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Comores: l’armée entre dans la médina de Mutsamudu où sont retranchés les rebelles

Les forces comoriennes sont entrées samedi dans la médina de Mutsamudu, capitale de l'île d'Anjouan, où sont retranchés depuis cinq…

Les forces comoriennes sont entrées samedi dans la médina de Mutsamudu, capitale de l’île d’Anjouan, où sont retranchés depuis cinq jours des rebelles opposés au président Azali Assoumani, qui n’ont pas désarmé malgré l’offre d’impunité du gouvernement.

« L’armée a commencé à prendre position à l’intérieur de la médina depuis midi. Aucun coup de feu n’a été tiré, aucune maison fouillée. Les forces se contentent de sécuriser la médina pour que la population puisse y circuler librement », a annoncé à l’AFP le ministre de l’Education nationale, Mahamoud Salim Hafi.

Selon ce ministre, originaire d’Anjouan et qui mène depuis vendredi les négociations avec les opposants, « les rebelles sont toujours retranchés dans des maisons ».

Le ministre a rejeté toute idée d’assaut, redouté par la population civile. « On n’a pas besoin de lancer d’assaut », a-t-il affirmé.

« Je garantis qu’à partir de lundi la vie reprendra normalement son cours à Mutsamudu, l’administration fonctionnera normalement », a-t-il conclu.

Selon le ministre, qui mène depuis vendredi les négociations avec les rebelles, les opposants, au nombre d’une quarantaine, n’avaient toujours pas déposé leurs armes samedi matin malgré l’offre d’impunité en échange du désarmement faite vendredi par le gouvernement.

Les affrontements de cette semaine entre les rebelles et l’armée comorienne à Mutsamudu ont fait trois morts, selon les autorités, et au moins six personnes ont été grièvement blessées, d’après une source hospitalière à Mutsamudu.

Les autorités accusent le parti Juwa, de l’opposant et ancien président de l’archipel Abdallah Sambi, originaire d’Anjouan, d’être à l’origine des violences qui ont éclaté lundi quand les manifestants ont érigé des barricades et que les forces de l’ordre les ont démantelées.

Les opposants, qui accusent le président Assoumani de se comporter en dictateur « de république bananière » et de vouloir se maintenir au pouvoir, renvoient la responsabilité de la situation au gouvernement.

Vendredi un protocole d’accord enre gouvernement et l’exécutif d’Anjouan, parlant au nom des rebelles, prévoyait un désarmement des combattants en échange de l’impunité.

Le président Assoumani se disait « disposé à accorder l’impunité à toute personne civile qui remettra son arme aux autorités militaires » vendredi entre 6h du matin et 18h ». Le texte précise que « personne ne sera poursuivi » et que chacun « pourra partir librement vers la destination de son choix ».

Mais aucune arme n’a été encore remise aux notables locaux, servant d’intermédiaires.

« Qu’ils déposent les armes à l’endroit qu’ils veulent, à la mairie, n’importe où, partout où ils veulent, nous irons les chercher », a déclaré samedi matin le ministre de l’Education.

– Nuit calme –

La nuit de vendredi à samedi a été calme. Les barrages militaires ont été renforcés et toute personne qui s’en approchait était priée de s’éloigner.

L’un des trois signataires du texte, Abdallah Mohamed, secrétaire général de l’exécutif de l’île contrôlé par l’opposition, a été arrêté dans la nuit de vendredi, selon des proches.

Joint au téléphone, un haut fonctionnaire qui participait dès le début aux négociations ne se montrait pas très optimiste.

« Je ne suis pas spécialement optimiste. Ce n’est pas sûr que les négociations aboutissent, en tout cas pas dans les délais souhaités… On verra », a-t-il dit à l’AFP sous le sceau de l’anonymat.

Le climat politique s’est dégradé aux Comores depuis le référendum constitutionnel du 30 juillet dernier. Ce scrutin aux allures de plébiscite (92,74% de oui) a renforcé les pouvoirs du président Azaku Assoumani, l’autorisant à accomplir deux mandats successifs au lieu d’un.

Depuis 2001, la présidence était attribuée tous les cinq ans à un représentant de l’une des trois îles du pays (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli). Il était prévu qu’Anjouan prenne la prochaine présidence.

Mais le président Assoumani, ex-putschiste élu en 2016, a annoncé son intention d’organiser un scrutin présidentiel anticipé l’an prochain, ce qui lui permettrait de remettre les compteurs électoraux à zéro et de régner sur l’archipel, en cas de victoire, jusqu’en 2029.

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