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Cour suprême: un premier vote sous haute tension pour le juge Kavanaugh

C'est dans un climat extraordinaire de vives tensions politiques et d'émotions que la réunion pour un premier vote sur la…

C’est dans un climat extraordinaire de vives tensions politiques et d’émotions que la réunion pour un premier vote sur la confirmation du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême se déroule vendredi au Sénat américain, après le ralliement en sa faveur d’un sénateur clé.

Les enjeux sont cruciaux. Sous le coup d’accusations d’agressions sexuelles, qu’il nie catégoriquement, mais aussi perçu comme profondément ancré du côté républicain, le magistrat pourrait faire basculer du côté conservateur, pendant plus d’une décennie, la plus haute juridiction des Etats-Unis, dont les juges sont nommés à vie.

Le Sénat a le dernier mot sur les nominations présidentielles à la Cour suprême, arbitre des questions de société les plus épineuses comme le droit à l’avortement, le mariage homosexuel ou la régulation des armes à feu.

De coups de théâtre en déclarations indignées, la réunion de la vénérable commission judiciaire du Sénat a pris un virage spectaculaire.

Les 11 républicains de la commission ont dit oui à l’unanimité pour la tenue du vote préliminaire à 13H30 (17H30 GMT), tandis que les 10 démocrates ont voté non en bloc. Furieux, plusieurs démocrates ont quitté la salle en signe de protestation.

La nomination du candidat de Donald Trump à la Cour suprême devra ensuite être approuvée définitivement lors d’un vote final en séance plénière, dans les prochains jours.

Les républicains disposent au Sénat d’une courte majorité de 51 sièges, contre 49 pour les démocrates, et ne peuvent se permettre qu’un désistement.

Or, quelques instants avant l’ouverture de la réunion, un sénateur républicain clé pour la confirmation de Brett Kavanaugh a annoncé qu’il le soutiendrait lors du vote final, faisant pencher la balance bien plus nettement en sa faveur.

Grand critique de Donald Trump, le sénateur Jeff Flake figurait parmi les rares républicains n’ayant pas encore révélé leur position. Quel serait l’effet du témoignage poignant, jeudi, d’une des victimes présumées du juge conservateur?

« J’ai quitté l’audition hier (jeudi) avec autant de doutes que de certitudes. Ce dont je suis certain, c’est que notre système judiciaire offre une présomption d’innocence aux personnes accusées, en l’absence de preuves vérifiées », a finalement tranché Jeff Flake.

Dans un moment rarissime au Sénat américain, des femmes, extrêmement émues, l’ont immédiatement pris à partie.

« Vous me dites que mon agression ne compte pas, que ce qui m’est arrivé ne compte pas et que vous laissez les gens qui font ces choses accéder au pouvoir », a lancé l’une d’elles, alors que des dizaines de manifestants se sont aussi rassemblés devant la Cour suprême.

– Candidat « politique » –

Les républicains « ont pris leur décision avant même d’avoir entendu un seul mot » de Christine Blasey Ford, l’universitaire de 51 ans entendue jeudi, qui accuse le juge de l’avoir agressée quand ils étaient tous deux lycéens, a déploré la sénatrice démocrate Dianne Feinstein.

Elle a également décrié le profil trop politique de Brett Kavanaugh, qui, s’il est confirmé, sera chargé de juger des affaires parfois hautement partisanes. Le juge a dénoncé jeudi un « coup » politique monté contre lui, « alimenté par une colère apparente à l’encontre du président Trump et de l’élection de 2016 » et une « revanche des Clinton ».

Brett Kavanaugh « a employé un discours aussi politique que mes collègues républicains », a asséné Dianne Feinstein, 85 ans, numéro deux de la commission.

– Deux sénatrices clé –

Les démocrates réclament, en vain, une enquête du FBI sur les accusations d’agressions sexuelles.

Les chefs républicains, eux, apparaissent résolus à voir Brett Kavanaugh siéger sans attendre à la Cour suprême. Dès jeudi soir, Donald Trump avait ainsi réaffirmé son soutien à son candidat.

Le doute demeure toutefois sur la décision de deux sénatrices républicaines qui défendent le droit à l’avortement, Susan Collins et Lisa Murkowski.

Du côté des démocrates, un sénateur élu dans les terres pro-Trump de l’Indiana et jouant sa difficile réélection, Joe Donnelly, a annoncé vendredi qu’il voterait contre Brett Kavanaugh.

Le mystère perdure autour de deux autres sénateurs démocrates doté du même profil et qui avaient voté, comme Joe Donnelly, en faveur du précédent candidat de Donald Trump à la Cour suprême. S’ils votent oui, ils garantiront pratiquement le siège de Brett Kavanaugh à la Cour suprême.

S’il ne risque pas de condamnation, les accusations visant le juge Kavanaugh sont extrêmement nocives à une époque marquée par une prise de conscience des dommages infligés aux femmes par les violences sexuelles, symbolisée par le mouvement #MeToo.

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