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Chauffeur intercommunal, le Français Didier Nozière «se débrouille» à Abidjan

Un homme de couleur blanche au volant d'un véhicule de transport en commun, ça ne court pas les rues à…

Un homme de couleur blanche au volant d’un véhicule de transport en commun, ça ne court pas les rues à Abidjan où le Français Didier Nozière attire les curiosités dans ce métier de «chauffeur» qu’il exerce pour se « débrouiller ».Il ne passe pas inaperçu au volant de son pick-up, reliant les communes de Yopougon, son lieu de résidence, dans le sous-quartier  «Académie» à  Cocody, le quartier huppé dans l’Est de la capitale économique ivoirienne.

A 57 ans, Didier Nozière est chauffeur de woro-woro (transport en commun de particuliers) desservant les deux communes d’Abidjan.

Cet ingénieur et architecte de formation, reconverti en « chauffeur et médiateur », selon ses propres termes, a quitté sa France natale pour venir « se débrouiller » aux bords de la lagune Ebrié, depuis 2012.

« A mon arrivée à Abidjan, j’ai exercé sur plusieurs chantiers de construction. Quand ceux-ci ont pris fin, je me suis lancé dans le transport car je ne voulais pas rester à ne rien faire, notamment dans le métier de chauffeur que je connaissais bien », relate M. Nozière entre deux gorgées de bière, précisant qu’il ne prend pas « plus de deux verres ».

L’intégration du « Blanc chauffeur de woro-woro » comme le désignent ses condisciples a été facile. « Il est sans histoire, a le sens de l’humour et communique beaucoup sur le métier de chauffeur », apprécie Dramane Coulibaly, chauffeur de ce type de transport.

 « J’ai été bien accueilli par les chauffeurs sur la ligne Yopougon-Cocody 2 Plateaux. J’apporte mon savoir-faire aux chauffeurs qui, pour la plupart, piétinent les règles du métier. Je fais, également, de la médiation quand survint un problème avec les syndicats  et jusque-là, tout se passe bien», se réjouit M. Nozière.

Cependant, au sein de la clientèle, il ne fait pas l’unanimité autour de ce « métier ». Pour certains, «c’est un espion » déguisé en chauffeur comme « nous avons vu des présumés fous lors de la crise de 2002 », rappelle Narcisse Guéhi.

« Moi, espion ? Espionner qui et pour le compte de qui ? J’entends souvent ces propos sans vraiment m’attarder là-dessus. Non, ce sont des ragots », se défend Didier Nozière, père d’un garçon qui vit «dans ma villa à Port-Bouët avec mon petit-fils et ma belle-fille », ajoutant qu’il préfère leur laisser sa propriété pour « venir vivre à Yopougon avec ma femme ».

Pour Issiaka Traoré, Didier est loin d’être un espion. « C’est un monsieur sympa qui nous met dans le droit chemin des transports », témoigne-t-il non sans s’insurger contre « les colporteurs de ces ragots. Ce n’est pas parce qu’il est Blanc et chauffeur de woro-woro qu’il est espion ».

Dans tous les cas, « le chauffeur blanc » se tire bien d’affaires dans son activité. « Je gagne bien ma vie et je conseille souvent aux chauffeurs de bien gérer ce qu’ils gagnent pour assurer leurs vieux jours », indique M. Nozière.

Selon lui, l’Etat doit mettre « la main à la pâte pour mettre en place des structures », au niveau du transport en Côte d’Ivoire comme cela se fait en France afin de desservir les banlieues abidjanaises.

« Créer des sociétés où l’Etat a des parts sociales à hauteur de 50% afin de contrôler et redynamiser le secteur de transports qui est l’un des gros pourvoyeurs d’emplois dans un Etat », exhorte-t-il en guise de conclusion.

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