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Cameroun : les producteurs d’alcool s’inquiètent «incalculables» du nouveau régime fiscal

L'Association camerounaise des producteurs d'alcool (CAPA) a mis en garde, vendredi à travers une «lettre ouverte» adressée au ministre des…

L’Association camerounaise des producteurs d’alcool (CAPA) a mis en garde, vendredi à travers une «lettre ouverte» adressée au ministre des Finances, Louis Paul Motaze, contre les «conséquences sociales et économiques incalculables, compte tenu du niveau d’intégration de la filière» qui pourraient découler de la mise en application de trois mesures fiscales prévues dans le projet de Loi de finances 2019.Ce regroupement des 7 grandes industries locales du secteur juge néfastes la logique de création d’une accise sur les matières premières importée, couplée à la réduction de l’abattement sur les bières ainsi que le «changement inédit» de la base d’imposition du droit d’accises, toutes choses qui instaureraient une insécurité juridique au péril de leur activité.

Il en est de même du choix gouvernemental du détail comme base d’imposition, une méthode de détermination du prélèvement «mathématiquement impossible à appliquer», et qui «n’a jamais prospéré dans les pays comme le Kenya et l’Afrique du Sud où elle a immédiatement été abandonnée après son adoption».

Pour les industriels, les mesures fiscales envisagées par le gouvernement dégraderaient davantage le climat des affaires, fragilisant encore un peu plus la position du contribuable.

Les membres de la CAPA énumèrent d’autres incohérences contenues dans le projet de Loi de finances 2019, ainsi que les risques que de telles mesures feraient courir à la filière et aux consommateurs, la Loi devant également avoir un impact direct sur l’afflux des produits venant des pays voisins où l’industrie est plus compétitive, sans oublier l’aggravation du commerce illicite dans un contexte de porosité extrême des frontières.

L’Association, qui rappelle également avoir, en 2015, payé le lourd tribut d’un effort de fiscalisation supplémentaire, estime qu’elle «saurait à nouveau absorber un choc fiscal supplémentaire dans un contexte de fragilité extrême, tant sur le pouvoir d’achat de ses consommateurs que celui de la crise sécuritaire que le pays traverse depuis environ 2 ans, et dont le coût économique et social pèse lourdement sur les comptes de ses membres, avec une perte de 15% de chiffre d’affaires directement liée à cette crise dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest».

Il convient de noter que la sortie de ces industriels intervient juste à la veille du vote final, par le Parlement, du projet de Loi des finances 2019 controversé dont le montant s’élève à 4850,5 milliards FCFA.

Interrogé voici 4 jours par les médias locaux, quant à l’augmentation l’année prochaine des taxes de la friperie, des boissons gazeuses et autres véhicules d’occasion, Louis Paul Motaze a mis en avant les besoins de financement de plusieurs secteurs infrastructurels et sociaux avec de laisser tomber : «A mon avis, l’équation est simple et au niveau des impôts, on n’impose pas n’importe quoi. On impose surtout ce qui mériterait de l’être.»

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