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Cuba vote sur sa nouvelle Constitution, les yeux rivés sur le Venezuela

Le gouvernement cubain soumet dimanche à référendum la nouvelle Constitution du pays, espérant obtenir ainsi un plébiscite pour le socialisme…

Le gouvernement cubain soumet dimanche à référendum la nouvelle Constitution du pays, espérant obtenir ainsi un plébiscite pour le socialisme au moment où son plus proche allié, le Venezuela, est dans la tourmente.

Dans la ligne de mire de Washington comme l’est aussi Nicolas Maduro, le président Miguel Diaz-Canel n’a cessé, ces derniers jours, de lier ce vote à la grave crise politique qui secoue Caracas.

« Cuba se lève pour le Oui à la Constitution et confirme son soutien à la Révolution bolivarienne et au président Nicolas Maduro », a-t-il clamé sur Twitter.

Plus de huit millions de Cubains sont attendus dans les bureaux de vote, qui ouvrent de 07H00 (12H00 GMT) à 18H00 (23H00 GMT), et les premiers résultats seront connus lundi après-midi.

Comme la Constitution de 1976 qu’il doit remplacer, le texte insiste sur le caractère « irrévocable » du socialisme, en vigueur à Cuba depuis la révolution de 1959 et devenu l’ennemi juré de Donald Trump sur le continent américain.

Ce dernier a assuré que « les jours du communisme étaient comptés au Venezuela, mais aussi au Nicaragua et à Cuba », et promis que les Etats-Unis ne seraient « jamais un pays socialiste ».

– Etendard du socialisme –

Mais à moins de 200 kilomètres des côtes américaines, la nouvelle Constitution cubaine ne transige pas sur le caractère unique du Parti communiste et réaffirme que « l’être humain n’atteint sa pleine dignité que dans le socialisme et le communisme ».

La réforme visait d’abord à adapter le texte fondamental à l’ouverture économique de l’île, qui permet depuis 2008 à des particuliers de lancer leur activité privée: ils sont aujourd’hui 591.000, 13% de la force de travail.

La nouvelle Constitution reconnaît donc le marché, la propriété privée et les investissements étrangers comme nécessaires dans une économie au ralenti, minée par les pénuries.

Mais le débat politique semble presque éclipser cs considérations: inquiet de la tempête qui menace Maduro, Cuba a décidé de brandir sa réforme constitutionnelle comme un étendard du socialisme, en défense de son allié.

« Le Venezuela n’est pas seul. Ne touchez pas au Venezuela », assure le président Diaz-Canel, pour qui voter oui à la Constitution est « un vote pour le socialisme, pour la patrie et la révolution »… mais aussi une réponse aux menaces de sanctions de Trump contre La Havane.

Pour le politologue Carlos Alzugaray, l’agressivité du président américain « a été une bonne propagande pour le oui (…). Il y a beaucoup de gens, en le voyant parler, qui vont voter oui pour défendre l’indépendance face à la menace américaine ».

Depuis des semaines, le gouvernement cubain ne ménage d’ailleurs pas ses efforts dans sa campagne pour le oui (#YoVotoSi), omniprésente sur les réseaux sociaux, à la télévision et sur les bus et commerces de l’île.

– « L’opportunité de dire non » –

L’opposition, qui appelle généralement à s’abstenir ou voter nul, plaide cette fois pour un grand « non ».

« Il est évident que ce non retentissant va au-delà du non à la Constitution, c’est un non au régime qui cherche à se maintenir au pouvoir », assure à l’AFP le dissident José Daniel Ferrer.

Le bulletin de vote offrira le choix entre deux cases, oui ou non, à cette question: « Ratifiez-vous la nouvelle Constitution de la République? »

« Deux options: une qui favorise le régime et l’autre qui représente l’unique opportunité du peuple, depuis des années, de lui dire non », tranche l’opposant.

Critiqué par l’Eglise catholique pour son « idéologie unique », centrée sur le socialisme, le texte a été rejeté par une partie des Cubains sur internet, plus facilement accessible depuis le déploiement en décembre de la 3G.

Mais si le slogan #YoVotoNo est largement partagé sur les réseaux sociaux, difficile de le voir ailleurs: il est absent de l’espace public et même censuré sur les SMS, comme a pu le vérifier l’AFP.

En 1976, la Constitution avait été validée à 97,7% par référendum. Cette année Carlos Alzugaray mise plutôt que « 70 à 80% »: « La société a changé et ce changement va se refléter dans le vote ».

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