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Charles Michel, un libéral belge habitué au compromis

Charles Michel, choisi mardi pour succéder à Donald Tusk à la tête du Conseil européen, le cénacle des dirigeants de…

Charles Michel, choisi mardi pour succéder à Donald Tusk à la tête du Conseil européen, le cénacle des dirigeants de l’UE, est Premier ministre de la Belgique depuis octobre 2014, à la tête d’un gouvernement démissionnaire depuis six mois.

Ministre à 25 ans, Premier ministre à 38, ce libéral francophone âgé aujourd’hui de 43 ans peut s’enorgueillir d’avoir rapidement gravi les échelons, après une arrivée précoce en politique dans l’ombre de son père, l’ex-commissaire européen Louis Michel.

En Belgique, où la situation politique est bloquée depuis les législatives du 26 mai, rendant son avenir incertain, cet avocat de profession a marqué les esprits en acceptant de gouverner il y a cinq ans en coalition avec la N-VA (nationalistes flamands), un parti qui prône dans ses statuts l’indépendance de la Flandre.

Du jamais vu jusqu’alors pour un responsable politique francophone. A l’époque, il avait été raillé pour avoir pris la tête d’une coalition « kamikaze » à laquelle beaucoup prédisaient un crash rapide.

Tenace, adepte du compromis, il a réussi à diriger cet attelage pendant plus de quatre ans, se vantant de réformes socio-économiques ayant permis la création de 230.000 emplois, sur fond de croissance retrouvée.

Sa coalition quadripartite (incluant aussi libéraux et démocrates-chrétiens flamands) s’est effondrée en décembre 2018, quand la N-VA a refusé d’être associée au soutien du pacte de l’ONU sur les migrations.

Mais malgré la rupture, il a dû continuer à supporter au cours de la campagne des législatives 2019 cette image de « marionnette de la N-VA ».

Une accusation récurrente de l’opposition, qui lui a reproché de ne jamais avoir recadré son ex-secrétaire d’Etat Theo Francken (N-VA), coutumier des propos polémiques sur l’immigration.

Aux législatives du 26 mai, scrutin organisé en même temps que les européennes, les partis belges traditionnels, libéraux y compris, ont été sanctionnés.

La progression des extrêmes, synonyme de plus grande fragmentation du paysage politique, a rendu impossible toute perspective de bâtir rapidement une nouvelle coalition.

-« Très déterminé »-

Pour le poste de président du conseil européen, la principale qualité c’est « la capacité d’être un accoucheur de compromis », « le profil idéal c’est celui de ces Premiers ministres belges, habiles, retors », disait récemment l’ex-ambassadeur de France auprès de l’UE, Pierre Sellal, citant le précédent Herman Van Rompuy, qui présida l’instance de 2010 à 2014.

Au plan international, dans les sommets européens, Charles Michel s’est beaucoup affiché depuis 2017 aux côtés du président français Emmanuel Macron, de la même sensibilité politique pro-UE.

Avec le Luxembourgeois Xavier Bettel et le Néerlandais Mark Rutte, il a aussi formé au Bénélux un trio de dirigeants libéraux donnant une image d’unité et de convergence sur les grands dossiers européens comme le Brexit.

Né le 21 décembre 1975 à Namur (centre), Charles Michel rejoint à 16 ans la section jeunesse du parti libéral (Mouvement réformateur, MR) de Jodoigne, le fief de sa famille, situé le long de la frontière entre la Wallonie et la Flandre. A 18 ans, il est élu conseiller de la province du Brabant wallon.

Bon néerlandophone – une qualité qui reste rare dans le personnel politique francophone -, le jeune homme étudie ensuite le droit à Bruxelles et à Amsterdam, et devient avocat en 1995.

Quatre ans plus tard, il est élu député fédéral et, en octobre 2000, il obtient le portefeuille de ministre régional wallon chargé des Affaires intérieures et de la Fonction publique, devenant à 25 ans le plus jeune ministre de l’histoire du royaume.

C’est en conquérant la tête du Parti réformateur, début 2011, qu’il prend une stature nationale. Au côté de son père et de la frange « libérale-sociale » du parti, il parvient à écarter de la présidence l’homme fort des libéraux depuis plus de 10 ans, Didier Reynders, ministre des Finances à l’époque.

« C’est quelqu’un de très déterminé, prêt à prendre ses responsabilités, quitte à bousculer l’ordre établi », disait de lui en 2014 l’un de ses collaborateurs.

Il est père de trois enfants, dont une petite fille née en juin.

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