Les nouveaux parlementaires de l’ancienne guérilla des FARC ont fait leur entrée vendredi au Parlement colombien, dominé par la droite du président élu Ivan Duque, très critique à l’égard de l’accord de paix passé entre le gouvernement et les FARC.
« Voici, pour la première fois, cinq sénateurs et cinq représentants du parti Force alternative révolutionnaire commune, né du démantèlement et du désarmement des FARC (l’ex-guérilla au même acronyme: Forces armées révolutionnaires de Colombie, ndlr) », a déclaré le président sortant Juan Manuel Santos lors de l’installation du Parlement qui légiférera pour les quatre prochaines années.
« Mesdames et messieurs les parlementaires du parti FARC: maintenant que vous avez déposé les armes, maintenant que vous avez accepté de contribuer à la vérité et accepté la justice transitionnelle, maintenant que vous avez juré de respecter notre Constitution et les normes et principes de notre république: bienvenus dans ce temple de la démocratie! », a ajouté le président.
Si l’accord de paix de 2016, qui a mis fin à un demi-siècle de conflit, garantissait dix sièges au parti FARC (5 au Sénat, 5 à la Chambre des représentants), seuls sept étaient finalement occupés vendredi par les anciens guérilleros.
Le numéro deux des FARC, Ivan Marquez, ancien négociateur en chef de l’accord pendant les pourparlers à Cuba, n’a pas pris ses fonctions, arguant de la « défiguration » de l’accord de paix et en solidarité avec son camarade Jesus Santrich, détenu à Bogota et dont l’extradition est réclamée par les États-Unis pour trafic de drogue. Byron Yepes a lui refusé sa charge invoquant des problèmes de santé. L’avenir de leurs sièges n’est pas encore défini.
Parmi les présents se trouvaient les ex-chefs rebelles Carlos Antonio Lozada et Pablo Catatumbo, ainsi que deux femmes: Victoria Sandino et Sandra Ramírez, compagne de Manuel Marulanda, dit « Tirofijo », fondateur et commandant en chef des FARC, décédé en 2008 à 79 ans.
« La paix ouvre des possibilités de faire entendre des voix alternatives au Congrès de la République », a déclaré M. Lozada.
« Ce jour restera dans l’histoire comme le jour où les gens du peuple sont entrés au Congrès avec les hommes et les femmes de @FARC_EPueblo », a écrit sur Twitter Rodrigo Londoño, dit « Timochenko », le chef de l’ancienne guérilla.
M. Santos, qui quittera la présidence le 7 août, a demandé au Parlement de protéger le pacte de paix qui a abouti au désarmement de quelque 7.000 guérilleros et a déjà évité 3.000 morts: « Prenez soin de la paix qui naît ! (…) Parce que c’est le bien le plus précieux qu’une nation puisse avoir ».
Le sénateur Antanas Mockus, ancien maire de Bogota et opposant au président élu Duque, a quant à lui interrompu le discours du président sortant du Sénat… en montrant ses fesses. Acte de protestation dont il a le secret: en 1993, alors recteur de l’Université nationale de Bogota, ce philosophe et mathématicien de 66 ans avait déjà tombé culotte devant ses étudiants lors d’une assemblée houleuse.