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Décadence accélérée des richesses de la nature

Ecosystèmes ravagés, eau polluée, air vicié, un million d'espèces menacées d'extinction... La nature nécessaire à l'Humanité "décline plus vite que…

Ecosystèmes ravagés, eau polluée, air vicié, un million d’espèces menacées d’extinction… La nature nécessaire à l’Humanité « décline plus vite que jamais dans l’histoire humaine », selon le rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité publié lundi.

La nature, source de richesses…

Eau, nourriture, énergie, textile, minerais, médicaments… La nature rend des services inestimables à l’Homme.

Ainsi, la production de cultures vivrières, permise notamment grâce aux sols et aux insectes pollinisateurs, a augmenté de 300% depuis 1970. Et quelques 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont tirées de la nature chaque année.

Plus de 2 milliards de personnes utilisent le bois comme source d’énergie et 4 milliards utilisent principalement des médicaments naturels.

Les plantes et microorganismes jouent également un rôle crucial de filtrage de l’eau et de l’air. Et végétaux et océans absorbent chaque année 60% des émissions de CO2 liées aux énergies fossiles.

… qui s’épuisent

Les hommes exploitent et polluent la nature plus que jamais dans l’histoire. Résultat, 75% de l’environnement terrestre a été « gravement altéré » et 66% de l’environnement marin est également touché, selon le texte.

Plus d’un tiers des terres et trois-quarts des ressources en eau sont utilisés pour la production agricole et l’élevage, et l’agriculture continue de s’étendre, surtout aux dépens des forêts tropicales.

La dégradation des sols a réduit la productivité agricole sur 23% de la surface terrestre. Et la chute des populations d’insectes pollinisateurs met en danger les cultures, un risque que les experts évaluent entre 235 et 577 milliards de dollars par an.

La couverture forestière représente aujourd’hui 68% de ce qu’elle était à l’ère pré-industrielle, et elle a baissé de 290 millions d’hectares (6%) entre 1990 et 2015.

Les zones urbanisées ont doublé depuis 1992, et 25 millions de kilomètres de routes devraient être construits d’ici 2050.

Côté pollution, 300 à 400 millions de tonnes de métaux lourds, de solvants, de boues toxiques et autres déchets sont rejetés dans les eaux chaque année et 80% des eaux usées de la planète sont déversées dans l’environnement sans traitement.

Les océans ne se portent pas vraiment mieux: la pollution aux plastique a été multipliée par dix depuis 1980 et les engrais ont causé 400 « zones mortes » (au taux d’oxygène très faible) d’une surface combinée équivalente au Royaume-Uni. La pêche industrielle couvre au moins 55% des mers, tandis qu’un tiers des stocks de poissons sont surexpploités et 60% exploités à leur maximum.

Inégalités

Les hommes ne sont pas tous égaux face à cette perte de biodiversité, les pays développés consommant toujours plus, souvent en important les ressources du reste du monde.

Alors que le PIB par habitant est 50 fois plus élevé dans les pays riches que les pays pauvres, 40% de la population du globe n’a pas accès à de l’eau potable et plus de 800 millions de personnes en Asie et en Afrique sont confrontés à l’insécurité alimentaire.

Des inégalités qui peuvent conduire aux tensions. Ainsi, le rapport décompte « plus de 2.500 conflits en cours liés à l’énergie fossile, à l’eau, à la nourriture et aux terres », avec au moins 1.000 journalistes et militants environnementaux tués entre 2002 et 2013.

Un million d’espèces menacées

Les scientifiques estiment à environ 8 millions le nombre d’espèces animales et végétales sur la planète. Mais seulement une infime partie d’entre elles sont évaluées.

Ainsi, environ 25% des quelque 100.000 espèces passées en revue par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour sa fameuse liste rouge sont classées en danger d’extinction, et 872 se sont éteintes depuis 500 ans.

Extrapolant à partir de multiples évaluations d’espèces, l’IPBES est beaucoup plus dramatique: un million d’espèces seraient à ce jour en danger de disparition, dont beaucoup dans les prochaines décennies.

Cela concerne plus de 40% des amphibiens et un tiers des récifs coralliens, des requins et des mammifères marins. Les estimations sont moins certaines concernant les insectes, dont environ 10% des 5,5 millions d’espèces seraient meancés.

Le texte note également une « baisse généralisée » des populations de nombreux animaux, sur terre et en mer. Ainsi qu’une baisse de la diversité génétique et une adaptation particulièrement rapide des espèces à leur nouvel environnement (résistance aux pesticides, insecticides, antibiotiques).

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