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Côte d’Ivoire: le nouveau « parti unifié » lancé, Alassane Ouattara président

Le nouveau "parti unifié" du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a été lancé lundi en…

Le nouveau « parti unifié » du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a été lancé lundi en Côte d’Ivoire, avec à sa tête le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, à deux ans de la prochaine élection présidentielle.

« L’assemblée générale constitutive » du nouveau mouvement s’est tenue dans l’après-midi dans un grand hôtel d’Abidjan. Les délégués de plusieurs partis politiques et des personnalités favorables au nouveau parti unifié en ont adopté « à l’unanimité » les statuts après une heure de débat, et désigné sans surprise comme leader M. Ouattara, qui était le seul candidat déclaré, selon un communiqué.

Dans une deuxième étape, un « congrès constitutif » entérinera la création du RHDP d’ici à la fin de l’année, selon un responsable. Plusieurs milliers de militants et de jeunes ont été convoyés par autocars pour l’occasion.

Lancé une semaine après un remaniement ministériel, le RHDP regroupe le Rassemblement des Républicains (RDR), la formation du président Ouattara, l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI – six députés), présidée par Albert Toikeusse Mabri, et des personnalités d’autres partis.

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’un des deux grands partis de la coalition au pouvoir, a refusé de se joindre au RHDP, mécontent des termes de l’alliance proposée. Il exigeait comme préalable à l’union qu’une personnalité issue de ses rangs soit le candidat unique du RHDP à la prochaine présidentielle. Ce que le RDR a refusé, bien que le PDCI ait soutenu M. Ouattara aux précédents scrutins présidentiels de 2010 et 2015.

Cependant un certain nombres d’élus et de cadres du PDCI ont choisi d’adhérer au RHDP. Une douzaine d’entre eux ont été nommés ministres dans le nouveau cabinet.

Parmi les délégués présents, on apercevait quelques chemises vertes siglées PDCI, malgré l’interdiction formulée par le président du PDCI, Henri Konan Bédié.

« Moi je veux le rassemblement. Il faut poursuivre les discussions entre les deux présidents (Bédié et Ouattara). On ne veut pas retomber dans la violence », a expliqué à l’AFP Guy Kanga, secrétaire d’une section PDCI à Bouaké, la deuxième ville ivoirienne, faisant allusion à la décennie de crise politico-militaire dans les années 2000.

Des personnalités se revendiquant de trois autres petits partis politiques ont également rejoint le RHDP : l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI, 3 députés), le Mouvement des forces d’avenir (MFA) et le Parti ivoirien des travailleurs (PIT).

– Situation confuse –

La situation est confuse pour ces trois petits partis. Leurs congrès se sont prononcés contre l’union avec le RHDP, mais des dissidences sont apparues ensuite, avec des tentatives de putsch en interne, qui font l’objet de procédures en justice.

Des manoeuvres téléguidées par le pouvoir, accusent les dirigeants de ces partis, ce que réfute le RDR. Certains de ces « dissidents » ont été nommés au gouvernement.

« Il est difficile de parler de grand parti unifié, puisque le RDR se retrouve avec des partis satellites ne représentant que quelques pourcents de l’électorat », commente le politologue Sylvain N’Guessan, directeur de l’institut de stratégie d’Abidjan. « Ce n’est pas ce dont rêvait le président Ouattara. Il a attiré des décideurs du PDCI, mais la base de ce parti reste réfractaire ».

Le RHDP « crée une confusion dans l’arène politique ivoirienne. Le RHDP peut-il exister sans le PDCI? », estime Pierre Dagbo Gode, professeur de sciences politiques à l’Université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan. « Dans ces conditions, personne ne pourra gagner l’élection présidentielle au premier tour » en 2020.

Même si l’opposition du Front Populaire Ivoirien (FPI) est affaiblie et divisée. Laurent Gbagbo, le chef historique du troisième grand parti ivoirien, est en effet emprisonné et en procès devant la Cour pénale internationale à La Haye, accusé de crimes contre l’humanité lors de la tragique crise post-électorale de 2010-11. Son parti est désormais divisé en deux tendances rivales.

Autre inconnue pour l’avenir politique du pays, les ambitions de Guillaume Soro, le président RDR de l’assemblée nationale, qui était absent à la grand-messe du RHDP, pour cause de déplacement au Canada.

Réputé en froid avec Alassane Ouattara, l’ex-chef de la rébellion (2002-2011) et ex-Premier ministre, à qui l’on prête des ambitions présidentielles, s’est placé en retrait depuis plusieurs mois, avec l’objectif de se donner une posture de rassembleur. De manière sibylline, il s’est dit favorable au RHDP, mais sans rompre avec le PDCI.

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