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Cinq ans après, un policier jugé pour la mort d’un Noir lors d’une arrestation à New York

Les images de l'interpellation musclée de cet homme noir avaient fait le tour du monde et déclenché un mouvement citoyen:…

Les images de l’interpellation musclée de cet homme noir avaient fait le tour du monde et déclenché un mouvement citoyen: cinq ans après la mort d’Eric Garner, le procès disciplinaire du policier accusé de l’avoir asphyxié s’est ouvert lundi à New York.

« I Can’t Breathe! I Can’t Breathe! » soit « Je ne peux plus respirer ». C’est l’appel au secours que lançait, inlassablement, Eric Garner, dans la vidéo tournée par un ami, alors que cinq policiers s’employaient à le menotter.

Pour avoir refusé son interpellation, ce quadragénaire, qui n’était pas armé et que les officiers accusaient de vendre illégalement des cigarettes, décèdera quelques minutes plus tard.

Sa mort, qualifiée d’homicide par le médecin légiste, avait donné de l’élan au mouvement alors naissant « Black Lives Matter » (les vies noires comptent), qui dénonçait les violences policières ciblant des hommes noirs non armés.

En décembre 2014, un grand jury a décidé que le dossier ne contenait pas suffisamment d’éléments pour inculper Daniel Pantaleo, l’officier que l’on voit, dans la vidéo, enserrer le cou d’Eric Garner avec son avant-bras.

La justice fédérale a, elle aussi, ouvert une enquête, mais n’en a pas livré les conclusions, près de cinq ans après les faits, qui seront bientôt prescrits. Bien que cantonné à des travaux administratifs, Daniel Pantaleo fait toujours partie de la police new-yorkaise.

– « C’était intentionnel » –

Après plusieurs années d’attente, la police de New York a lancé une procédure disciplinaire, qui a débouché sur un procès. Il s’est ouvert lundi dans ses locaux, en devant lesquels s’étaient placés une dizaine de manifestants demandant le licenciement de Daniel Pantaleo, la sanction maximale possible.

« Depuis cinq ans, nous sommes en première ligne pour obtenir que la justice soit rendue », a déclaré la mère d’Eric Garner, Gwen Carr, en marge de l’audience. « Et ils essayent encore de glisser ça sous le tapis », a-t-elle ajouté, en référence à un dernier recours des avocats du policier pour faire annuler la procédure, finalement rejeté.

Lors du procès, il s’agira de déterminer si l’officier a bien pratiqué un étranglement, technique interdite par la police de New York depuis 1993.

« D’entrée, (l’officier Pantaleo) a voulu l’attraper par le cou », a fait valoir lundi Jonathan Fogel, l’un des représentants de l’accusation, menée par le CCRB, un organisme indépendant chargé de recevoir les réclamations contre la police et d’enquêter.

Selon les images, Daniel Pantaleo tient son avant-bras contre la gorge d’Eric Garner durant un peu plus de 15 secondes au total, et joint même les deux mains pour maintenir son emprise.

« C’était intentionnel », a renchéri Johnathan Fogel, exhortant Rosemarie Maldonado, l’adjointe du chef de la police de New York qui préside les débats, à rendre « une forme de justice » et « mettre ce policier devant ses responsabilités ».

« Le résultat aurait été le même s’il n’avait pas touché son cou du tout », a répondu Stuart London, l’avocat de Daniel Pantaleo, affirmant que le décès résultait avant tout de la santé fragile d’Eric Garner, qui était obèse et asthmatique.

« M. Pantaleo a seulement fait son travail », a-t-il martelé, demandant à la juge de ne pas « faire (de son client) un bouc émissaire ».

Il a également souligné que, selon la vidéo, Eric Garner n’a commencé à se plaindre de ne plus pouvoir respirer qu’après que Daniel Pantaleo a relâché son emprise.

Mi-juillet 2015, la famille d’Eric Garner avait conclu un accord amiable avec la ville de New York, qui avait accepté de lui verser 5,9 millions de dollars au titre de son préjudice.

« C’est le procès de la police de New York », a clamé le pasteur noir et militant des droits civiques Al Sharpton, présent au procès. « Allez-vous garder dans vos effectifs quelqu’un qui a été filmé en train d’étrangler un homme, ce qui a causé sa mort? C’est la seule question en suspens. »

Le procès doit se terminer le 24 mai.

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