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Covid-19 : le diffus confinement des Congolais

Cinq jours après l'entrée en vigueur du confinement censé réduire la progression à vive allure du coronavirus, l'Etat congolais peine…

Cinq jours après l’entrée en vigueur du confinement censé réduire la progression à vive allure du coronavirus, l’Etat congolais peine à faire respecter cette mesure sanitaire.A Brazzaville, la vie suit son cours. Le confinement, décidé le 28 mars dernier par le président Denis Sassou-Nguesso, n’emporte pas la totale adhésion de la population.

Dans la capitale, les gens vaquent à leurs occupations. Les rues, les marchés et les banques sont bondés. Pourtant, le nouveau coronavirus a déjà causé 5 décès sur 45 cas testés positifs.

Le chef de l’Etat, dans son message à la nation, a décrété l’état d’urgence sanitaire, le couvre-feu de 20 heures à 5 heures et le confinement à domicile de l’ensemble de la population, à l’exception de ceux qui travaillent à la fourniture des biens et services indispensables à la marche du pays.

Malgré la présence remarquée des forces de l’ordre, le confinement passe mal auprès des Brazzavillois. « Je suis sorti pour percevoir mon salaire. Je ne pouvais pas être en confinement sans l’argent qui me permettra de constituer des réserves alimentaires », explique Ngatsé Philippe, un fonctionnaire abordé devant une banque.

A la queue leu leu, les clients n’ont cure de la distanciation sociale à observer. Dans un pays où les emplois salariés ne sont pas légion, le déconfinement à de nombreux partisans.

« Nous essayons de respecter les décisions de l’Etat. Mais le gouvernement n’a pas encore pris les mesures d’accompagnement pour permettre à la population de faire face à cette situation », déplore Eugène Kabi.

Angoissé, ce sexagénaire fait noter que « la ville de Brazzaville est ravitaillée en produits alimentaires par l’intérieur du pays. Or il n’y a plus de déplacement d’une ville à une autre ».  

Pour éviter d’être pris à la gorge financièrement, Arnaud Bayakissa a envoyé au village sa famille de six personnes. « Le voyage m’a coûté cher : près de 70.000 F CFA. Le prix du transport  a doublé voire triplé pour certaines localités passant de 5000 F CFA en temps normal à 20.000 F CFA », fustige-t-il.

Tout compte fait, M. Bayakissa ne regrette pas son choix puisque, selon lui, « les prix des denrées de première nécessité ont flambé avec la ruée de la population vers les marchés ».

A en croire ce père de famille, « le plus dur serait de vivre en confinement et dans la précarité ». Chauffeur de bus dans la capitale, Arnaud est actuellement au chômage. Avant le coronavirus, le Congo était déjà confronté à une sérieuse crise économique. Beaucoup redoutent maintenant que le pays n’implose.  

Les Congolais sont sensibilisés sur la létalité du virus mais une bonne partie de la population appelle les tenants du pouvoir à « changer de schémas  ou de stratégies » pour que les recommandations soient strictement respectées.  

Pour sa part, le gouvernement menace de sortir le bâton contre les récalcitrants. A l’évidence, une frange importante de la population ne saurait survivre aux restrictions des libertés si l’Etat ne diligente pas des mesures sociales.

Pour Marguerite Mbaya, une jeune mère de famille, « il faut que le fonds financier, destiné au soulagement des personnes vulnérables, soit rapidement opérationnel. Sinon la faim risque de faire plus de victimes que le Covid-19 dans le pays ».

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