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Dans la colonie de Psagot, on débouche les bouteilles pour remercier Washington

Dans son vignoble, Yaakov Berg a perdu contre la France et l'Europe une bataille sur l'étiquetage des vins des colonies…

Dans son vignoble, Yaakov Berg a perdu contre la France et l’Europe une bataille sur l’étiquetage des vins des colonies israéliennes. Mais quand Washington a adouci sa politique sur ces colonies, le vigneron a débouché des bouteilles.

Son domaine est situé sur les collines près de Psagot, une implantation israélienne jouxtant Ramallah, en Cisjordanie occupée, où l’on fustige en revanche l’annonce des Etats-Unis qui ont jugé que les colonies israéliennes n’étaient « pas contraires au droit international ».

Faute de produire des bulles, M. Berg n’a pu sabrer de champagne, ni de crémant, ni de blanc de blanc, mais c’est tout comme: « C’est un jour historique », lance-t-il à l’AFP mardi après la déclaration de Washington.

– « Décision raciste » –

Avec une production d’environ 400.000 bouteilles de vin par an, il vend l’essentiel de sa production à l’étranger, aux Etats-Unis et en Europe notamment.

Mais en novembre 2016, une décision française l’obligeait à un étiquetage différencié des produits provenant des Territoires occupés par Israël. Ces produits ne pouvaient être qualifiés comme étant originaires d’Israël mais des colonies israéliennes.

Furieux, Yaakov Berg a combattu la mesure. Saisi d’un recours en annulation par l’Organisation juive européenne (OJE) et la société de vins casher Psagot de Yaakov Berg, le Conseil d’Etat français s’en était remis à la justice européenne.

Mais la semaine dernière la Cour européenne a validé la décision française. Pour elle, les produits des colonies doivent être labellisés comme tel.

En Europe, le vin de Yaakov Berg ne serait donc plus d’Israël, mais des colonies israéliennes, selon cette décision.

« C’est une décision raciste, anti-israélienne et antisémite », peste encore M. Berg, avant d’ajouter: « la décision européenne est une tentative de délégitimer l’Etat d’Israël ».

« Nous avons appris les leçons de l’Histoire, 75 ans après l’étoile jaune imposée aux juifs en Europe, nous n’accepterons plus de nous faire étiqueter », avec des produits labellisés des colonies, s’emporte-t-il.

Alors quand, une semaine après la décision européenne, la Maison Blanche a annoncé son changement de position, le vigneron a eu le goût de crier victoire.

Dans une cave exhumée lors de la construction du vignoble, une pièce datant du 2e siècle de notre ère a été découverte avec du raisin dessiné dessus ainsi qu’une amphore. Les deux objets sont devenus les symboles du vignoble qu’on retrouve sur toutes les bouteilles.

S’appuyant sur cette histoire, M. Berg conclut que « la déclaration américaine ne peut pas être minimisée car elle affirme ce que le monde sait: cette région est la patrie historique du peuple juif ».

– « Terre historique » –

« C’est notre terre historique, celle sur laquelle depuis des millénaires, le peuple juif produit son vin », explique-t-il. « La déclaration américaine est importante pour l’avenir de cette région », se réjouit-il.

Importante, certes, mais loin de contribuer aux efforts de paix entre Israéliens et Palestiniens, estiment ces derniers comme nombre de pays de la région ou d’Europe.

Yaakov Berg n’est pas le seul à se réjouir parmi les 400.000 colons établis en Cisjordanie occupée.

Pour Miri Maoz-Ovadia, la porte-parole du Conseil régional de Binyamin, qui gère les colonies au nord de Ramallah, « la décision américaine vient dire qu’on ne peut pas couper le lien historique entre cette terre et le peuple juif ».

Née dans une colonie, cette mère de trois enfants estime que « la solution pour résoudre le conflit est de renforcer les liens entre les populations (juives et arabes) et cesser d’imaginer que les séparer peut conduire à la paix ».

« En Europe, aux Etats-Unis et ailleurs, ils doivent comprendre que plus jamais on expulsera des juifs de leur terre ».

Dans son domaine de Psagot, Yaakov Berg ne pense pas pour l’instant à l’augmentation possible de ses ventes aux Etats-Unis, ni à leur baisse potentielle en Europe, mais à un combat idéologique, soutenu désormais par la première puissance mondiale.

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