L’Afrique a rendu hommage à Robert Mugabe, mort vendredi, saluant la dimension historique du combattant anti-colonaliste plutôt que le président critiqué pour avoir laissé un Zimbabwe exsangue après 37 ans au pouvoir.
– Londres: « autocrate »
Seul pays occidental à réagir dans un premier temps, l’ex-colonisateur britannique a choisi de dénoncer un régime peu respectueux de la démocratie et des droits de l’homme.
« Nous exprimons nos condoléances à ceux qui sont en deuil après le décès de Robet Mugabe. Toutefois, les Zimbabwéens ont souffert trop longtemps sous son règne autocratique », a déclaré le ministère des Affaires étrangères, espérant que le pays puisse désormais « suivre un chemin plus démocratique et prospère ».
L’ancien ministre britannique et militant anti-apartheid Peter Hain a décrit Mugabe comme « un héros de la libération, torturé et emprisonné par le régime de la minorité blanche raciste dans l’ancienne Rhodésie, qui a ensuite trahi toutes ces valeurs des droits de l’homme et de la démocratie du temps de la lutte pour la liberté », pour « devenir un dictateur corrompu qui a tué et torturé des opposants ».
– Washington: le libérateur a « trahi »
Pour les Etats-Unis, Robert Mugabe a « aidé à libérer le Zimbabwe » mais a ensuite « trahi les espoirs de son peuple ».
« Nous présentons nos condoléances à ceux qui pleurent la perte de l’ancien président zimbabwéen Robert Mugabe », a déclaré la porte-parole de la diplomatie américaine Morgan Ortagus. Elle a toutefois également dénoncé « ses violations des droits humains et sa mauvaise gestion économique qui a appauvri des millions » de Zimbabwéens.
« Nous continuons de soutenir les aspirations des Zimbabwéens à un avenir meilleur et plus prospère », a-t-elle conclu.
– L’UE « aux côtés du Zimbabwe » –
Dans un message de « condoléances », l’Union européenne (UE) a indiqué qu’elle « continuera à se tenir aux côtés du Zimbabwe et de son peuple, à soutenir la réconciliation et aider à assurer un avenir d’unité, de prospérité, de sécurité et de démocratie pour tous les Zimbabwéens ».
L’UE rappele qu’elle « attache une grande importance au renforcement de l’état de droit, des droits de l’Homme et de la consolidation de la démocratie au Zimbabwe (…) éléments essentiels de nos relations ».
– Afrique du Sud: « champion de l’anti-colonialisme »
Un des premiers dirigeants africains à s’exprimer, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a salué un « combattant de la libération et un champion de la cause africaine contre le colonialisme ». Le Zimbabwe de Robert Mugabe a longtemps aidé la lutte armée contre l’apartheid chez son voisin sud-africain et soutenu la lutte anti-coloniale d’autres de ses voisins d’Afrique australe.
– Pékin: « dirigeant exceptionnel »
La Chine, très présente sur le continent et dont le président Xi Jinping fut en 2015 un des rares chefs d’Etat à effectuer une visite officielle au Zimbabwe, boudé par les dirigeants occidentaux, a salué « un dirigeant politique et un dirigeant du mouvement de libération nationale exceptionnel ».
– Poutine: « grande contribution personnelle »
En Russie, autre partenaire du Zimbabwe qui s’est toujours opposé aux sanctions économiques contre le régime de Mugabe pour ses violations des droits de l’homme, le président Vladimir Poutine a souligné que « beaucoup de dates importantes dans l’histoire moderne du Zimbabwe sont liées au nom de Robert Mugabe ». « Il a apporté une grande contribution personnelle à la lutte pour l’indépendance ».
– L’Afrique australe « reconnaissante »
En Afrique australe, Edgard Lungu, président de la Zambie, a rappelé le souvenir du « père fondateur du Zimbabwe et panafricaniste », dont la « place dans les annales de l’histoire de l’Afrique est assurée ».
Toujours dans la région, le président namibien Hage Geingob a rendu hommage au « révolutionnaire exceptionnel, combattant tenace de la liberté et panafricaniste » dont les sacrifices ont permis « la libération de l’Afrique australe du joug racial et de l’oppression coloniale ».
Les Namibiens expriment « un sentiment profond de gratitude », a-t-il dit.
Le président tanzanien John Magufuli, également président en exercice de l’organisation des pays d’Afrique australe, la SADC, a ajouté: « L’Afrique perd un dirigeant brave, déterminé, un africaniste qui a traduit dans les actes le refus de la colonisation ».
– Joseph Kabila: « Un digne fils de l’Afrique »
L’ancien président congolais Joseph Kabila a évoqué « le souvenir d’un digne fils de l’Afrique, qui a volé au secours de notre pays, alors victime d’une agression extérieure. Le continent vient de perdre l’un des grands panafricanistes, un héros de la lutte pour l’indépendance ».
– Kenya: « phare de la libération »
Uhuru Kenyatta, président kényan, a salué de son côté « un homme d’Etat, un combattant de la liberté et un panafricaniste qui a joué un rôle essentiel dans la formation des intérêts du continent africain ». Il a évoqué un « phare de la lutte de libération de l’Afrique ».
Un de ses prédécesseurs, Mwai Kibaki, est l’un des rares à mentionner les « mauvais côtés » de Mugabe, mais il « restera avant tout dans les mémoires pour sa défense courageuse de la dignité des Africains ».
Au Burundi, le président Pierre Nkurunziza a dit avoir appris « avec tristesse » la disparition d’un « héros de l’indépendance du Zimbabwe et vaillant artisan du panafricanisme ».
Au Soudan du Sud, le président Salva Kiir a estimé que le Zimbabwe avait « perdu un grand dirigeant » et « un homme d’Etat révolutionnaire et dévoué ». Il le qualifie de « champion de la démocratie, de l’égalité, des droits de l’Homme, de l’émancipation, de la paix et du développement ».
– Afrique de l’Ouest: « militant de l’indépendance »
En Afrique de l’Ouest, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a rendu hommage au « militant qui a combattu pour l’indépendance du pays face au régime colonial ».
Il a estimé que, malgré la crise économique endémique dans laquelle se débat le Zimbabwe, « la postérité conservera pour toujours le souvenir des sacrifices de Mugabe, notamment dans la lutte pour l’émancipation économique et politique de son peuple ».
Au Sénégal, le président Macky Sall a sobrement adressé ses condoléances à la suite « du décès du père de la nation ».
– « Grand ami de Cuba »
« Toutes nos condoléances au gouvernement et au peuple du Zimbabwe pour la mort de l’ex-président Robert Mugabe, père fondateur de cette nation, leader historique africain et grand ami de Cuba », a écrit sur Twitter le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez.