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Coronavirus: l’angoissante attente des étrangers encore bloqués à Wuhan

Enceinte et prisonnière d'une crise sanitaire mondiale: la Thaïlandaise Aphinya fait partie des milliers d'étrangers encore bloqués à Wuhan, tandis…

Enceinte et prisonnière d’une crise sanitaire mondiale: la Thaïlandaise Aphinya fait partie des milliers d’étrangers encore bloqués à Wuhan, tandis qu’une dizaine de pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants de la ville chinoise sinistrée, épicentre de l’épidémie de coronavirus.

Pour éviter la propagation du 2019-nCoV, qui a déjà fait 170 morts en Chine, les autorités chinoises ont placé le 23 janvier Wuhan et d’autres agglomérations de la province de Hubei (centre) en quarantaine.

Depuis, la métropole de 11 millions d’habitants a pris des allures de ville fantôme avec ses gares et aéroports vidés, ses rues désertes et ses magasins fermés. Situation d’une ampleur inédite, des millions d’habitants sont cloîtrés chez eux, parmi lesquels de nombreux étrangers.

Les Etats-Unis et le Japon ont commencé à rapatrier leurs citoyens. La Corée du Sud, la Grande-Bretagne et la France ont annoncé des évacuations imminentes. Mais d’autres pays, à l’image de la Thaïlande, n’ont donné aucun calendrier.

« Je me sens blessée, j’ai l’impression qu’ils ne se soucient pas de nous », raconte à l’AFP Aphinya Thasripech, 32 ans, enceinte de deux mois.

« Je pourrais mourir de faim, je pourrais aussi être infectée et mourir », s’inquiète la jeune femme, qui craint pour la santé du foetus.

Ouvrière dans une usine thaïlandaise, elle est arrivée en Chine le 16 janvier pour épouser un ressortissant chinois et s’est retrouvée coincée. Cloîtrée depuis sept jours, l’angoisse ne cesse de monter.

– Citoyen de seconde zone –

D’autant que le gouvernement thaïlandais est toujours dans l’attente d’un feu vert de Pékin.

Badeephak Kaosala, un Thaïlandais de 23 ans également bloqué dans la ville fantôme, se sent comme un citoyen de seconde zone.

La Chine a « autorisé tant d’autres pays » à évacuer leurs citoyens. « Nous sommes vraiment déprimés », relève l’étudiant en médecine qui s’est barricadé dans son dortoir.

Quand il se risque hors de sa chambre, il porte une couche supplémentaire de vêtements qu’il lave immédiatement une fois rentré. Et ses provisions diminuent, relate-t-il.

« La peur et la frustration » gagnent aussi la communauté pakistanaise de Wuhan, relève la Pakistanaise Ruqia Shaikh, 33 ans, qui rendait visite à des amis lorsque la ville a été verrouillée.

Quelque 500 étudiants du Pakistan se trouvent dans la métropole et quatre cas de coronavirus ont déjà été diagnostiqués, d’après un responsable à Islamabad.

Ceux qui ont les moyens et de la famille veulent rentrer chez eux, d’autres préfèrent rester sur place, n’ayant pas confiance dans le système de santé pakistanais.

« Notre pays n’est pas capable de traiter le coronavirus », estime Ruqia.

Fadil, doctorant indonésien, souhaite lui désespérément partir.

« Nous voulons sortir d’ici (…) Seuls les imbéciles voudraient rester », soupire-t-il.

D’autres implorent sur les réseaux sociaux leur gouvernement de faire le nécessaire au plus vite.

« J’ai tellement mal à la tête à force de pleurer. Je ne dors plus de la nuit », écrit sur Facebook Khin Thiri Thant Zin, un interne birman de l’hôpital de Wuhan. « Quand allons-nous enfin rentrer? »

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