leur immunité, une partie semble adhérer à cette main tendue alors que les plus radicaux, méfiants, ont délégué comme porte-parole au GDN le secrétaire adjoint américain en charge des Affaires africaines, Herman Cohen.

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