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Dans l’espoir d’un miracle, les catholiques philippins défilent avec le « Nazaréen Noir »

Une immense foule de croyants a accompagné mercredi la procession annuelle du "Nazaréen Noir" à Manille, les fidèles cherchant à…

Une immense foule de croyants a accompagné mercredi la procession annuelle du « Nazaréen Noir » à Manille, les fidèles cherchant à toucher cette statue dotée selon eux de pouvoirs miraculeux dans l’une des plus impressionnantes manifestations de ferveur catholique au monde.

La police a estimé les participants à plus d’un million. Convaincus qu’elle peut guérir les maladies ou apporter la bonne fortune, bon nombre d’entre eux tentaient de se jeter sur la statue du Christ à taille humaine qui porte sur son épaule une grande croix noire.

Les fidèles s’étaient rassemblés dès l’aube pour apercevoir la statue de Jésus de Nazareth perchée sur un char sur son parcours de sept kilomètres à travers les rues étroites de la capitale de l’archipel.

« J’ai survécu à une attaque cérébrale grâce à lui (Dieu). Je ferai ça tous les ans jusqu’à mes 100 ans », raconte Joaquin Bordado, 70 ans, vêtu d’une robe qui lui tombe sur les pieds et d’une couronne de fer barbelé. « Dieu me l’a ordonné et je ne ressens aucune fatigue », ajoute-t-il.

Autour de lui, les fidèles proclamaient « Viva Nazareno » (Longue vie au Nazaréen), se bousculant pour apercevoir la statue ou mieux faire un selfie avec la figurine.

Pieds nus en signe de pénitence, des hommes, des femmes et des enfants grimpaient les uns sur les autres pour toucher la statue avec des serviettes.

– « Rythme de paix » –

Elle doit son nom à sa couleur sombre, qu’elle tient, selon sa légende, à l’incendie du navire qui l’avait apportée du Mexique en 1606.

La croyance dans les vertus miraculeuses de la statue a également été renforcée, au fil des siècles, par le fait qu’elle a survécu à de nombreux autres incendies et séismes, de même qu’au bombardement de Manille en 1945.

Le chef de la police philippine Oscar Albayalde a dit avoir déployé 7.000 agents pour assurer la sécurité de cet événement. Les réseaux de téléphonie mobile ont par ailleurs été coupés pour empêcher que des bombes ne soient activées à distance.

Les autorités n’ont fait état d’aucune menace spécifique mais l’archipel est le théâtre de plusieurs insurrections qui ont déjà donné lieu à des attentats contre des civils.

En début d’après-midi, plusieurs heures après le début de la procession, la Croix-Rouge avait déjà traité près de 220 blessés, dont des gens victimes d’étourdissements ou de coupures. Chaque année, des centaines de personnes sont blessées au cours de cette procession d’une vingtaine d’heures. Et il n’est pas rare qu’il y ait aussi des morts.

« Participer à la procession est très dangereux », dit Angelica Alcantara, étudiante de 21 ans. « Quand on voit les gens se précipiter en avant, c’est stressant ».

Certains estiment que la procession se rapproche trop de l’idolâtrie.

Mais aux yeux de l’Eglise, il s’agit du vibrant témoignage de la foi de Philippins qui sont dans leur très large majorité catholiques.

« Quand on regarde ça de l’extérieur, on ne voit pas, on n’entend pas, on ne ressent pas la foi. On ne voit que du chaos », décrit le père Danichi Hui, qui attend la procession à l’église de Quiapo, sa destination. « Mais à l’intérieur, il y a un rythme de paix, il y a de la sérénité », dit-il à l’AFP.

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