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Dans le Missouri, le combat d’une sénatrice démocrate face aux sirènes trumpistes

Démocrate dans un Etat de plus en plus républicain, qui s'est donné à Donald Trump en 2016, Claire McCaskill joue…

Démocrate dans un Etat de plus en plus républicain, qui s’est donné à Donald Trump en 2016, Claire McCaskill joue sa survie politique. Elle sollicitera mardi sa réelection au Sénat des Etats-Unis, arborant un discours centriste et conciliant, soucieuse de ne pas se heurter de front au rouleau compresseur du président américain.

« Je ne me lève pas chaque matin en me demandant comment combattre le président », a confié la sénatrice du Missouri, âgée de 65 ans à l’AFP, quelques heures avant l’arrivée de Donald Trump pour un meeting à Columbia.

Elue deux fois au Capitole pour représenter cet Etat du Midwest, la sexagénaire a déjà défié les pronostics par le passé. Et pour les démocrates, le Missouri est vital: s’ils perdent l’Etat, leurs espoirs de reprendre le contrôle du Sénat, où les républicains n’ont qu’une fine majorité (51-49), s’évaporeront.

Donald Trump qui affirme lui-même que les élections législatives de mardi sont un referendum sur sa personne, ne s’y est pas trompé.

Il dédie deux meetings en cinq jours à son opposant, Josh Hawley, dans un Missouri qui lui avait donné près de vingt points d’avance en 2016. C’est même là qu’il clôturera lundi soir son intense tournée pré-électorale.

Pour la sénatrice, l’omniprésence du président américain dans le Missouri témoigne des inquiétudes du candidat Hawley, ministre de la Justice de l’Etat et avec qui elle est au coude-à-coude dans les sondages.

« Il s’agit de m’opposer au président quand je pense qu’il a tort, comme sur la question des tarifs (douaniers), qui martyrisent le secteur agricole dans notre Etat, mais aussi de travailler avec lui, comme pour la loi sur les opiacés », qui a introduit plus de moyens pour lutter contre l’addiction aux drogues aux Etats-Unis, explique-t-elle en marge d’un rassemblement dans la grande ville de St. Louis.

Claire McCaskill fait face à un double défi si elle veut avoir une chance de réussir le 6 novembre, lorsque les Américains renouvelleront la Chambre des représentants et un tiers du Sénat: stimuler la participation dans les fiefs démocrates, comme St. Louis où le vote des Noirs sera déterminant, tout en ralliant assez de soutiens dans les terres rurales conservatrices.

Ce grand écart illustre les difficultés rencontrées par les démocrates à travers la vaste région à la fois agricole et industrielle du Midwest, au centre des Etats-Unis, où plusieurs Etats ont surpris en 2016 en choisissant Donald Trump après avoir donné deux fois la majorité à Barack Obama.

Après St. Louis jeudi, Claire McCaskill a donc pris la route du nord vers O’Fallon, dans une circonscription républicaine, pour parler aux électeurs des efforts qu’elle mène à Washington en faveur d’une plus grande couverture médicale pour tous, et de l’amélioration du système de santé pour les anciens militaires.

« On doit tenir bon ces derniers jours », a lancé à une centaine d’électeurs la sénatrice, qui allie une attitude simple à son langage tranchant d’ancienne procureure.

– « C’est un combat » –

Les syndicats, implantés de longue date et traditionnellement alliés aux démocrates, sont encore influents dans le Missouri. Mais les habitants sont en majorité conservateurs sur les questions de société.

« Ca tiraille », explique Mary Elizabeth Coleman, candidate républicaine au Sénat du Missouri.

Le parti démocrate a viré plus à gauche ces dernières années et « c’est devenu plus difficile pour les habitants du Midwest de les suivre », explique-t-elle, pendant qu’elle frappe de porte en porte chez les électeurs dans la petite localité d’Arnold.

Dans le Missouri, Donald Trump a appelé jeudi soir ses supporteurs à vaincre « la démocrate d’extrême gauche », Claire McCaskill, usant d’un vocabulaire qu’il distille partout dans le pays pour décrire ses adversaires.

Mais tous ne sont pas convaincus.

A 40 ans, Jason Shoemaker a voté pour Donald Trump en 2016 et pourtant il s’apprête à choisir Claire McCaskill pour le Sénat.

Se définissant comme un électeur indépendant, cet employé du géant du charbon Peabody Energy confie être « déprimé par la politique ».

« Je n’aime pas la moitié des choses qui sortent de la bouche de cet homme », souligne-t-il à propos de Donald Trump. « Mais en même temps, mon plan de retraite va très bien » grâce à la bonne marche de la Bourse et de l’économie, reconnaît-il.

« C’est dur », admet Claire McCaskill à propos de sa réélection. Kit Jenkins la soutient sur le terrain, en tentant de pousser les démocrates à voter. Mais à 66 ans, cette enseignante à la retraite n’est pas rassurée. « C’est un combat. »

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