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Des commerçants mexicains proposent des « lieux sûrs » aux femmes en danger

En ce milieu d'après-midi, des couples déjeunent tranquillement dans un restaurant du centre historique de Mexico, où quelques hommes en…

En ce milieu d’après-midi, des couples déjeunent tranquillement dans un restaurant du centre historique de Mexico, où quelques hommes en costume pianotent sur leur ordinateur.

Il y a quelques mois, l’ambiance était différente dans cet établissement lorsqu’une jeune femme a fait irruption pour demander de l’aide alors qu’elle était poursuivie par son petit ami.

« J’ai d’abord pensé qu’ils jouaient, la fille hurlait » se souvient Alejandro Cabrera, le patron du restaurant. « Le garçon voulait l’embarquer de force, (…) il m’a frappé avec son casque de moto. Nous sommes réfugiés avec elle vers l’intérieur et nous avons appelé la police ».

L’incident a conduit le restaurateur à inscrire son établissement sur liste des commerces participant à l’opération « SafePlaces » (lieux sûrs). Cette initiative, lancée début février dans la mégapole mexicaine, a pour but d’offrir un refuge temporaire aux femmes qui se sentent menacées lorsqu’elles circulent dans la rue.

Jazmin Martinez est à l’origine de ce réseau qui s’est mis en place à la suite d’une vague de plaintes concernant des tentatives d’enlèvement dans le métro et aux alentours.

Plus de 500 commerces, parmi lesquels des restaurants, des bars, des gymnases et même des concessionnaires auto ont accepté de se joindre à cette opération pour aider les femmes.

Bien qu’il n’y ait pas de protocole spécifique à suivre, Martinez suggère aux établissements inscrits de leur faciliter l’utilisation d’un téléphone pour appeler un proche, de leur donner quelque chose à boire, de leur proposer de rester à l’intérieur ou d’être raccompagnée à domicile ou encore d’appeler la police si elles le veulent.

– Peur dans le métro –

Cette initiative intervient à un moment où les femmes se sentent particulièrement vulnérables au Mexique. 78% d’entre elles déclarent ne pas se sentir en sécurité et neuf d’entre elles sont assassinées en moyenne chaque jour.

Selon le ministère de l’Intérieur, en janvier, le nombre d’appels pour des faits de harcèlement a augmenté de 20% à l’échelle nationale.

Sur les réseaux sociaux, des femmes ont récemment dénoncé des enlèvements ou tentatives d’enlèvement aux abords du métro de Mexico.

Selon les témoignages, des groupes de deux ou trois hommes tentent de faire monter de force leur victime dans une voiture stationnée à proximité de la bouche de métro, l’un d’eux se faisant passer pour son petit ami afin d’éviter l’intervention des passants.

Le bureau du procureur de la capitale a ouvert 48 enquêtes sur ces faits d’enlèvements supposés.

L’un des témoignages les plus médiatisés est celui de Siomara Hernandez, une jeune femme de 21 ans, qui a échappé à une tentative d’enlèvement par deux hommes dans une rue conduisant à une bouche de métro.

Siomara a raconté qu’elle avait entendu un de ses agresseurs dire à un interlocuteur au téléphone qu’il était « prêt à donner pour elle un bon billet ».

« C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il s’agissait d’un enlèvement et non d’une agression » a raconté à l’AFP la jeune femme, finalement sauvée par l’intervention d’un gardien d’immeuble.

« Je rentrais chez moi et venais de lire un de ces témoignages lorsque je me suis rendu compte que je marchais dans une rue sombre et que les seuls endroits ouverts étaient des restaurants et des bars » relate pour sa part Jazmin Martinez.

« Je me suis dit que si on essayait de me séquester la seule option serait de courir me réfugier dans un de ces établissements et demander de l’aide », poursuit l’initiatrice de « SafePlaces ».

Dans tous les cas signalés récemment sur les réseaux sociaux, l’action d’un témoin extérieur a été à chaque fois déterminante pour venir en aide à ces femmes agressées, souligne-t-elle.

« Il est temps de passer du statut de témoin au rôle d’acteur. Les gens veulent aider, c’est pourquoi des commerces à Mexico et dans différents Etats » se sont joints à l’initiative, selon Jazmin Martinez.

Mais pour elle, ce n’est qu’un début. Elle cherche désormais à développer une application mobile dotée d’un bouton d’alarmeo, qui indiquera aussi aux femmes quels sont les lieux les plus sûrs à proximité en cas d’agression ou de tentative d’enlèvement.

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