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Course contre-la-montre des Vénézuéliens pour arriver au Pérou

Des migrants vénézuéliens fuyant leur pays en crise tentaient vendredi, après un long périple, d'atteindre la frontière péruvienne, à 24H…

Des migrants vénézuéliens fuyant leur pays en crise tentaient vendredi, après un long périple, d’atteindre la frontière péruvienne, à 24H d’un durcissement des conditions d’accueil dans ce pays de ces réfugiés économiques qui est dénoncé par l’ONU.

Confrontée à une vague de migration massive de ressortissants vénézuéliens, Lima a annoncé il y a une semaine qu’un passeport serait obligatoire à compter du 25 août pour entrer sur le sol péruvien. Jusqu’à présent, les Vénézuéliens n’avaient besoin que de présenter leur carte d’identité. L’Equateur, qui fait face au même problème, a mis en place la même mesure dès samedi dernier.

La décision péruvienne revient à fermer la porte au nez de nombre d’entre eux, car obtenir un passeport au Venezuela est devenu très long et compliqué en raison de la crise économique qui a conduit à une pénurie de produits alimentaires, de médicaments et même de papier.

A Tumbes côté péruvien, à un millier de kilomètres au nord de Lima, des files de Vénézuéliens attendant d’être enregistrés par les autorités étaient visibles, a constaté l’AFP.

Nombre d’entre eux sont arrivés à pied. Partis du Venezuela début août, ils ont accéléré la cadence pour atteindre la frontière avant samedi.

Dans cette zone au climat tropical entourée de plantations de bananes, des représentants de l’église catholique leur répartissaient de la nourriture.

Les Nations unies ont appelé jeudi les pays latino-américains à continuer d’accueillir les réfugiés vénézuéliens, dénonçant les nouvelles exigences aux frontières mises en place par l’Equateur et le Pérou.

– L’ONU inquiète –

Dans un communiqué conjoint, le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, et le directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), William Lacy Swing, ont appelé à un soutien accru de la communauté internationale à mesure que l' »exode augmente » et se sont déclarés « préoccupés par plusieurs événements récents touchant les réfugiés et les migrants en provenance du Venezuela ».

Les deux agences de l’ONU ont cité notamment les nouvelles exigences en matière de passeports et d’entrée aux frontières de l’Equateur et du Pérou, ainsi que des modifications apportées aux permis de séjour temporaire des Vénézuéliens au Pérou.

« Personne ne parle de fermer la frontière, il s’agit d’exercer un meilleur contrôle migratoire pour des raisons sécuritaires. 80% des Venezuéliens qui arrivent au Pérou ont leur passeport », a déclaré le ministre de l’Intérieur péruvien Mauro Medina.

Les Vénézuéliens sont étranglés par la crise économique: l’inflation pourrait atteindre 1.000.000% fin 2018 selon le Fonds monétaire international, et le PIB devrait s’effondrer de 18%.

Ces dernières années, des millions de personnes ont préféré partir. Les Nations unies évaluent à 2,3 millions le nombre de Vénézuéliens ayant quitté leur pays pour fuir la misère. Plus de 800.000 ont gagné la Colombie, où ils bénéficient d’un droit de séjour temporaire.

L’exode de Vénézuéliens et de Nicaraguayens fuyant leur pays en crise met toute la région sous tension, comme l’ont montré les violences du week-end dernier à la frontière brésilienne.

A Pacaraima (nord), le vol et l’agression d’un commerçant attribués à des Vénézuéliens a mis le feu aux poudres.

Des dizaines d’habitants de cette localité, où vivent un millier de migrants dans la rue, ont alors détruit leurs deux principaux camps de fortune et brûlé leurs affaires. Des coups de feu ont été tirés, les magasins fermés et des débris divers jonchaient le sol.

Signe de l’inquiétude des autorités, l’Equateur, pays de passage pour de nombreuses personnes cherchant à atteindre le Pérou, le Chili ou l’Argentine, va organiser une réunion régionale sur la crise migratoire au Venezuela. Les ministres des Affaires étrangères de 13 Etats de la région, dont le Venezuela, sont invité à discuter sur le sujet les 17 et 18 septembre à Quito.

L’objectif est « d’échanger des opinions, de voir ce que font les pays » face à cette situation, a déclaré le vice-ministre de la Mobilité humaine, Santiago Chavez, cité dans le communiqué.

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