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Conflits d’intérêts: deux candidats à la prochaine Commission sur la sellette

Le Parlement européen a bloqué jeudi la nomination des candidats hongrois et roumain dans la prochaine Commission, en raison de…

Le Parlement européen a bloqué jeudi la nomination des candidats hongrois et roumain dans la prochaine Commission, en raison de conflits d’intérêts présumés, une situation qui pourrait fragiliser d’autres commissaires, dont la Française Sylvie Goulard.

La social-démocrate roumaine Rovana Plumb et le Hongrois Laszlo Trocsanyi (PPE, droite) étaient auditionnés par la commission des « Affaires juridiques » du Parlement européen, chargée, selon la procédure de nomination des nouveaux commissaires, d’étudier leur déclaration d’intérêts.

Or, à l’issue de cette audition à huis clos, les eurodéputés ont refusé de leur accorder leur feu vert.

Et ils vont envoyer deux courriers à la présidente de la prochaine Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour exprimer « leur préoccupation » en matière de conflit d’intérêts.

Ce coup d’arrêt peut aller jusqu’à remettre en cause la nomination des deux candidats dans l’équipe de Mme von der Leyen, censée entrer en fonctions le 1er novembre.

La dirigeante allemande devait rencontrer le président du Parlement européen, David Sassoli, dans l’après-midi, pour faire un point sur la situation.

« Personne n’est capable de prédire ce qui va se passer à ce stade », a résumé Manon Aubry, députée de la Gauche unitaire européenne (GUE), membre de la commission des Affaires juridiques.

« Pour l’instant, cela signifie que la procédure est suspendue, mais cela ne veut pas forcément dire qu’un nouveau candidat doit obligatoirement être proposé », a précisé Mina Andreeva, la porte-parole de la Commission actuelle.

Concrètement, les deux candidats ne peuvent pas, pour le moment, passer à l’étape suivante de la procédure de nomination, à savoir l’audition –prévue la semaine prochaine– par la commission parlementaire en lien avec leur portefeuille.

Ils sont les seuls dans ce cas puisque les autres candidats ont, eux, reçu le sésame des eurodéputés.

– Pacte de non agression –

La remise en cause de ces deux candidats, une sociale-démocrate et un représentant du PPE, pourrait conduire ces deux partis à s’attaquer, en rétorsion, à un commissaire affilié aux Libéraux de Renew, le troisième grand groupe politique de l’UE.

Parmi eux figure notamment le Belge Didier Reynders, visé dans son pays par une enquête sur des allégations de corruption.

Mais la française Sylvie Goulard semble plus fragile encore, car sous le coup de deux enquêtes –l’une en France, l’autre de l’Office européen de lutte antifraude (Olaf)– dans l’affaire des emplois fictifs des assistants des eurodéputés Modem, qui l’avait contrainte à démissionner du gouvernement en 2017.

Elle a déjà accepté de rembourser 45.000 euros au Parlement concernant l’un de ses assistants.

Des questions se posent également autour d’un emploi généreusement rémunéré pour un think tank américain pendant deux ans et demi quand elle était eurodéputée.

« Ca la met dans une position de fragilité, parce qu’elle peut être associée à un paquet plus large », avait estimé mi-septembre l’eurodéputé français Pascal Canfin (Renew), craignant de voir capoter le pacte de non agression entre les trois grands partis européens.

– « Chasse aux sorcières  » –

Mme Plumb, qui brigue le portefeuille des Transports, est dans le viseur du Parlement européen pour deux prêts litigieux. « Elle a été très faible » durant son audition, a expliqué une source présente dans la salle.

« Je respecte la loi. Je suis aussi transparente que possible parce que je n’ai rien à cacher », avait-elle déclaré à l’issue de son audition, sans connaître la décision des eurodéputés.

« Nous avons dix recours possibles » pour remplacer Mme Plumb, a commenté le président de la Chambre des députés roumaine, Marcel Ciolacu (social-démocrate).

M. Trocsanyi, qui vise le portefeuille de l’Elargissement, a lui été interrogé sur ses liens avec le cabinet d’avocat qu’il a fondé en 1991, avant de devenir ministre de la Justice de Viktor Orban.

« Je n’ai perçu aucune rémunération de la part du cabinet d’avocats », depuis 2007, a-t-il affirmé dans un communiqué.

Un porte-parole du gouvernement hongrois a affirmé que M. Trocsanyi payait le fait d’avoir été ministre « lorsque la Hongrie a fermé les frontières aux migrants ».

Jozsef Szajer, un eurodéputé hongrois du Fidesz, le parti de M. Orban, a lui qualifié cette décision de « chasse aux sorcières politique ».

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