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« Ce que je crains, c’est qu’on baisse » les pensions

"Est-ce qu'on aura la garantie que la pension n'évoluera pas à la baisse ?": à Arras, lors d'un des ateliers…

« Est-ce qu’on aura la garantie que la pension n’évoluera pas à la baisse ? »: à Arras, lors d’un des ateliers préalables à la réforme des retraites organisés par le gouvernement dans toute la France, des participants expriment doutes et inquiétudes.

Sous les hautes voûtes de l’ancienne abbaye Saint-Vaast, debout au milieu de l’assistance, Jean-Paul Delevoye rappelle que « les droits acquis sont imprescriptibles, personne ne peut vous les reprendre ».

Le Haut commissaire à la réforme des retraites explique longuement qu’il faudra « offrir les possibilités de nous adapter » en cas de crise, économique ou démographique.

Mais le thème de la journée a beau être centré sur « la solidarité dans le futur système », chacun appréhende la réforme en la confrontant à son propre cas.

« Combien ma cotisation me rapporte? Ce que je crains avec votre système, c’est qu’on baisse le montant des retraites », lance un des participants, dans une rare interpellation directe, à propos de la retraite par points envisagée par l’exécutif.

Car les quelques 80 personnes présentes passent surtout la journée à discuter entre elles. Réparties autour d’une douzaine de tables, sous l’œil de « facilitateurs », agents de caisses de retraite, qui animent la discussion et en font la synthèse.

Un filtre qui ne semble déranger personne, au contraire: « On ne s’exprime peut-être pas en public, mais on échange pas mal entre nous », souligne Maxime, 31 ans, salarié dans un organisme de formation professionnelle.

« Les grandes assemblées où il faut lever la main pour prendre la parole, c’est pas donné à tout le monde. Je préfère être en petit groupe », confie Peggy, 44 ans, DRH dans une association.

Venue « pour en savoir un peu plus sur ce qu’ils veulent mettre en place », elle se dit en revanche « sceptique sur la finalité » de cet atelier. « Est-ce que ce qui ressortira d’ici servira vraiment ? J’ai des doutes. Ils savent bien où ils veulent aller. »

– « Il manque les jeunes » –

« Je ne vous demande pas de me croire, simplement de voir », promet M. Delevoye. « Dans les recommandations que je formulerai au gouvernement début 2019, il y aura un paragraphe reprenant les contributions citoyennes », ajoute-t-il.

Un message complété par Agnès Buzyn, lors d’une brève intervention en fin de matinée. « Cette réforme ne se fera pas contre les Français mais avec et pour les Français » et ne viendra « pas mettre à mal les valeurs fondamentales de la Sécurité sociale », insiste la ministre des Solidarités et de la Santé.

De quoi apaiser les craintes de Samuel, « un peu rassuré dans la mesure où l’on voit qu’il y a une direction ».

A 47 ans, ce décorateur reste toutefois marqué par le sort de ses parents commerçants. « J’ai bien vu que ce n’était pas la panacée. Depuis que j’ai commencé à travailler, je me dis que les pensions que je recevrai ne seront peut-être pas suffisantes pour m’assurer le train de vie que je souhaite. »

A côté de lui, Pascal relativise: « On n’en est qu’aux balbutiements de la réforme, c’est normal que les inquiétudes se manifestent ». Ce comptable de 45 ans a cependant un regret: « Il manque les principaux concernés: les jeunes ».

Le casting compte en effet plus de retraités que d’étudiants. On trouve ainsi un groupe d’anciens agriculteurs, comme Marie-Paule, 73 ans, qui voit la réforme d’un bon œil.

« On est les plus mal lotis aujourd’hui, alors on se dit que ça pourrait aller mieux d’ici quelques temps. Mais ceux qui gagnent 6.000 euros de retraite par mois, comment ils vont réagir? », se demande-t-elle.

Face à cette multitude d’intérêts individuels, M. Delevoye met en garde: « Nous avons tous les moyens de nous déchirer, en défendant chacun son pré carré ».

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