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Corruption, violence, pauvreté au Mexique: des électeurs évoquent leurs priorités

Une mère d'un étudiant disparu, un migrant expulsé des États-Unis, un membre d'un groupe d'autodéfense ou encore une professeure de…

Une mère d’un étudiant disparu, un migrant expulsé des États-Unis, un membre d’un groupe d’autodéfense ou encore une professeure de yoga: neuf électeurs mexicains, interrogés par l’AFP, témoignent de leurs attentes avant le scrutin historique de dimanche, marqué par un niveau de violence inédit.

Roberto Vivar, 62 ans, votera pour la première fois dimanche – mais il ne sait pas encore pour qui – car il a vécu presque toute sa vie aux États-Unis avant d’en être récemment expulsé. Après ce « changement très brutal », il a dû démarrer une nouvelle vie à Tijuana, au nord du Mexique, en face de San Diego (Etats-Unis). Il espère « un gouvernement qui travaillera pour le peuple, qui donnera aux gens l’opportunité d’avoir une vie décente », mais se dit pessimiste. Selon lui, aucun candidat n’a « proposé un programme qui puisse aider le peuple, et aider les compatriotes expulsés » comme lui des Etats-Unis.

Pour Cristina Bautista, 36 ans, mère de l’un des 43 étudiants d’Ayotzinapa disparus en 2014, « les élections ne sont pas importantes » car « la seule chose que nous voulons, c’est qu’on nous ramène nos enfants vivants ». Elle refuse de dire pour qui elle va voter, mais elle prévient le futur président: « Qu’il n’oublie pas le cas d’Ayotzinapa, qu’il garde à l’esprit qu’il faut aboutir à la vérité, que l’on sache où se trouvent nos enfants ».

Catalina Gonzalez, 37 ans, indigène de la tribu Tarahumara, espère du futur gouvernement qu’il réduise la violence dans sa région de Ciudad Juarez, à la frontière des États-Unis. POur la jeune femme, qui vend de l’artisanat dans un quartier populaire, le plus urgent dans son quartier est d’ouvrir un lieu où les enfants reçoivent gratuitement un petit-déjeuner le matin avant d’aller à l’école.

Francisco Marchain, qui guide les touristes lors de balades en barque à la rencontre des flamants roses du Yucatan (est), délore que « tous ceux qui font de la politique gagnent des millions de pesos », alors que la pauvreté est l’un des plus gros problèmes du pays. Bien que le Yucatan soit l’une des rares régions encore à l’abri des violences criminelles, il considère que l’insécurité sera l’un des principaux défis du prochain président. « Certains Etats du pays vivent l’enfer ». Il est bien décidé à donner une « opportunité » au candidat de gauche, Lopez Obrador.

Adriana Ferrer, professeure de yoga dans le quartier branché de la Condesa à Mexico, votera pour le candidat du PRI José Antonio Meade. « Je suis mieux informée que de nombreux Mexicains, je sais qu’il est intelligent et qu’il veut le bien du Mexique. Ça m’ennuie qu’il soit du PRI, mon vote n’est jamais allé au PRI auparavant », dit cette femme de 42 ans, mère de deux enfants. Le prochain gouvernement devra lutter contre la corruption et l’insécurité, et chercher à apporter un meilleur niveau de vie pour tous, selon elle.

Alejandro Hernandez, 37 ans, penche plutôt pour le candidat de gauche Lopez Obrador. Depuis son quartier poussiéreux de Ciudad Juarez, il aperçoit la clôture métallique qui marque la frontière avec les États-Unis, et au-delà les immeubles modernes de la ville américaine de Sunland Park. « J’aimerais que dans 10 ans tout ici soit pavé, qu’il y ait un parc, et que nous soyons bien ici », rêve-t-il. Le jeune homme, qui vit de pourboires en aidant les automobilistes à se garer, a prêté peu d’attention aux promesses de Donald Trump de construire un grand mur à la frontière qui passerait près de chez lui. « Ici nous avons trop de problèmes pour nous préoccuper de son mur », dit-il.

Gildardo Vazquez, 41 ans, membre de la police communautaire d’Apaxtla, dans l’Etat de Guerrero (sud), un des Etats les plus violents du pays, votera dimanche pour Lopez Obrador parce qu’il est à la recherche d’une « option différente ». « Tous les problèmes que connaît le Mexique découlent de l’insécurité et de la corruption », dit-il, depuis un poste de surveillance dans ces montagnes où plusieurs groupes criminels s’affrontent pour le narcotrafic. Que le futur président « ne nous déçoive pas », implore-t-il, car « jusqu’à présent nous avons eu droit qu’à des mensonges ».

Le père Javier Calvillo, qui dirige un refuge pour migrants à la frontière américaine, à Ciudad Juarez, préfère taire le nom du candidat de son choix. Le futur élu devra « agir pour l’amour des Mexicains », juge le prélat, pour qui les principaux défis à relever sont la corruption, les difficultés économiques et une question migratoire « qui nous affecte tous ».

Pour Miguel Angel Cuevas, conducteur de train à Guadalajara, le nouveau gouvernement doit « lancer de grands travaux » comme de nouvelles foies ferrées, afin que « les grandes villes mexicains puissent se tourner vers l’extérieur ». Il aurait préféré entendre « moins d’insultes durant la campagne et davantage de propositions », regrette-t-il.

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