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Comores: le référendum qui renforce les pouvoirs du président plébiscité à 92,74 %

Les Comoriens ont approuvé à une écrasante majorité de plus de 92% une réforme constitutionnelle très controversée qui permet au…

Les Comoriens ont approuvé à une écrasante majorité de plus de 92% une réforme constitutionnelle très controversée qui permet au président de briguer un deuxième mandat consécutif, selon les résultats officiels d’un référendum organisé lundi et boycotté par l’opposition.

« Je vous donne les résultats au niveau national. Oui: 172.240, soit 92,74%. Non: 13.338, soit 7,26% », a annoncé le président de la commission, Ahmed Mohamed Djaza, lors d’une conférence de presse à Moroni.

La participation au référendum, organisé dans le petit archipel de l’océan Indien à l’histoire politique mouvementée, est de 63,9%, a-t-il ajouté.

L’opposition, qui a jugé le référendum « illégal », a dénoncé un référendum fait « sur mesure » pour le président Azali Assoumani, un ancien putschiste élu en 2016 à la fonction suprême.

La réforme plébiscitée lundi renforce ses pouvoirs, en lui permettant de briguer deux mandats de cinq ans consécutifs, contre un seul actuellement, et en supprimant les trois postes de vice-président.

La réforme met aussi fin à la Cour constitutionnelle, plus haute instance judiciaire du pays, et fait de l’islam la « religion d’Etat » de ces îles de moins de 800.000 habitants, à 99% musulmanes.

L’opposition n’était pas joignable immédiatement après l’annonce définitive des résultats, mais dans la journée, alors que le « oui » était déjà largement en tête, elle avait crié au « trucage ».

« Quels résultats ! Un scrutin truqué, des chiffres préfabriqués, voilà la consultation populaire du président Azali », avait réagi le secrétaire général du parti Juwa, Ahmed el-Barwane, interrogé par l’AFP.

Le référendum s’est déroulé dans un climat tendu, alors que l’opposition dénonce les « abus de pouvoir » d’Azali Assoumani depuis des mois.

Plusieurs opposants ont été arrêtés, l’ex-président Ahmed Abdallah Sambi, grand rival d’Azali Assoumani, assigné à résidence et la Cour constitutionnelle suspendue cette année.

L’opposition avait décidé de ne pas faire campagne et appelé la population à ne pas se rendre aux urnes lundi.

Dans les nombreux bureaux de vote visités par les journalistes de l’AFP, les électeurs étaient peu nombreux, avec souvent moins d’un quart de votants une heure avant la fin du vote.

Un constat partagé par les observateurs de la Force en attente de la région Afrique de l’Est (EASF).

« Dans la plupart des bureaux visités, il y avait moins de 20 électeurs qui attendaient. Mais quand on repassait une heure plus tard, on constatait soudain un afflux de bulletins dans l’urne », a déclaré à l’AFP Jules Hoareau de la mission de l’EASF. « Cela n’a pas de sens », a-t-il ajouté.

Il a aussi dénoncé le fait que « dans tous les bureaux visités » par l’EASF, « les représentants des partis n’ont pas été autorisés à signer les procès-verbaux », ce qui met « en doute la crédibilité du processus électoral ».

– Pas d' »apocalypse » –

Le scrutin s’est déroulé généralement dans le calme. Seul un incident grave a été signalé à Moroni, où des urnes ont été détruites dans deux bureaux de vote et un gendarme grièvement blessé.

« L’apocalypse n’a pas eu lieu », a estimé le journal d’Etat Al-Watan dans son éditorial mardi.

Le président Azali, âgé de 59 ans et dont le mandat expire en 2021, avait prévenu qu’en cas de victoire du « oui, » des élections anticipées seraient organisées en 2019.

Maintenant que sa réforme a été adoptée, il pourra, à condition de remporter les élections, rester au pouvoir jusqu’en 2029.

Le référendum modifie la fréquence de la présidence tournante en vigueur depuis 2001, qui a permis de stabiliser les Comores, théâtre de nombreux coups d’Etat et de crises séparatistes depuis son indépendance de la France en 1975.

La Constitution établissait une présidence tous les cinq ans entre les trois îles formant l’Union des Comores (Grande-Comore, Mohéli et Anjouan).

Au terme de son mandat de cinq ans, le président ne pouvait pas se représenter immédiatement. Il devait attendre que ce soit le tour de son île pour briguer de nouveau la fonction suprême. Après l’adoption du référendum, cette disposition a sauté.

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