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Colombie: Marquez, Santrich et El Paisa, radicaux des Farc qui reprennent les armes

Représentants de la ligne dure de l'ex-guérilla Farc, influents sur la troupe, Ivan Marquez, Jesus Santrich et Hernan Dario Velasquez…

Représentants de la ligne dure de l’ex-guérilla Farc, influents sur la troupe, Ivan Marquez, Jesus Santrich et Hernan Dario Velasquez ont annoncé leur retour aux armes après s’être marginalisés de l’accord de 2016 visant à clore plus d’un demi-siècle d’une guerre fratricide.

Bien que la plupart des 7.000 anciens rebelles se maintiennent dans la légalité pour se réinsérer à la société civile, la reprise de la lutte armée par une partie des Farc représente une menace pour la paix en Colombie.

Voici les trois hommes qui, dès le début des pourparlers en 2012, ont suscité des doutes quant à leur engagement envers la paix et dirigent ce nouveau soulèvement armé :

– Marquez, le leader –

Son véritable nom est Luciano Marin et avant de prendre les armes dans les années 1980, il a été séminariste, a étudié la philosophie et milité au sein de parti communiste.

Ivan Marquez, 64 ans, a été le chef de la délégation des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) aux négociations de paix, menées pendant quatre ans à Cuba avec le gouvernement du président centriste Juan Manuel Santos (2010-2018).

Il était alors le numéro deux de la plus ancienne guérilla du continent américain, derrière Rodrigo Londoño alias Timochenko, aujourd’hui président du parti Farc (Force alternative révolutionnaire commune) créé par les ex-rebelles.

Dans son livre « Révélations à la fin d’une guerre », le chef négociateur du gouvernement, Humberto de la Calle, affirme que la désignation de Marquez pour mener les pourparlers était une stratégie de Timochenko visant à le compromettre envers la paix en dépit de son scepticisme.

Il n’a jamais occupé son siège de sénateur octroyé dans le cadre du pacte, a disparu courant 2018 après avoir dénoncé le non respect de l’accord par le gouvernement, prenant la tête de la division du parti Farc.

Il assume aussi désormais la « continuation de la lutte guérillera en réponse à la trahison de l’Etat des accords de paix », a-t-il dit dans une vidéo diffusée jeudi, où il apparaît en treillis militaire entouré d’hommes et de femmes armés.

Sous son commandement, selon des analystes, pourraient se regrouper les dissidents des Farc, estimés à 2.300 par les services de renseignement militaire.

Admirateur du « libertador » latino-américain Simon Bolivar et de l’écrivain Gabriel Garcia Marquez, il fait l’objet de dizaines de mandats d’arrêt en Colombie et les Etats-Unis l’accusent de contrôler la production ainsi que la distribution de « tonnes » de cocaïne.

– Santrich, le bras droit –

Seusis Pausivas Hernandez ou Jesus Santrich, né en 1967, s’est fait connaître des Colombiens lors des pourparlers, par ses attitudes arrogantes et acerbes.

Sa situation judiciaire a motivé le retour à la clandestinité d’Ivan Marquez, dont il est le bras droit, et a exacerbé les critiques des opposants à l’accord.

Aveugle, Santrich a été arrêté en 2018 pour complot présumé d’expédition de cocaïne aux Etats-Unis. Détenu pendant un an, il a toujours clamé son innocence et dénoncé un « montage » judiciaire.

Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il a disparu depuis juillet dernier après avoir été remis en liberté sur ordre de la Cour suprême. Santrich, qui avait auparavant pris ses fonctions de député Farc, comme prévu par l’accord, apparaît sur la vidéo fusil en main et arborant son habituel keffieh palestinien.

Issu de parents professeurs, il a étudié le droit, s’est formé comme enseignant en sciences sociales et a milité au sein des jeunesses communistes, avant de prendre les armes à l’âge de 21 ans. Il aime peindre, réciter de la poésie et écrire.

M. De la Calle se souvient d’interminables discussions sur un mot ou un autre lors de la rédaction de l’accord.

– El Paisa, le dur –

Hernan Dario Velasquez Saldarriaga, dit El Paisa, s’est rendu célèbre pour la dureté de ses actions armées.

Il a commandé pendant plus de deux décennies la principale force d’élite des Farc, la colonne Teofilo Forero, et a été membre de la direction de la guérilla.

El Paisa fait l’objet de dix condamnations pour homicide et terrorisme, de 27 pour enlèvements et est accusé d’avoir été impliqué dans le pire attentat urbain de la guérilla, qui avait fait 36 morts et des dizaines de blessés en 2003 au Nogal, un club de la haute société à Bogota.

Avec Ivan Marquez, il a quitté à la mi-2018 la zone de réincorporation où tous deux se trouvaient dans le sud de la Colombie.

Le gouvernement accuse les trois hommes d’avoir trouvé refuge au Venezuela.

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