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Corruption en Argentine: la justice enquête sur des investissements aux Etats-Unis

Le scandale des pots-de-vin versés au gouvernement Kirchner continue vendredi d'agiter l'Argentine, la justice s'interrogeant notamment sur 65 millions de…

Le scandale des pots-de-vin versés au gouvernement Kirchner continue vendredi d’agiter l’Argentine, la justice s’interrogeant notamment sur 65 millions de dollars (56 millions d’euros) investis aux Etats-Unis par Daniel Munoz, ex secrétaire particulier du président Nestor Kirchner.

L’Unité d’information financière (UIF) s’intéresse aux biens détenus à Miami par Daniel Munoz, soupçonné d’enrichissement illicite, par le biais de sociétés off-shore.

L’UIF estime qu’ils font partie des 160 millions de dollars (137 millions d’euros) de pots-de-vin récoltés par des hauts fonctionnaires, selon une estimation du procureur Carlos Stornelli.

Depuis mercredi, 16 hauts fonctionnaires ou chefs d’entreprises ont été interpellés et conduits au tribunal, menottes aux poignets, pour être interrogés par le juge Claudio Bonadio, en charge de l’affaire dite des .

Les noms des 16 suspects apparaissaient dans les cahiers d’Oscar Centeno: le chauffeur de Roberto Baratta, numéro 2 du ministère de la Planification, chargé des Travaux publics. Celui de Daniel Munoz y figure aussi, mais il est décédé en 2016.

Dans ces cahiers, M. Centeno détaille les dates et lieux des remises de sacs d’argent provenant de pots-de-vin versés par des entreprises en échange de marchés publics.

Pour la première fois en Argentine, des patrons de grandes sociétés de BTP sont dans le viseur de la justice.

Vendredi, c’était au tour de Juan Carlos De Goycochea, directeur de la société espagnole Isolux Corsan, qui a construit une centrale électrique en Patagonie.

Pendant les années Kirchner, le ministère de la Planification était un centre névralgique de la corruption.

Le titulaire à l’époque de ce ministère, Julio De Vido, est en prison pour une affaire de corruption, tout comme un autre vice-ministre, José Lopez, pris en flagrant délit en train de dissimuler près de 9 millions de dollars (7,7 millions d’euros) en liquide dans un couvent près de Buenos Aires.

Après les politiciens, combien d’autres patrons vont-ils tomber ?

« Certains commencent à avoir peur de se retrouver derrière les barreaux. Du temps de Kirchner, si tu voulais faire du business avec l’Etat, tu n’avais pas le choix, il fallait verser 15%, puis ensuite c’est passé à 30% de pots-de-vin », a confié à l’AFP un avocat d’affaires sous couvert d’anonymat.

« Le nombre de chefs d’entreprise mis en cause est élevé, et d’autres vont apparaître. C’était un système. Le mécanisme a tenu pendant 10 ans », estime Marcos Novaro, du Centre pour l’ouverture et le développement en Amérique latine (Cadal).

– « Lava Jato argentin » –

Pour lui, cette affaire est « semblable au Lava Jato » (« lavage express », nom d’un scandale tentaculaire de corruption au Brésil qui éclaboussé la classe politique) et « peut atteindre directement l’ex-présidente, au domicile de laquelle étaient déposés des sacs d’argent. Ou se diluer comme d’autres scandales si la justice ne fait pas bien son travail ».

En Argentine, Cristina Kirchner, 65 ans, est la principale figure de l’opposition au président Mauricio Macri et pourrait briguer un troisième mandat lors de la présidentielle d’octobre 2019.

Comme sénatrice, elle jouit d’une immunité parlementaire qui la met à l’abri de toute incarcération. Elle peut néanmoins être mise en examen, convoquée et interrogée par un magistrat, jugée et condamnée.

Elue en 2017, son mandat la protège jusqu’en 2023. Le 13 août, elle devra s’expliquer devant le juge Claudio Bonadio, qui la considère comme le chef de ce réseau de corruption.

Lors d’un conseil des ministres, Mauricio Macri a déclaré: « s’il y a des chefs d’entreprise qui doivent tomber, qu’ils tombent ».

« La justice doit déterminer la véracité de ces déclarations et démontrer qu’il n’y a pas d’impunité », a-t-il déclaré vendredi lors d’une réunion publique.

Alors que les détenus avaient présenté des demandes de remise en liberté, le procureur Carlos Stornelli les a rejetées.

Pour le journaliste de La Nacion Diego Cabot, qui a reçu les cahiers et révélé le scandale, il ne s’agit que du début d’une longue série de révélations.

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