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Cameroun: Sentiments mitigés au lendemain des législatives et municipales

L'opinion publique reste partagée au Cameroun lundi matin, au lendemain des élections législatives et municipales dans un contexte d'appels au…

L’opinion publique reste partagée au Cameroun lundi matin, au lendemain des élections législatives et municipales dans un contexte d’appels au boycott et d’insécurité dans certaines parties du pays.Dans les esprits, les médias et les réseaux sociaux, une bonne partie des débats reste focalisé sur le taux de participation qui selon toute vraisemblance sera globalement faible. Exemple en est donné dans la métropole économique, Douala, avec un des dirigeants du Front social démocratique (SDF, opposition), Carlos Ngoualem, qui ne cache pas son dépit : «C’est très difficile, le résultat de l’élection d’hier. Nous avons non seulement perdu mais nous ne sommes même pas parvenus à consolider les acquis. Dans nos fiefs traditionnels nous avons gagné partout mais le taux de participation était très faible.»

Un certain nombre de partis d’opposition, à l’instar du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) dont le leader, Maurice Kamto, arrivé second à l’élection présidentielle d’octobre 2018 avec 14,23% des suffrages, contre 71,28% pour le vainqueur Paul Biya, avaient en effet appelé les citoyens en âge de voter à s’abstenir, estimant que le processus démocratique était vicié et exigeant le retour de la paix dans les régions anglophones.

S’exprimant après la fermeture des bureaux de vote, le ministre de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji, a néanmoins indiqué que «les appels au boycott lancés par des politiciens véreux et les terroristes en perte de vitesse, n’ont eu aucun écho auprès des Camerounais». Après avoir appelé les partis politiques et les électeurs à attendre sereinement le verdict des urnes, qui devrait intervenir dans une dizaine de jours, il a estimé que le calme et la sérénité ayant marqué la tenue du double scrutin sont une preuve irréfutable de la maturité du peuple camerounais, souverain et maître de son destin.

Ces propos sont corroborés par le directeur général d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe public en charge des scrutins et opérations référendaires, Erik Essousse, pour qui les élections législatives et municipales du 9 février 2020 «se sont déroulées dans le calme et la sérénité dans les 26.336 bureaux de vote à travers le triangle national».

Après la fermeture des bureaux de vote, il est évident que, s’agissant des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les populations sont sorties massivement pour accomplir leur devoir civique dans toutes les circonscriptions administratives, a ajouté le Minat.

Ces assurances semblent pourtant loin des échos du terrain, plusieurs incidents violents ayant été signalés dans ces zones anglophones en pleine crise sécessionniste, et où des milices avaient invité le peu de populations n’ayant pas fui les combats à s’abstenir d’aller voter sous peine de représailles.

S’agissant des tendances parcellaires, recueillies après dépouillement, l’hégémonie du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) est fortement contestée, dans plusieurs circonscriptions du Centre, du Littoral et du Sud par le petit poucet Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PRCN), dont c’est la première épreuve législative et municipale au détriment du SDF, dont les fondations sont menacées jusque dans ses fiefs naturels du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

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