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Covid-19, cause nationale dans la presse camerounaise

Les journaux camerounais parus mercredi oscillent entre panique, polémiques et branle-bas de combat contre la pandémie du coronavirus.En protection intégrale…

Les journaux camerounais parus mercredi oscillent entre panique, polémiques et branle-bas de combat contre la pandémie du coronavirus.En protection intégrale plutôt effrayante, un médecin, présenté comme un chef d’unité de traitement du Covid-19 dans la capitale, Yaoundé, trône en couverture de Mutations. Le quotidien à capitaux privés donne la parole à une praticienne, qui raconte sa vie avec les malades et les précautions pour éviter la dissémination du virus, la contamination du personnel soignant et des familles.
 
«Il y a toujours une certaine peur. Depuis le début, je n’ai plus embrassé un membre de ma famille, je m’éloigne des enfants, etc. parce que le risque zéro n’existe pas», déclare celle qui est au front et qui côtoie la maladie depuis 3 semaines. Et le Cameroun n’a pas encore touché le pic de contagion, note Repères, la courbe s’avérant grandissante et le gouvernement ne cachant plus ses angoisses.
 
C’est que le pouvoir est face au danger d’un chaos social, s’émeut le bihebdomadaire Essingan : le nombre de malades, sans cesses croissant, s’attaque désormais aux professionnels de la santé alors que les failles persistent dans la gestion de la diaspora, qui importe la pandémie dans le pays. Un exemple frappant de ce phénomène est apporté par Le Messager avec la région de l’Ouest, désormais dans la spirale des «contaminés positifs» dont l’incivisme menace de chaos cette partie du pays.
 
La psychose est telle que, renchérit L’Œil du Sahel, dans le septentrion c’est le Conseil des imams qui est monté au créneau pour réclamer la fermeture des mosquées.
 
Curieusement, s’étonne Essingan, le régime semble à court d’un plan d’action adapté, consistant à la prise de mesures de 2ème niveau touchant au pouvoir d’achat des citoyens sur qui pèsent des risques réels de contagion de masse. Et cette crise sanitaire commence à peser sur les ménages, désormais confrontés à la hausse vertigineuse des prix des produits de première nécessité sur les marchés, constate Diapason. Le gouvernement semble négliger les vrais détails du combat qui ne fait que commencer, acquiesce Émergence.
 
«Au Cameroun, les stocks de réserve n’existent nulle part. Si oui, ceux constitués par les importateurs pour les fins spéculatives, aux dépens non seulement des productions locales et de la sécurité alimentaire, mais aussi du pouvoir d’achat des populations. Il faut le dire pour le regretter que cette situation régulièrement décriée par la société civile est malheureusement soutenue par les pouvoirs publics qui vont jusqu’à accorder quelques facilités fiscales ou administratives aux importateurs», confirme à Mutations le président de l’Association de défense des intérêts collectifs (Acdic), Bernard Njonga, qui redoute une crise alimentaire au Cameroun causée par le coronavirus.
 
Au-delà de la sinistrose ambiante, Cameroon Tribune, La République, Le Quotidien, Mutations, Repères et The Guardian Post saluent la création, la veille par le président Paul Biya, d’un fonds de solidarité à hauteur d’un milliard de francs pour le financement des opérations relevant de la stratégie de riposte contre la propagation de la pandémie du coronavirus au Cameroun.
 
La décision du chef de l’État, commente Mutations, arrive alors que certaines entreprises citoyennes ont déjà entrepris cet élan de solidarité. Cette dotation intervient, rappelle Repères, deux semaines après l’entrée en vigueur des mesures instruites par le même président de la République pour endiguer l’expansion du coronavirus au Cameroun.
 
«Pour que le Camerounais lambda se sente motivé d’apporter sa contribution et qu’il y ait par la suite un véritable élan de solidarité nationale, il faudrait que les besoins de l’État ou de la collectivité territoriale soient clairement évalués en termes financiers ou de contribution en ressources humaines », tacle, dans Mutations, le ministre de la Communication du «Shadow Cabinet» du Front social démocratique (SDF, opposition), Jean Robert Wafo, remettant fortement en doute la transparence dans la gestion de l’argent qui sera collecté.

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