InternationalAFP




CPI: la procureure fait appel de l’acquittement de l’ex président Gbagbo

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a fait appel lundi contre l'acquittement de crimes contre l'humanité prononcé en…

La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a fait appel lundi contre l’acquittement de crimes contre l’humanité prononcé en janvier à l’encontre de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de l’un de ses proches, Charles Blé Goudé.

Cette décision a provoqué à Abidjan les protestations de proches des deux hommes qui dénoncent un « acharnement politique » pour les maintenir loin de la Côte d’Ivoire où l’élection présidentielle doit avoir lieu l’an prochain.

« L’appel démontrera que la chambre de première instance a commis des erreurs de droit et de procédure qui ont abouti à l’acquittement de M. Gbagbo et de M. Blé Goudé pour tous les chefs d’accusation », a écrit dans un communiqué le bureau de la procureure, Fatou Bensouda.

Laurent Gbagbo avait été reconnu non coupable de crimes contre l’humanité commis en 2010 et 2011 au cours des violences post-électorales en Côte d’Ivoire, et libéré en février sous conditions.

Les juges ont acquitté les deux hommes « sans formuler correctement et sans appliquer de manière cohérente une norme de preuve clairement définie », a ajouté la procureure de la CPI.

La Belgique avait accepté d’accueillir Laurent Gbagbo, 73 ans, libéré en février. Il est actuellement en liberté conditionnelle à Bruxelles en attendant un éventuel procès en appel. M. Blé Goudé, 47 ans, vit aux Pays-Bas dans des conditions similaires.

Maintenu en détention pendant plus de sept ans, Laurent Gbagbo était jugé pour des crimes commis pendant la crise de 2010-2011, née de son refus de céder le pouvoir à son rival, l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara. Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois.

Il avait été arrêté en avril 2011 par les forces du président Ouattara, soutenues par l’ONU et la France. Il est le premier ancien chef d’Etat à avoir été remis directement à la CPI.

MM. Gbagbo et Blé Goudé avaient été accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable.

La décision de la procureure de la CPI de faire appel de l’acquittement des deux hommes survient alors que la scène politique ivoirienne est en pleine recomposition en vue de la présidentielle de 2020. L’opposition cherche à s’unir dans cette perspective contre le camp du président Ouattara, 77 ans, au pouvoir depuis 2010 et qui maintient le suspense sur une nouvelle candidature.

– « Acharnement » –

A Abidjan, Pascal Affi N’Guessan, président d’une tendance du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de M. Gbagbo, a attaqué la décision de Mme Bensouda en la plaçant dans un contexte politique.

« C’est du dilatoire juridique et de l’acharnement politique pour maintenir le plus longtemps possible loin de leur pays Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, et les empêcher de prendre part à la vie politique de la Côte d’Ivoire », a déclaré à l’AFP M. Affi N’Guessan.

Ancien Premier ministre de M. Gbagbo, qui a fondé le FPI, Pascal Affi N’Guessan en revendique la présidence en son absence. Mais il est contesté par la tendance « légitimiste » du parti qui ne reconnaît que Laurent Gbagbo.

Georges Armand Ouegnin, président d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), coalition pro-Gbgabo qui regroupe des partis politiques d’opposition et des associations de la société civile, a lui aussi fait part de sa « déception » et dénoncé un « acharnement ».

« Je suis profondément déçu, mais je garde espoir ». « J’ai confiance en la justice, même s’il y a un acharnement judiciaire », a déclaré à l’AFP M. Ouegnin.

Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé « sont innocents ». « C’est important qu’ils reviennent en Côte d’Ivoire pour la réconciliation nationale », a-t-il ajouté.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne