InternationalAFP




« Crimes d’honneur » au Pakistan: prison à vie pour les assassins de trois femmes

Un tribunal pakistanais a condamné trois hommes à la prison perpétuité pour avoir assassiné des femmes filmées en train de…

Un tribunal pakistanais a condamné trois hommes à la prison perpétuité pour avoir assassiné des femmes filmées en train de s’amuser à un mariage, dans une affaire tristement célèbre pour avoir mis sous les projecteurs les « crimes d’honneur », a-t-on appris jeudi de source judiciaire.

Le drame, qui s’était produit au Kohistan (Nord), une région montagneuse extrêmement conservatrice, avait été relayé dans le monde entier en 2012 lorsqu’un religieux local avait été accusé d’ordonner la mort de convives – hommes et femmes – filmés ensemble à un mariage.

La vidéo de mariage montrait des femmes taper des mains alors que, sur le plan suivant, des hommes dansaient. Les hommes et femmes auraient ainsi été dans une pièce en même temps, au mépris des coutumes tribales strictes qui séparent les hommes et les femmes lors des mariages, même si la vidéo ne les montre pas ensemble.

Trois des femmes apparaissant sur les images avaient été assassinées, a affirmé jeudi à l’AFP le procureur du district Attaullah.

Les trois condamnés sont Umar Khan, le frère de l’une des femmes assassinées, et Saier et Sabeer Khan, les pères des deux autres victimes, a-t-il ajouté.

« Le tribunal a condamné trois hommes à la prison à perpétuité pour meurtre, et acquitté cinq autres », a précisé le procureur.

L’avocat de la défense Sarfaraz Khan a annoncé qu’il déposerait un recours contre cette décision.

Pour avoir « déshonoré » leurs familles, des femmes ont déjà été poignardées, lapidées, fusillées, embrasées ou étranglées. Les mobiles avancés pour ces meurtres vont du refus d’un mariage arrangé à l’aide à la fuite d’un couple illégitime.

Un habitant de la région, Afzal Kohistani, avait médiatisé l’affaire et l’avait portée devant la justice en 2012, un fait exceptionnel lors des crimes d’honneur, généralement frappés du sceau du secret par crainte de représailles.

La Cour suprême avait mené l’enquête, mais après avoir rencontré des femmes qui prétendaient être celles de la vidéo, l’équipe d’investigation avait tranché qu’elles étaient en vie.

Afzal Kohistani avait signalé avec insistance que les femmes présentées aux autorités usurpaient l’identité des femmes qui avaient été assassinées.

Début mars 2019, il a été abattu de cinq balles dans une rue passante de la ville d’Abbottabad (Nord), suscitant l’indignation des défenseurs des droits humains.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne