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Cour suprême: Trump met la pression sur l’accusatrice de son candidat

Donald Trump veut que son candidat à la Cour suprême soit confirmé sans délais: le président américain a appelé la…

Donald Trump veut que son candidat à la Cour suprême soit confirmé sans délais: le président américain a appelé la femme qui accuse ce dernier d’agression sexuelle à s’exprimer comme prévu lundi devant le Sénat, jugeant que le processus ne pouvait s’éterniser.

Le feuilleton à rebondissements de la confirmation du juge conservateur Brett Kavanaugh à la plus haute juridiction des Etats-Unis s’est enrichi d’un nouvel épisode.

Christine Blasey Ford, universitaire de 51 ans, qui affirme avoir été agressée sexuellement par ce dernier lorsqu’elle était au lycée, a demandé une enquête préalable de la police fédérale avant d’être auditionnée par le Congrès.

Le locataire de la Maison Blanche, qui espère, comme les élus républicains du Congrès, boucler ce dossier avant les élections parlementaires du 6 novembre, estime qu’une enquête du FBI n’est pas nécessaire.

« J’aimerais vraiment voir ce qu’elle a à dire (…) Si elle se présente, ce serait formidable. Si elle ne se présente pas, ce serait regrettable », a déclaré Donald Trump mercredi matin depuis les jardins de la Maison Blanche.

L’enjeu de la bataille en cours à Washington est de taille: la nomination à vie du magistrat conservateur placerait en effet les juges progressistes ou modérés en minorité pour de longues années à la Cour suprême.

La très prestigieuse haute cour, dont la mission première est de veiller à la constitutionnalité des lois, est, de fait, l’arbitre des grandes questions de société qui divisent la société américaine, du droit à l’avortement à l’encadrement de l’usage des armes à feu en passant par le mariage homosexuel.

« Si elle fait une prestation crédible, ce sera intéressant et nous devrons prendre une décision », a encore dit M. Trump, avant de réaffirmer sa confiance, mais aussi sa sympathie, pour le juge Kavanaugh.

« La seule chose que je puisse dire est que c’est un homme extraordinaire, il est très difficile pour moi d’imaginer qu’il se soit passé quoi que ce soit », a poursuivi le milliardaire républicain, réaffirmant qu’il s’agissait d’une « rude épreuve pour lui et sa famille ».

– « Menaces de mort » –

Selon ses avocats, Christine Blasey Ford a « été la cible d’un harcèlement féroce et même de menaces de mort » depuis que son nom est devenu public.

« Sa famille a été obligée de quitter sa maison. Son compte email a été piraté », ont-ils affirmé dans un courrier envoyé mardi au sénateur républicain Chuck Grassley, chef de la commission judiciaire du Sénat.

Dans sa réponse écrite, ce dernier a exclu tout report de l’audition.

Réaffirmant sa volonté de donner à Mme Ford l’occasion de raconter son histoire devant le Sénat « et, si elle le souhaite, devant le peuple américain », il aussi souligné que le rendez-vous de lundi, au cours duquel le juge Kavanaugh doit également s’exprimer, n’était pas négociable.

Nombre de signaux indiquent qu’en l’absence de témoignage de Mme Ford lundi, la confirmation du juge Kavanaugh pourrait aller vite.

Susan Collins, l’une des rares voix considérée comme indécise dans le camp républicain (qui dispose d’une courte majorité au Sénat), s’est dite « surprise » du refus de témoigner de l’enseignante, espérant qu’elle change d’avis rapidement.

Selon Mme Blasey, Brett Kavanaugh et un ami, « complètement ivres », l’avaient coincée dans une chambre lors d’une soirée dans les années 80. Le futur juge l’aurait plaquée sur un lit et aurait cherché à la déshabiller en la brutalisant, avant qu’elle ne parvienne à s’enfuir.

L’ami a fait savoir lundi qu’il refusait d’être entendu comme témoin par le Sénat. « Je n’ai aucun souvenir de l’incident présumé (…) et je n’ai jamais vu Brett agir de cette manière », a écrit Mark Judge dans un courrier à la commission.

D’anciennes élèves du lycée de Mme Blasey, ont publié une lettre pour la remercier d’avoir parlé, et plus de 1.600 victimes d’abus sexuels ont écrit aux sénateurs pour leur demander de bloquer la confirmation du juge Kavanaugh.

Les partisans du juge se sont mis en ordre de bataille. Du président Trump qui salue un juge au parcours « impeccable » à d’anciennes petites amies qui louent « un parfait gentleman », son camp s’attache à renforcer son image de bon père de famille.

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