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Contestation sociale en Irak: la police disperse de nouvelles manifestations

Les forces de sécurité irakiennes ont dispersé par la force dimanche plusieurs rassemblements dans le pays, notamment à Bassora (sud),…

Les forces de sécurité irakiennes ont dispersé par la force dimanche plusieurs rassemblements dans le pays, notamment à Bassora (sud), épicentre de la contestation sociale, le Premier ministre Haider al-Abadi durcissant le ton au sujet des incivilités.

M. Abadi, qui s’était rendu vendredi à Bassora pour tenter d’apaiser la contestation et qui s’est engagé à débloquer des fonds, a dénoncé les violences entourant les manifestations, notamment contre les biens publics.

« Les Irakiens n’acceptent pas le chaos ni les attaques contre les forces de sécurité et les bâtiments publics et privés. Ceux qui font ça sont des vandales qui instrumentalisent les demandes des citoyens pour faire le mal », a-t-il affirmé, à l’issue d’une réunion à Bagdad avec des responsables de la sécurité et du renseignement.

Partie de Bassora, la grande ville du sud, il y a une semaine, cette contestation contre l’état délabré des services publics et le chômage a fait tâche d’huile. Samedi, des appels à une grande manifestation dans la capitale Bagdad ont émergé mais le mot d’ordre peine à circuler, l’internet restant coupé dimanche pour la deuxième journée consécutive.

Dans la ville de Bassora, chef-lieu de la province pétrolière du même nom, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui cherchaient à prendre d’assaut le siège du conseil provincial, en plein centre-ville, a rapporté un correspondant de l’AFP.

D’autres manifestants ont tenté de pénétrer dans le champ pétrolier d’Al-Zoubeir, au sud-ouest de la ville, mais ils ont été repoussés par les forces de sécurité à l’issue de heurts qui ont fait des blessés, selon ce correspondant, qui n’a pas été en mesure de fournir un bilan dans l’immédiat.

Dans la province de Bassora, c’est la mort d’un manifestant le 8 juillet qui a exacerbé la grogne. Celle-ci s’est ensuite étendue dans d’autres provinces, dont Najaf, Missane, Kerbala et Zi Qar.

Depuis cette date, trois personnes au total ont été tuées.

Face à l’extension du mouvement, le Premier ministre Haider al-Abadi a annoncé samedi soir une allocation immédiate de trois milliards de dollars pour la province de Bassora, outre des promesses d’investissement dans l’habitat, les écoles et les services.

– « En alerte » –

Mais les protestations se sont aussi poursuivies dimanche dans les provinces de Zi Qar, Najaf et Kerbala, où des affrontements avec la police ont fait des dizaines de blessés parmi le manifestants et les forces de police, ont rapporté les correspondants de l’AFP.

A Nassiriya, chef de la province de Dhi Qar, au moins 15 manifestants et 25 policiers ont été blessés dans les heurts, selon Abdel Mohsen al-Jabiri, adjoint au directeur du département de la santé.

Selon un communiqué de son bureau, le Premier ministre a appelé les services de sécurité « à se tenir en alerte car le terrorisme veut exploiter tout évènement ou conflit ». Mais il leur a ordonné « de ne pas faire usage de balles réelles sur des manifestants non armés ».

« Profiter des manifestations pour brûler des bâtiments publics, couper des routes, enflammer des pneus et attaquer les forces de sécurité est une tentative de renvoyer le pays en arrière », a-t-il plaidé, assurant que « des éléments du crime organisé » se tenaient « prêts à susciter le chaos ».

Le service de presse du gouvernement à Bagdad a par ailleurs indiqué dans un communiqué que « le Premier ministre avait ordonné la réouverture de l’aéroport de Najaf ».

Le bâtiment a été fermé après son envahissement vendredi par des dizaines de manifestants irakiens et des compagnies aériennes, dont la Royal jordanian, Fly Dubai et Oman Air, ont annoncé la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de leurs vols à destination de cette ville sainte chiite située au sud de Bagdad.

La plus haute autorité chiite d’Irak, l’ayatollah Ali Sistani, a apporté vendredi son soutien aux manifestants, tout en les appelant à éviter les désordres et les destructions.

En 2015, un mouvement de protestation animé principalement par le dirigeant chiite Moqtada Sadr avait été lancé contre la corruption et la vétusté des services publics, avant de perdre de l’ampleur.

Officiellement, 10,8% des Irakiens sont sans emploi. Dans un pays où 60% de la population a moins de 24 ans, le chômage est deux fois plus élevé parmi les jeunes.

En Irak, le secteur des hydrocarbures assure 89% des ressources budgétaires et même 99% des exportations, mais il ne représente que 1% des emplois.

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