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Célibat des prêtres, place des femmes: les chiffons rouges d’un synode sur l’Amazonie

Les gardiens de la tradition catholique voient rouge, jusqu'à parler d'"hérésie", en décortiquant l'ordre du jour d'un synode d'évêques d'Amazonie…

Les gardiens de la tradition catholique voient rouge, jusqu’à parler d' »hérésie », en décortiquant l’ordre du jour d’un synode d’évêques d’Amazonie qui parleront beaucoup de désastre écologique et des maux sociaux-économiques des indigènes, mais aussi de la possibilité d’ordonner prêtres des hommes mariés.

Voici les chiffons rouges qui se profilent à l’occasion de ce synode de trois semaines, inauguré dimanche par le pape lors d’une messe.

– Viri probati, ministères de femmes –

Face au manque local de prêtres pouvant donner des sacrements, une suggestion portée par beaucoup d’épiscopats locaux consisterait à ordonner prêtres des hommes mariés d’âge mur (appelés « viri probati »), préférablement autochtones

Le synode propose d’identifier le type de « ministère officiel » pouvant être conféré aux femmes, qui jouent déjà un rôle central dans l’Eglise amazonienne.

Le conservateur cardinal guinéen Robert Sarah (préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements) se déclare « choqué et scandalisé que l’on prenne prétexte de la détresse spirituelle des pauvres en Amazonie pour soutenir des projets typiques du christianisme bourgeois et mondain », comme l’ordination d’hommes mariés et des ministères pour les femmes qui sont « une destruction du sacerdoce ».

Le cardinal américain Raymond Burke (opposant ouvert qui n’a de cesse d’affirmer que le pape sème la confusion chez les croyants) a annoncé à la mi-septembre « une croisade de quarante jours de prière et de jeûne » contre le document du synode truffé « d’erreurs théologiques et d’hérésies ». Il demande au pape François de ne pas abolir le célibat des prêtres, même si cela n’est pas à l’ordre du jour.

– Spiritualité autochtone –

Pour mieux dialoguer avec les autochtones, l’Eglise catholique doit mieux « intégrer leur spiritualité » et symboles, en dépassant « des positions rigides ».

Le cardinal allemand Walter Brandmüller (ancien président du comité pontifical des sciences historiques, qui juge globalement le texte « hérétique ») critique un courant de pensée magnifiant « des pratiques de guérison indigènes » voire « un dialogue avec les esprits ».

Le cardinal Burke fustige lui aussi « la reconnaissance de diverses formes de paganisme et de rites ».

– Extraction minière, déforestation –

Le texte de travail du synode cite directement les communautés indigènes qui fustigent « les grands projets », lesquels « détruisent les territoires et les populations » sous prétexte de développement. Cela parfois « de connivence » avec des gouvernements locaux, nationaux, voire avec des autorités des autochtones.

Le cardinal allemand Gerhard Müller (qui n’a pas été reconduit voici deux ans à la tête de la puissante Congrégation pour la doctrine de la foi – gardienne du dogme) juge que le texte du synode ne se base pas sur « les fondements bibliques » mais sur des « nécessités sociologiques putatives du monde globalisé ».

Son compatriote le cardinal Brandmüller demande ce que « l’écologie, l’économie et la politique » ont à voir avec la mission de l’Eglise, avec un risque d’ingérence dans les affaires de l’Etat brésilien.

Le président brésilien d’extrême droite, Jair Bolsonaro, climato-sceptique notoire, rejette avec fracas toute idée d’intervention internationale en Amazonie et a prévenu qu’il surveillerait de près le synode.

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