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CAN-2019: pour Imorou, le Bénin peut « renverser des montagnes »

"On a une cohésion hyper forte, et ça peut renverser des montagnes", déclare dans un entretien à l'AFP le défenseur…

« On a une cohésion hyper forte, et ça peut renverser des montagnes », déclare dans un entretien à l’AFP le défenseur du Bénin Emmanuel Imorou, alors que les Ecureuils, qualifiés pour la première fois de leur histoire en quart de finale de la CAN, s’apprêtent à défier le Sénégal mercredi.

Q: En arrivant en Egypte, pensiez-vous pouvoir prolonger l’aventure à ce point?

R: « On a fait quelque chose de grand pour l’histoire du football béninois. On a toujours des rêves, plus ou moins accessibles. Il faut avancer pas à pas. Notre premier objectif réalisable, c’était de sortir des poules. On l’a fait, on a déjà écrit notre page. Après, on est des compétiteurs! Même si un match très dur nous attend, on a envie de faire quelque chose. »

Q: L’entraîneur Michel Dussuyer disait pourtant que le premier objectif était de gagner un match… Vous vous êtes qualifiés pour les quarts sans en gagner un!

R: « Je préfère ne pas gagner et passer, que gagner et ne pas passer. A l’image du Portugal à l’Euro-2016. Je signe tout de suite pour aller en finale sans gagner aucun match! Si on met tous les ingrédients, on va y croire. Ça ne veut pas dire qu’on gagnera, mais on va tout faire pour finir la tête haute et fiers de nous. »

Q: Comment vous-êtes vous relevés du scénario fou face au Maroc en 8e de finale ? (un but sur une erreur individuelle, un penalty pour le Maroc à la 92e, raté, un carton rouge à la 97e…)

R: « Le plus dur à gérer sur ce match-là, c’était l’arbitrage qui a nourri en moi un sentiment d’injustice. On se doit d’être tous ensemble quand un équipier fait une bêtise, pour surmonter l’épreuve. Quand Khaled (Adenon, défenseur du Bénin) prend un carton rouge, il faut montrer qu’on est une équipe, une famille. On a une cohésion hyper forte, et ça peut renverser des montagnes. »

Q: La dernière CAN jouée en 2010 par le Bénin s’était conclue par deux défaites et un nul. Qu’est-ce qui a changé depuis?

R: « Beaucoup de choses. D’abord, au niveau des dirigeants. C’est beaucoup plus pro, plus sérieux. On a aussi une équipe de meilleure qualité. »

Q: Le coach en revanche est le même. Que pouvez-vous dire de Michel Dussuyer?

R: « Il s’est très bien adapté à un mode de vie à l’africaine. On peut se permettre de faire des grasses matinées tous les matins! Mais ça ne change rien, on enchaîne les matches, nos joueurs ne se blessent pas. Au lendemain du match (face au Maroc), on a pu sortir voir les pyramides. C’est une gestion humaine très bien de sa part. »

Q: Le secret du Bénin, c’est d’être plus cool?

R: « Je ne sais pas si on est plus cool que les autres, mais notre groupe est plus sain que les autres, plus solidaire. Quand je vois l’ambiance, les attitudes des remplaçants, les images des réactions quand on marque… C’est magnifique. »

Q: Vous avez aussi réussi à faire parler du Bénin sur Twitter, où vous êtes très suivi.

R: « Je suis fier de faire parler du Bénin. Il y a des gens qui m’ont mentionné sur Twitter en me disant qu’ils ne savaient pas que j’étais béninois. J’ai vu des vidéos de fans marocains qui pleurent, de gens disant qu’ils ne connaissaient pas le Bénin il y a deux jours! Je suis fier de participer à ça. »

Q: Vous êtes sans contrat. Cette CAN peut-elle vous aider à trouver un club?

R: « Je n’attends pas ça de la CAN. J’y vais pour être fier de moi, pour rendre fier les gens. Ça me ramène forcément à mon père qui n’est plus avec nous aujourd’hui. C’est plein de choses qui s’entremêlent et qui font qu’aujourd’hui, j’ai envie de représenter mon pays. Je n’y vais pas pour me dire que ça va me donner de la visibilité. Si ça peut m’en amener, je ne vais pas dire non. Mais c’est très loin d’être mon objectif premier. »

Propos recueillis par Alexis HONTANG

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