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Centrafrique: la Russie obtient un nouvel assouplissement de l’embargo sur les armes

Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé vendredi un nouvel assouplissement, léger, de l'embargo sur les armes imposé à…

Le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé vendredi un nouvel assouplissement, léger, de l’embargo sur les armes imposé à la Centrafrique, un sujet qui a donné lieu à de vives frictions entre la France et la Russie.

Une résolution, rédigée par Paris, prolongeant de seulement six mois l’embargo, jusqu’au 31 juillet, a été approuvée par 13 voix pour et deux abstentions, celles de Moscou et Pékin.

Elle prévoit la possibilité pour la Centrafrique d’acquérir pour ses forces des « véhicules militaires dépourvus d’armes et des engins armés d’un calibre inférieur à 14,5 mm », à condition d’en notifier l’ONU au préalable.

Selon des diplomates, les négociations ont donné lieu à des tensions importantes entre la France et la Russie.

Ex-puissance coloniale, la France, soutenue par les membres européens et africains du Conseil (Afrique du Sud, Niger et Tunisie), ne voulait procéder à aucun nouvel assouplissement de l’embargo au vu de la situation dans le pays, selon ces sources concordantes s’exprimant sous couvert d’anonymat.

De son côté, la Russie, soutenue par la Chine, en voulait un conséquent, faisant valoir que Bangui réclamait depuis longtemps une levée totale de l’embargo. La Russie est militairement présente en Centrafrique où elle apporte, selon Bangui, une « aide énorme ».

Dans la négociation tendue, Moscou a été jusqu’à proposer cette semaine à ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution concurrent à celui de la France. Un compromis a finalement été trouvé jeudi, permettant d’éviter la mise aux voix des deux textes et le risque d’un arrêt total de l’embargo en cas d’utilisation d’un veto par l’un des membres permanents du Conseil.

Par la voix de son ambassadrice adjointe, Anne Gueguen, la France a regretté « profondément » vendredi qu’il n’y ait pas eu une adoption unanime. « Le Conseil de sécurité est pleinement à l’écoute des autorités centrafricaines » dans le domaine de la sécurité, a-t-elle assuré, soulignant la nécessité d’une « approche responsable ».

– Divisions en juillet? –

Son homologue russe, Dmitri Polyanskiy, a déploré que « tous les arguments (de Moscou) n’aient pas été pris en compte » et averti qu’ils seraient à nouveau utilisés en juillet, laissant augurer de nouvelles divisions au Conseil de sécurité dans six mois.

« Nous voulions un assouplissement plus important de l’embargo sur les armes », a-t-il dit. Utile au début, l’embargo « fait maintenant obstacle au réarmement de l’armée nationale et des forces de sécurité », a jugé le diplomate russe.

De son côté, l’ambassadeur du Niger, Abdou Abarry, s’exprimant aussi au nom de l’Afrique du Sud et de la Tunisie, a estimé que la résolution adoptée « représentait une réponse à la demande légitime formulée » par la Centrafrique « de continuer vers une levée définitive de l’embargo sur les armes ».

Le nouvel assouplissement va aider le gouvernement « à reprendre le contrôle de l’ensemble du pays », a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis ont noté pour leur part qu’aucune demande d’exemptions à l’embargo n’avait été faite par Bangui depuis septembre, alors que cette possibilité est ouverte aux autorités centrafricaines.

Le Conseil de sécurité avait décidé en septembre d’un premier assouplissement de l’embargo imposé en 2013 en autorisant la livraison aux forces centrafricaines d’armes individuelles d’un calibre inférieur ou égal à 14,5 mm. Cet embargo avait été décidé quand la Centrafrique avait basculé dans la guerre civile après la chute du président François Bozizé.

La levée totale de l’embargo est une demande ancienne des autorités centrafricaines, qui affirment que les groupes armés qui continuent de contrôler une vaste partie du pays peuvent en obtenir facilement par la contrebande en mettant en situation d’infériorité Bangui, soumis à l’embargo.

Depuis 2017, des exceptions à cet embargo avaient été accordées par l’ONU au cas par cas. Des livraisons d’armes avaient ainsi pu être effectuées, fournies notamment par la Russie et la France.

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