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Dans la famille de Pelagia, trois générations sous le pouvoir absolu d’Obiang

"Mes premiers souvenirs du président Obiang remontent à l'âge de huit ans. Je me rappelle un de ses portraits en…

« Mes premiers souvenirs du président Obiang remontent à l’âge de huit ans. Je me rappelle un de ses portraits en tenue militaire épinglé dans le salon de notre grand-père », raconte Pelagia Okomo, Equato-guinéenne de 40 ans, qui n’a jamais connu personne d’autre au pouvoir.

Originaire d’Acurenam, une petite ville du sud de la Guinée équatoriale, Pelagia est née en 1979, l’année où Teodoro Obiang Nguema prend la tête du pays par les armes en renversant son oncle.

« A cette époque, nous étions je pense le pays le plus pauvre au monde, nous n’avions même pas d’habits, on était toujours nus », poursuit Pelagia, aujourd’hui grand-mère d’une fillette de cinq ans. Femme de ménage dans une entreprise de maintenance, elle a quitté son village il y a dix ans pour s’installer à Malabo.

Jusqu’au début des années 1990, la Guinée équatoriale aux mains de Teodoro Obiang n’exporte que du cacao et du café, une production réduite car les plantations mal entretenues ne donnent plus grand chose depuis le départ du colon espagnol en 1968.

L’extrême pauvreté provoque alors une émigration massive des Equato-guinéens vers les pays voisins, le Cameroun et surtout le Gabon pétrolier, à la recherche d’une vie meilleure.

« Dans notre contrée, presque chaque famille envoyait l’un de ses membres au Gabon pour faire vivre tous les autres », se souvient Pelagia.

Son petit frère, Bonifacio Mifumu, 24 ans, raconte lui aussi une vie difficile. Pourtant, après les premières explorations de pétrole en 1991, la Guinée équatoriale commence à s’enrichir des revenus de l’or noir au tournant des années 2000.

Mais cette richesse est siphonnée par les prédateurs au pouvoir, une spoliation révélée ces dernière années par les affaires judiciaires de « biens mal acquis »

« Peu d’emploi, peu d’argent, pas d’eau potable, on a survécu parce que Dieu ne laisse pas seuls ses enfants. »

Une misère financière à laquelle s’ajoute une répression politique, accuse Bonifacio, informaticien, père d’un enfant.

– ‘Pouvoir absolu sur tout’ –

« L’Equato-guinéen n’est pas libre, le président exerce un pouvoir absolu sur tout, avec sa famille. »

Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent régulièrement la répression politique, les arrestations et cas de torture des opposants.

« En 40 ans de présidence de Teodoro Obiang Nguema, je n’ai jamais vu une manifestation de l’opposition ou de la société civile être autorisée », affirme Pelagia.

Ses partisans mettent au crédit d’Obiang la construction de routes, de bâtiments publics, de logements sociaux grâce au boom pétrolier.

« Notre président a consacré sa vie à son peuple », affirme Ange Ntugu, étudiant de 19 ans même s’il déplore les bas salaires et « la corruption qui dérange notre pays » – qui a pourtant l’un des PIB les plus élevés d’Afrique selon l’ONU.

Bien que dubitative, Pelagia se veut optimiste pour l’avenir de la troisième génération à vivre sous la férule d’Obiang.

« Je pense que ma petite-fille connaîtra un autre président durant sa jeunesse et que les conditions de vie lui seront favorables, contrairement à celles de mon enfance. »

« Je souhaite qu’elle soit une femme émancipée qui ne souffre pas de la misère, avec un emploi qui lui permette de vivre dignement », conclut-elle.

Teodoro Obiang Nguema, 77 ans, célèbrera le 3 aout prochain, ses 40 ans de règne dans trois villes de la partie continentale du pays. Il ne devrait pas y avoir de défilé militaire, selon le programme officiel consulté par l’AFP, mais à Mongomo sa ville natale, se déroulera une messe d’action de grâce.

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