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Cour suprême: l’accusatrice du juge Kavanaugh va-t-elle témoigner devant le Sénat?

Le bras de fer politique autour de la confirmation du juge Brett Kavanaugh, nommé par Donald Trump pour siéger à…

Le bras de fer politique autour de la confirmation du juge Brett Kavanaugh, nommé par Donald Trump pour siéger à la Cour suprême, ne cesse de s’intensifier alors que les détails de l’audition devant le Sénat d’une femme qui l’accuse d’agression sexuelle restent flous.

Christine Blasey Ford, une universitaire de 51 ans, affirme que le juge Kavanaugh, 53 ans, l’a agressée lors d’une soirée arrosée entre adolescents au début des années 1980 dans la banlieue de Washington, ce que le magistrat nie vigoureusement.

Devant l’onde de choc provoquée par ces accusations, elle a accepté de témoigner devant le Sénat pour faire la lumière sur cette affaire.

La date précise de son audition reste cependant encore à déterminer et est l’objet de nombreuses tractations.

Le président de la commission judiciaire du Sénat, Charles Grassley, lui a ainsi adressé un nouvel ultimatum vendredi soir, lui laissant jusqu’à 22h00 locales (02h00 GMT samedi) pour s’engager à témoigner mercredi.

Si elle ne le fait pas, a-t-il menacé, la commission judiciaire pourra voter dès lundi sur la confirmation du juge.

« Nous ne pouvons pas continuer à repousser le vote », a-t-il martelé.

Les républicains semblent en effet décidés à avancer vite, alors qu’elle ne souhaite pas témoigner avant jeudi.

L’enjeu pour eux est de confirmer le magistrat avant les élections parlementaires de début novembre.

« Dans un futur très proche, le juge Kavanaugh siègera à la Cour suprême », a assuré vendredi leur numéro un au Sénat Mitch McConnell.

– 30 ans de silence –

Signe de l’intensification des échanges autour de cette confirmation, Donald Trump a attaqué frontalement Christine Blasey Ford vendredi, s’étonnant de son silence pendant plus de trente ans.

« Si les attaques avaient été aussi graves que ce que dit le Dr Ford, il y aurait eu une plainte d’elle ou de ses parents aimants », a tweeté le président Trump, affichant pour la première fois aussi clairement ses doutes sur la crédibilité de la chercheuse en psychologie.

Ce message a immédiatement suscité une levée de boucliers. Donald Trump manifeste sa profonde « incompréhension » du « traumatisme » des victimes, a ainsi taclé le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer.

Selon le ministère de la Justice, près de 325.000 personnes ont été victimes de viol ou d’agression sexuelle en 2016 mais seuls 22,9% des cas ont été rapportés à la police.

Sur Twitter, de nombreuses internautes ont expliqué sous le hashtag #WhyIDidntReport (« Pourquoi je n’ai pas porté plainte ») s’être tues après des agressions par « peur », parce qu’elles pensaient que c’était de leur faute ou qu’on ne les croirait pas.

Le président Trump, pourtant prompt à rembarrer ceux qui se dressent sur son chemin, n’avait jusqu’ici pas critiqué nommément Mme Blasey Ford.

La Maison Blanche avait concentré ses flèches sur les démocrates, les accusant d’instrumentaliser cette affaire pour retarder la nomination du magistrat conservateur.

Restée muette pendant des années, Mme Blasey Ford avait adressé en juillet une lettre confidentielle à une élue démocrate pour accuser le juge Kavanaugh, dont le nom commençait à circuler pour la Cour suprême. Mais son courrier n’a été transmis au FBI que la semaine dernière.

– 200.000 dollars –

Suite à des fuites, Mme Blasey Ford a décidé de sortir de l’ombre dans une interview publiée dimanche.

Elle y raconte comment le jeune Kavanaugh, accompagné d’un ami, tous les deux « complètement ivres », l’aurait coincée dans une chambre et plaquée sur un lit lors d’une soirée d’été au début des années 1980. Il aurait tenté de la déshabiller, avant qu’elle ne parvienne à fuir.

Dès le lendemain, les sénateurs, qui ont pour mission de valider les nominations à vie à la Cour suprême, ont convoqué les deux protagonistes pour une audition devant leur commission judiciaire.

Le juge Kavanaugh s’est immédiatement dit prêt à venir défendre son honneur. Après quatre jours d’hésitation, Mme Blasey Ford a fait savoir qu’elle souhaitait être entendue, mais à certaines conditions.

Elle souhaite notamment que sa sécurité soit assurée. Depuis qu’elle est sortie de l’anonymat, elle assure avoir reçu des « menaces de mort » et avoir dû quitter son domicile en Californie.

Plus de 200.000 dollars ont été levés en 48 heures via une plate-forme sur internet pour l’aider à assumer les coûts de sa sécurité, a expliqué à l’AFP Heidi Feldman à l’origine de cette initiative.

Au-delà du jeu politique, la nomination à vie du magistrat pourrait placer les juges progressistes ou modérés en minorité pour de longues années à la Cour suprême, arbitre des grandes questions qui divisent la société américaine (mariage homosexuel, armes à feu, droit à l’avortement…).

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