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Craintes d’un nouveau Chemnitz en Allemagne

Plusieurs responsables politiques en Allemagne ont appelé dimanche la population au calme dans la crainte de violences similaires à celles…

Plusieurs responsables politiques en Allemagne ont appelé dimanche la population au calme dans la crainte de violences similaires à celles de Chemnitz, à la suite de la mort d’un jeune Allemand dans une bagarre et de l’arrestation de deux suspects afghans.

La police a envoyé des renforts dans la ville de Köthen, dans l’Etat régional de Saxe-Anhalt, dans l’ex-RDA, en prévision d’une manifestation non autorisée que veut organiser un parti d’extrême droite vers 19H00 (17H00 GMT) pour dénoncer les demandeurs d’asile et la politique migratoire du gouvernement.

Un contre-rassemblement de la gauche radicale est également annoncé en début des soirée.

« Au-delà de l’émotion légitime, il convient de rejeter toute tentative de faire de Köthen un deuxième Chemnitz », a mis en garde le chef du gouvernement régional, Reiner Haseloff.

Les deux Afghans, âgés de 18 et 20 ans, ont été interpellés pour « soupçon d’homicide » dans cette affaire survenue dans la nuit de samedi à dimanche dans la ville de Köthen, à 150 kilomètres au sud-ouest de Berlin, ont indiqué dans un communiqué commun la police et le parquet locaux.

Aucune précision n’a été donnée dans l’immédiat.

– Altercation –

Mais selon plusieurs médias, notamment le quotidien Die Welt et la chaîne de télévision publique locale MDR, la victime, un Allemand de 22 ans, est décédé d’une hémorragie cérébrale à la suite d’une violente dispute. Elle l’opposait, lui et un deuxième homme qui l’accompagnait, d’une part, et les deux Afghans.

Selon ces médias, une première altercation avait déjà commencé tard dans la soirée près d’un terrain de jeu de la ville de 25.000 habitants entre une femme enceinte et trois Afghans se disputant la paternité de l’enfant à naître.

La future victime allemande et un deuxième homme s’en sont mêlés et la bagarre s’en serait suivie, selon ces médias. Dimanche, de nombreux habitants sont venus déposer des gerbes de fleurs et allumer des bougies sur les lieux du drame.

Les craintes de violences en réaction au drame sont particulièrement élevées du côté des autorités locales car le frère de la victime est un sympathisant néonazi notoirement connu de la police locale.

Le groupuscule de droite ultra qui a appelé à la manifestation et à une « marche funèbre » dimanche soir, le qualifie de « nationaliste » dans un communiqué.

« De nouveau un jeune Allemand a été assassiné par des demandeurs d’asile, de nouveau un compatriote a été victime de la politique d’immigration totalement irresponsable de ceux qui nous gouvernent », dit l’appel au rassemblement.

Le ministre de l’Intérieur de Saxe-Anhalt, Holger Stahlknecht, a dans ce contexte invité la population locale à rester « pondérée ».

Il a promis que l’Etat de droit mettrait tout en œuvre pour faire la lumière sur cette affaire.

– Le précédent de Chemnitz –

Un autre dirigeant politique local, Uwe Schulze, a reconnu de son côté que la concomitance de Köthen et de Chemnitz « était mauvaise pour nous ».

Il y a tout juste deux semaines un Allemand de 35 ans avait été tué de plusieurs coups de couteau à Chemnitz, également dans l’ex-RDA, un meurtre que la police soupçonne plusieurs demandeurs d’asile irakiens et syrien d’avoir commis.

L’extrême droite allemande s’est saisie de cet homicide pour organiser plusieurs manifestations dans la ville visant à dénoncer la hausse de l’insécurité dont seraient responsables les migrants et, au-delà, la politique migratoire de la chancelière Angela Merkel jugée pas assez ferme.

Cette mobilisation, marquée par des violences lors de plusieurs des rassemblements, a ébranlé le pays et provoqué une nouvelle crise politique au sein du gouvernement allemand sur l’immigration.

Elle oppose la chancelière de centre droit à son ministre de l’intérieur, Horst Seehofer, président du parti très conservateur CSU, qui a pris le parti des manifestants d’extrême droite de Chemnitz alors qu’Angela Merkel a dénoncé la « haine » qu’ils véhiculaient.

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