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Claude Guéant, le « cardinal » déchu de Nicolas Sarkozy

Incontournable de la présidence Sarkozy, le "cardinal" Claude Guéant, autrefois grand commis de l'État craint et respecté, incarne aujourd'hui les…

Incontournable de la présidence Sarkozy, le « cardinal » Claude Guéant, autrefois grand commis de l’État craint et respecté, incarne aujourd’hui les affaires liées au quinquennat 2007-2012 et enregistre une première condamnation définitive parmi ses nombreux ennuis judiciaires.

L’ex-premier flic de France devenu avocat, qui aura 74 ans jeudi, a été définitivement condamné mercredi à un an d’emprisonnement ferme dans l’affaire des primes en liquide de la place Beauvau.

Les peines inférieures à deux ans d’emprisonnement étant aménageables, M. Guéant ne devrait toutefois pas connaître la détention. Dans cette affaire de détournement de fonds publics, il avait en outre été condamné à 75.000 euros d’amende et à une interdiction d’exercer toute fonction publique pendant cinq ans.

M. Guéant n’en a pas fini avec la justice. Il est par ailleurs mis en examen dans l’affaire du financement libyen présumé de la campagne de Nicolas Sarkozy.

En 2013, les enquêteurs ont découvert que l’ex-secrétaire général de l’Élysée avait perçu 500.000 euros sur un compte, le 3 mars 2008, en provenance d’un avocat malaisien. Il avait expliqué, sans convaincre les enquêteurs, que ce virement était le fruit de la vente de deux tableaux flamands. Les enquêteurs pensent que ce virement vient en fait d’un riche entrepreneur saoudien dont les investigations démontrent également des liens avec l’homme d’affaires français Alexandre Djouhri.

M. Guéant est également mis en examen dans le cadre du dossier des sondages de l’Élysée. Et, en 2015, il avait été placé sous le statut de témoin assisté dans l’affaire de l’arbitrage opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais.

« Guéant, c’est le flic sérieux fasciné par les voyous », affirme un haut fonctionnaire habitué des arcanes de la politique.

Cet ancien préfet, patron de la police nationale nommé par Charles Pasqua, était pourtant autrefois des plus respectés : artisan de la campagne de Nicolas Sarkozy, il obtient le secrétariat général de l’Élysée après la victoire de 2007, où son écrasante influence le rend incontournable dans les couloirs de l’exécutif.

– Dossier libyen –

Cet homme de l’ombre et de cabinet apparaît en pleine lumière dès juillet 2007, dans l’épisode des infirmières bulgares, qu’il va chercher en Libye avec Cécilia Sarkozy, alors épouse du président, même s’il prend soin de lui laisser le crédit de l’opération.

Longtemps craint par des ministres qu’il n’hésitait pas à réprimander – « à humilier », affirment certains -, celui qui était devenu « la doublure » du président avait obtenu le ministère de l’Intérieur en 2011, un poste hautement stratégique en vue d’une réélection de Nicolas Sarkozy l’année suivante. Mais le président échoua face à François Hollande et son ministre fit de même aux législatives dans les Hauts-de-Seine.

Avec l’accélération du dossier libyen, l’ancien mentor a semblé prendre des distances avec celui qui était son plus fidèle lieutenant. Il avait toutefois tempéré ses propos quelques jours plus tard en jurant qu’il n’avait « aucune raison de douter » de son ancien « excellent collaborateur ».

Derrière un physique austère, adouci par de fines lunettes à monture dorée, M. Guéant, toujours affable et très calme – il est apparu publiquement très ému à une seule occasion, le jour de son arrivée au ministère de l’Intérieur – peut déconcerter.

Ce natif de Vimy (Pas-de-Calais), énarque de la promotion 1971, fréquentait déjà la place Beauvau comme conseiller technique du ministre Christian Bonnet à la fin des années 1970, notamment lors de la mort du ministre Robert Boulin en 1979.

M. Guéant est veuf, a deux enfants et plusieurs petits-enfants.

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