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Des personnes valides utilisent des personnes handicapées pour s’enrichir (Président CAPHCI)

Le Président de la Coordination des personnes handicapées de Côte d'Ivoire (CAPHCI), Yacouba Koné, a dans un entretien à APA,…

Le Président de la Coordination des personnes handicapées de Côte d’Ivoire (CAPHCI), Yacouba Koné, a dans un entretien à APA, accusé que « des personnes valides utilisent des personnes handicapées pour mendier», demandant aux autorités de s’investir dans son éradication.« Des personnes valides utilisent des personnes handicapées pour mendier», accuse Yacouba Koné pour qui, la personne vivant avec un handicap doit se battre pour son autonomie. Il fait de cette  lutte contre la mendicité son cheval de bataille, l’une de ses priorités. Pour lui, l’Etat doit s’y investir également en réglant le problème à la source. « De nombreuses personnes à l’extérieur du pays utilisent les mendiants pour s’enrichir », enfonce-t-il.

Toute personne vivant avec un handicap doit avoir un mental de fer à en croire M.  Koné. « La personne vivant avec un handicap est une personne normale et la limite de son épanouissement ne vient que de son esprit », tel est le leitmotiv de Yacouba Koné, âgé de 42 ans,  pour qui l’autonomie, n’est pas à négocier.

Muni d’une canne, Yacouba Koné, qui a des séquelles d’une poliomyélite depuis son enfance,  ne s’est pas laissé décourager par les railleries et autres difficultés de la vie d’une personne en situation d’ handicap. Il a entamé sa vie professionnelle dans l’enseignement.

« J’ai sollicité mon oncle, fondateur d’un  groupe scolaire pour enseigner dans l’un de ses établissements. Sur mon insistance, il m’a confié à son directeur d’études », relate à APA, Yacouba Koné, qui fait partie des premières promotions du Collège de Samatiguila (Nord-Ouest ivoirien) avant son orientation au lycée d’Odiénné,  où il obtient son baccalauréat.

Pour celui qui ne manquait de rien, cette option de se plonger dans l’univers scolaire intriguait son oncle qui avait des inquiétudes quant à sa position face aux élèves.

 « J’ai attrapé ma canne avec une main et j’ai commencé à écrire », ajoute-t-il en rappelant qu’il a été l’objet de curiosité de  la part de ses pairs et des élèves surtout.

De l’école primaire   à son poste d’Assistant en production végétale et animale au ministère de l’agriculture par le biais du recrutement spécial en 2015,  que de chemin parcouru par M. Koné dont la source de motivation reste «l’autonomie».

« Ce qui m’a  motivé, c’est d’être autonome .J’ai toujours cherché à l’être, la motivation à réussir. Je me fixe chaque fois un challenge », insiste-t-il.

Il avait  le regard de certains enfants avec des mots comme « namarani »,  « séguéléni », des termes en malinké (langue locale populaire en Afrique de l’ouest) pour désigner une personne malformée, avec un handicap.

Pour celui qui dirige  la Coordination des handicapés depuis 2011, « la vie en association apporte beaucoup de choses aux personnes handicapées » car elle constitue une source d’épanouissement. D’ailleurs, Yacouba Koné continue ses actions dans la société civile.

« J’ai été désigné pour représenter les personnes handicapées au sein du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP). Je suis Commissaire des personnes handicapées », révèle-t-il fièrement.

Même pour un poste de Directeur de campagne (DC) de son oncle à la députation, il a été victime d’exclusion par l’entourage de ce dernier. Mais finalement,  il réussit son pari en tant que DC,  « à s’imposer et à faire gagner son oncle et patron  qui a siégé au parlement de 2011 à 2016 »

Yacouba Koné veut plus d’actions de la  part du chef de l’Etat, Alassane Ouattara auprès de qui il sollicite «un ministère dédié ou  un Secrétariat d’Etat », estimant que «le mot handicap n’apparait dans aucune dénomination d’un ministère ».

« Nous sommes rattachés au ministère  en charge des affaires  sociales, nous ne sommes pas des cas sociaux », déplore-t-il.

Dans la même veine, il interpelle les Directeurs des ressources humaines des ministères et autres structures publiques qui s’offusquent de recevoir des personnes en situation d’ handicap.

« On a l’impression que le recrutement dérogatoire est spécifique aux personnes handicapées. Non, même les valides bénéficient de ce genre de recrutement », s’insurge Yacouba Koné pour qui , « nous sommes tous des personnes handicapées en sursis » .

L’Etat ivoirien a organisé  le recrutement dérogatoire de 158 personnes en situation de handicap à la fonction publique, au titre de l’année 2018. Il vise à  favoriser «  l’insertion professionnelle de ces personnes et d’éviter leur exclusion ».

A l’initiative de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la Journée internationale des personnes handicapées est célébrée le 03 décembre de chaque année depuis 1992.

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