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Claude Lanzmann et Simone de Beauvoir, une grande histoire d’amour

"La présence de Lanzmann auprès de moi me délivra de mon âge", raconte dans "La force des choses", l'écrivaine féministe…

« La présence de Lanzmann auprès de moi me délivra de mon âge », raconte dans « La force des choses », l’écrivaine féministe Simone de Beauvoir tombée amoureuse à 44 ans du jeune Claude Lanzmann alors âgé de 27 ans.

Claude Lanzmann, décédé jeudi à l’âgé de 92 ans, est le seul homme avec lequel l’auteure du Deuxième sexe, toute sa vie libre et insoumise, a cohabité.

L’écrivaine eut une passion absolue pour Jean-Paul Sartre, elle vécut un amour torride avec l’écrivain américain Nelson Algren mais sa relation avec Claude Lanzmann fut unique.

Amants de 1952 à 1959, sans jamais le cacher à Sartre, Lanzmann et Beauvoir restèrent amis au-delà de leur histoire d’amour.

L’an dernier, au cours d’une conversation téléphonique avec un journaliste de l’AFP, l’écrivain expliquait qu’il allait voter Macron car le fait que le futur président vive avec une femme plus âgée, « ce qui n’est pas fréquent dans ce sens », lui rappelait son « amour avec Simone de Beauvoir ».

Dans ses mémoires, « Le lièvre de Patagonie », le cinéaste et écrivain se souvient de sa première rencontre avec l’auteure du Deuxième sexe dans les locaux des Temps Modernes, la revue créée après guerre par Sartre et où il fut rédacteur avant de devenir, jusqu’à sa mort, le directeur.

« Et Simone de Beauvoir. Nous y voilà. J’ai aimé aussitôt le voile de sa voix, ses yeux bleus, la pureté de son visage et plus encore celle de ses narines ».

« Quelque chose dans ma façon de la regarder, dans mon attention lorsqu’elle prenait la parole ou interrompait Sartre en l’appelant +vous autre+ devait lui signifier l’attrait qu’elle exerçait sur moi ».

– Invitation au cinéma –

La suite ressemble à une histoire d’adolescents. En juillet 1952 après la parution de son premier article (sous un pseudonyme) dans les Temps Modernes, le jeune Lanzmann prend son courage à deux mains et appelle Simone de Beauvoir pour l’inviter le soir même au cinéma.

Lanzmann raconte: « +Pour voir quel film?+, lui demande l’écrivaine. +N’importe lequel+, ce qui était une façon de lui signifier que le cinématographe n’était pas du tout le but de ma requête ».

Il n’y eut pas de séance de cinéma. Le jeune homme passa la soirée et la nuit dans le studio que Simone de Beauvoir occupait alors rue de la Bûcherie près de Notre-Dame.

« Je ne sais plus si nous dinâmes, ce qui advint après a occulté le reste. Je la pris dans mes bras, nous étions aussi émus et intimidés l’un que l’autre. Nous restâmes longtemps enlacés après avoir fait l’amour… ».

Le lendemain de cette première nuit, Beauvoir partit rejoindre Sartre en Italie tandis que Lanzmann prit le train pour Marseille avant de se rendre en Israël.

La relation entre Lanzmann et « Le Castor » dura sept ans. Durant leur liaison les deux amants échangèrent des lettres « d’amour fou ».

Au début de l’année, Claude Lanzmann a annoncé qu’il avait vendu les 112 lettres que lui avait adressées Beauvoir à l’université américaine de Yale.

En cédant ces lettres à une université qui possède déjà de nombreux manuscrits de Simone de Beauvoir, Claude Lanzmann expliquait qu’ainsi elles pourraient être un jour accessibles aux historiens et aux chercheurs curieux d’examiner une « exceptionnelle correspondance d’amour unique au monde ».

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