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Crise Soro-Ouattara: vers une médiation équato-guinéenne?

La visite du président équato-guinéen samedi dernier à Abidjan pourrait avoir pour but de tenter une médiation entre le président…

La visite du président équato-guinéen samedi dernier à Abidjan pourrait avoir pour but de tenter une médiation entre le président Alassane Ouattara et son ancien allié Guillaume Soro, aujourd’hui exilé en Europe.Il y a de ces visites de chefs d’Etat dont le but n’est pas celui officiellement annoncé. Celle effectuée samedi dernier 28 décembre à Abidjan par l’équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema en ferait partie. Présenté comme une visite de travail et d’amitié, le séjour du président de Guinée-Equatoriale en Côte d’Ivoire serait à « mettre sous l’agenda» du conflit qui oppose le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara à son ancien protégé et ex-président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, en raison des liens de ce dernier avec la famille du président équato-guinéen, notamment son fils Theodorin Obiang », estime le politologue ivoirien, Claude Pregnon.

L’agenda officiel de la rencontre ne le mentionne pas. Mais la proximité existant entre le fils du président Obiang et l’ancien président de l’assemblée nationale ivoirienne laisse transparaître une « forte possibilité que cette affaire fasse partie de l’agenda de la rencontre entre les chefs d’Etat ivoirien et équato-guinéen», soutient le politologue.

Parmi les amitiés africaines de Guillaume Soro, celle avec Teodorin Obiang, fils du chef de l’Etat et vice-président de son pays, est une des plus intimes et solides. Informé par le grand écho du mandat d’arrêt international lancé contre son ami ivoirien, Obiang fils aurait initié une médiation par personnes interposées.

« S’il y a des négociations, c’est de bonnes guerres, surtout à dix mois des élections présidentielles, cela pourrait permettre une sortie politique de la crise », toutefois « au-delà de ce qu’on peut croire, la crise actuelle n’est pas une crise nationale », souligne le politologue ivoirien.

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Soro est peut-être celui qui a sollicité ces émissaires, car « en politique, la fonction n’exclut pas la négociation », observe Pregnon. D’ailleurs, le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara qualifie l’ex-chef de l’Assemblée nationale de « fils rebelle ».

« Quand une crise est politique, elle n’exclut pas la négociation, parce que lorsqu’une crise est politique, nécessairement sa résolution est politique », dit le politologue ivoirien, ajoutant qu’ « il peut avoir des tensions et avoir l’impression qu’il y a implosion, mais en réalité la négociation et le dialogue ne sont pas exclus, parce que quoi qu’on dise l’issue de la crise sera politique ».

Le président Ouattara a réitéré samedi sa fermeté face à une quelconque déstabilisation de la Côte d’Ivoire impliquant même « des candidats ou pas » à la présidentielle d’octobre 2020. « Cela n’exclut pas qu’il puisse écouter ou rencontrer des personnes supposées conduire des missions », soutient Pregnon.

Teodorin Obiang, fils du chef de l’Etat Equato-Guinéen, a eu, il y a quelques années, à soutenir des activités sociales de Guillaume Soro en Côte d’Ivoire, un ami qui aujourd’hui peut l’amener à juguler cette situation judiciaire qui pourrait le disqualifier des joutes électorales à venir si elle ne trouve pas d’issue politique.

La rupture entre Soro et Ouattara couve depuis 2017. L’ancien président de l’Assemblée nationale ivoirienne a fait savoir, à travers une déclaration de son mouvement politique Génération et Peuples Solidaires (GPS), qu’il était « espionné ».

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Le conflit s’est accentué lorsque Soro a décidé de ne pas adhérer au Parti unifié Rhdp (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix), la coalition au pouvoir, aujourd’hui présidée par M. Ouattara.

« Nul ne sera autorisé à déstabiliser la Côte d’Ivoire, perturber la quiétude des Ivoiriens, le droit sera appliqué à tous, candidat ou pas », a déclaré samedi le président Ouattara, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue équato-guinéen à sa résidence.

Le chef de l’Etat ivoirien a fait observer que « les candidatures ne sont pas encore ouvertes par la Commission électorale indépendante et même si c’était le cas, nul n’est au-dessus de la loi, aussi bien les anciens présidents, les présidents d’institutions, le président de la République ».

A la suite d’un retour avorté de Guillaume Soro, à l’aéroport d’Abidjan le 23 décembre, un mandat d’arrêt international a été émis contre lui pour « complot contre l’autorité de l’Etat ». En outre une quinzaine de personnes qui lui sont proches ou réputées telles ont été arrêtées.

Au nombre des personnes interpellées, figurent cinq députés : Alain Lobognon, Soro Kanigui Mamadou, Yao Soumaïla, Camara Loukimane, Soumahoro Kando. Ils ont été inculpés et mis sous mandat de dépôt pour « trouble à l’ordre public, diffusion de nouvelle fausse et atteinte à l’autorité de l’Etat ».

Selon Claude Pregnon, « le gouvernement qui a plus de responsabilités a besoin de trouver une sortie, un terrain d’entente politique pour que cela ne puisse pas entacher la stabilité du pays ».

Outre le clan Obiang au pouvoir en Guinée-Equatoriale, Guillaume Soro a de solides amitiés au sein de plusieurs présidences africaines dont le chef de l’Etat congolais Denis Sassou Nguesso également ami personnel du président Alassane Ouattara.

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