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Concentré de crises en couverture des journaux camerounais

Le moins que l'on puisse constater, à parcourir les journaux camerounais parus mardi, est que le moral n'est pas au…

Le moins que l’on puisse constater, à parcourir les journaux camerounais parus mardi, est que le moral n’est pas au beau fixe sur les plans politique, économique et social.C’est un bien curieux phénomène qui fait la principale manchette du quotidien à capitaux privés Mutations : l’abandon, de plus en plus fréquent par les familles, des corps dans les morgues des hôpitaux du pays.

La publication, face aux chambres de conservation des dépouilles qui débordent, tente de lier cette déplorable et nouvelle pratique à la pauvreté grandissante, mais surtout à la perte des valeurs africaines, au cœur desquelles se trouve l’humain qui, même mort représentait jadis une inestimable symbolique.

Une autre pratique pernicieuse qui prend corps au Cameroun, et que décrit avec gourmandise L’Épervier, la vague des hommes battus par leurs conjointes, une réalité méconnue, et pourtant grandissante dans les foyers.

Humiliés, honteux et pudiques, le sexe dit fort subit généralement ces violences conjugales en silence, contrairement à la gent féminine souvent prompte à hurler contre les maltraitances.

Ces martyres inavouables ne représentent sans doute rien à côté des «manœuvres inavouées» de certains dignitaires du régime, semble répondre en écho l’hebdomadaire Sans Détour à propos des batailles féroces en cours autour des retards accusés en terme de réalisation des infrastructures de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, initialement prévue cette année, puis repoussée à 2021 par la Confédération continentale de la discipline (CAF).

Il se passe, explique le journal qu’à l’heure d’établir les responsabilités de l’inertie, certains barons, confortablement installés à la présidence de la République, s’emploient à faire porter le chapeau à des membres du gouvernement tout en continuant d’entretenir leurs propres réseaux de prédation de la fortune publique.

Nommément indexé, le portrait du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, trône également en couverture de Le Point Hebdo sous les traits d’un «imposteur» qui, au cœur de la controverse, s’emploie désormais à bâillonner les médias ayant osé dénoncer ses sombres desseins.

Le pays va mal, soupire Émergence : alors que 150.000 personnes sont menacées de famine dans les régions septentrionales où la secte islamiste Boko Haram continue de sévir, dans le Nord-Ouest où les sécessionnistes anglophones dictent également leur loi, la prolongation du couvre-feu nocturne, par les autorités, a fini par avoir raison des nerfs d’une population meurtrie par près de 3 ans de conflit armé.

Et Le Jour de rappeler, reportage à l’appui, que la rentrée scolaire pour le compte du 3ème trimestre n’a pas eu lieu lundi en zone anglophone, où la vie s’écrit désormais en lettres de sang.

De la crise anglophone en particulier, et de la situation sociopolitique préoccupante du pays, en général, il en est question dans l’émouvante lettre, publiée par cet autre quotidien à capitaux privés, du leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), Maurice Kamto.

Interpellé en janvier dernier avec quelque 120 proches collaborateurs et sympathisants pour des faits, entre autres de «rébellion», «insurrection» et «hostilité contre la patrie» pour avoir contesté le «hold-up» électoral de la présidentielle du 7 octobre 2018, l’homme politique, du fond de sa cellule, s’adresse à ses codétenus et à ses compatriotes.

Ce sont des flèches empoisonnées qu’il décoche contre le régime de Yaoundé, constate Mutations ; «l’ensauvagement du régime Biya tue le Cameroun», traduit Le Messager alors que The Guardian Post se demande si le pays va suivre la voie de l’Algérie, du Burkina Faso, de l’Égypte, du Soudan, de la Tunisie ou encore du Zimbabwe où le peuple, en furie, a réussi à faire tomber des pouvoirs qualifiés de dictatoriaux.

Il ne faudrait pas oublier, renchérissent The Voice et The Info, que les pressions occidentales, et particulièrement celles des États-Unis, accusés d’ingérence mais qui sont aujourd’hui de nature à précipiter les choses.

«Déstabilisation : le Cameroun n’est pas le Soudan, encore moins l’Algérie», réplique sèchement l’Épervier : contrairement à Mohamed El-Bechir du Soudan, qui a pris le pouvoir par les armes, Paul Biya a été démocratiquement élu par son peuple et ne saurait de ce fait être comparé, par l’exécutif américain, comme un despote qui s’impose à la tête de son pays.

Sauf que, relativise Émergence, le climat est à ce point tendu que Paul Biya doit, «maintenant ou jamais», s’adresser à ses compatriotes égarés dans la forêt des crises multiformes.

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