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Cour suprême: Trump confiant malgré les accusations visant son candidat

Le président américain Donald Trump s'est montré confiant lundi sur la confirmation de son candidat à la Cour suprême, Brett…

Le président américain Donald Trump s’est montré confiant lundi sur la confirmation de son candidat à la Cour suprême, Brett Kavanaugh, en dépit des accusations d’agression sexuelle, qui remontent aux années 80, le visant.

« Je suis certain que cela va bien se passer », a déclaré M. Trump, au moment où le feu vert du Sénat, qui semblait acquis, pourrait être remis en question par ce développement de dernière minute.

Evoquant la possibilité d’un léger retard dans le processus, le locataire de la Maison Blanche a, dans une réponse plutôt mesurée, souligné qu’il était important que « tout le monde » soit entendu et que le processus soit « parfait ».

Le juge Kavanaugh, qui conteste avec énergie les faits qui lui sont reprochés, a-t-il, face à la polémique, proposé de retirer sa candidature? « Quelle question ridicule »!, a tranché M. Trump, couvrant d’éloges ce « juge extraordinaire, respecté par tous ».

Christine Blasey Ford, professeure de psychologie à l’université, affirme avoir été sexuellement agressée lors d’une soirée au début des années 1980 par Brett Kavanaugh alors scolarisé dans un lycée privé dans la proche banlieue de Washington.

Cette femme de 51 ans s’est dite prête à témoigner devant le Sénat, tout comme le juge de 53 ans qui a immédiatement fait savoir qu’il se tenait lui aussi disponible afin de défendre son honneur.

– Nomination à vie –

Ce spectaculaire rebondissement intervient dans une société sensibilisée à la thématique des violences sexuelles depuis l’éclosion du mouvement #Metoo, qui a fait tomber des dizaines d’hommes de pouvoir en un an.

L’enjeu est de taille: la nomination à vie du magistrat conservateur placerait en effet les juges progressistes ou modérés en minorité pour de longues années à la Cour suprême, juridiction qui arbitre les questions fondamentales de société aux Etats-Unis (droit à l’avortement, armes à feu, droits des minorités…).

Depuis des semaines, les démocrates ont déployé toute leur énergie pour ralentir le processus de confirmation au Sénat qui, selon la Constitution américaine, a le dernier mot sur les candidats désignés par le président.

Leur but? Repousser le vote après les élections parlementaires de novembre, qui, espèrent–ils, pourraient faire perdre leur courte majorité sénatoriale aux Républicains (51-49).

Mais leurs efforts sont pour l’instant restés vains. Un vote en commission sénatoriale est prévu jeudi sur la confirmation de Brett Kavanaugh, avant le vote final en séance plénière dans la foulée.

Dans un entretien au Washington Post, Christine Blasey Ford a raconté la soirée. Brett Kavanaugh et un ami, « complètement ivres », l’auraient coincée dans une chambre et le jeune Kavanaugh l’aurait maintenue de force sur un lit, avant de se livrer à des attouchements et d’essayer de la déshabiller. Elle dit avoir pu se dégager de son étreinte et quitter la pièce.

– « Devoir civique » –

Après 36 ans de silence, la professeure de psychologie, a décidé de parler. « J’estime désormais que mon devoir civique pèse plus lourd que mon angoisse et ma terreur face à des représailles », a expliqué l’enseignante, par ailleurs électrice démocrate.

Mme Ford « mérite d’être entendue », a estimé Chuck Grassley, président de la commission judiciaire du Sénat en charge du dossier. Mais le républicain ne fait aucune mention d’une nouvelle audition et propose des entretiens par téléphone avec M. Kavanaugh et son accusatrice.

Tonalité différente chez Susan Collins, élue républicaine modérée dont la voix est cruciale pour la confirmation de Brett Kavanaugh: « La Professeure Ford et le juge Kavanaugh devraient tous deux témoigner sous serment devant la commission judiciaire », a tweeté la sénatrice du Maine.

Les dix sénateurs démocrates de la commission judiciaire ont demandé dans un courrier au président de leur commission que leurs travaux soient suspendus le temps que le FBI mène une enquête « complète » et « professionnelle ».

Cette affaire renvoie à la nomination d’un autre juge suprême Clarence Thomas, qu’une ancienne collègue avait accusé de harcèlement sexuel lors d’une audition devant la commission sénatoriale en 1991.

Dénonçant une cabale raciste, le magistrat avait nié ces allégations et la commission avait choisi de le croire. Il est aujourd’hui le seul Noir à siéger à la Cour suprême.

Vendredi son ancienne accusatrice, qui avait subi un interrogatoire difficile devant les sénateurs, a espéré que le processus soit plus « juste » pour Christine Blasey Ford.

« J’ai vécu ce qu’il se passe quand une procédure se retourne contre l’accusatrice, et personne ne devrait vivre cela à nouveau ».

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