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Des vins aux passeports: l’accord sur la Macédoine du Nord dans les détails

Du recadrage de la statue d'Alexandre le Grand à Skopje aux arbitrages commerciaux, l'accord gréco-macédonien, que le Parlement grec a…

Du recadrage de la statue d’Alexandre le Grand à Skopje aux arbitrages commerciaux, l’accord gréco-macédonien, que le Parlement grec a ratifié vendredi, augure d’une mise en oeuvre complexe et minutieuse.

– Symboles et monuments

Accusée par les Grecs d’usurper le legs de la Macédoine antique, incarné par Alexandre le Grand et son empire hellénistique, la partie macédonienne s’engage à y renoncer dans les six mois après l’entrée en vigueur de l’accord conclu sous l’égide de l’ONU, en « révisant le statut des monuments et bâtiments publics ».

Les statues géantes d’Alexandre le Grand et son père Philippe II érigées par la droite nationaliste au centre de Skopje devront notamment être assorties d’une plaque mentionnant qu’elles illustrent l’histoire grecque et témoignent d’une amitié partagée.

La future Macédoine du Nord devra aussi effacer toute représentation publique du « Soleil de Vergina », l’étoile à seize rayons emblème de la dynastie antique macédonienne. Le pays avait déjà dû rogner sur ce symbole dont il avait frappé son drapeau à son indépendance en 1991, réduisant l’étoile à six branches pour obtenir en 1995 la levée d’un blocus commercial grec.

– Passeports et langue

La nationalité des ressortissants du petit État balkanique continuera d’être désignée comme « macédonienne » sur leurs papiers d’identité et passeports. Mais cette mention, qui « fait référence à un contexte historique et un héritage culturel différent », sera suivie de la précision « /citoyen de Macédoine du Nord ».

L’enjeu est de ménager le refus grec de reconnaître l’existence d’une nation macédonienne, dont la construction officielle date de la création en 1944 par le maréchal Tito de l’ex-entité fédérale yougoslave.

Partagé par deux guerres en 1912 et 1913 entre Yougoslavie, Grèce et Bulgarie, l’ensemble de la région de Macédoine avait auparavant été pendant des siècles un creuset multi-ethnique.

Lesdits citoyens pourront continuer de parler le macédonien, qui pour les Grecs est un dialecte issu du bulgare. Mais pour bien préciser que ce n’est pas dans cette langue que parlait Alexandre le Grand, l’accord précise qu’elle appartient au « groupe slave du sud », arrivé dans la région à partir du VIe siècle, et n’est « pas liée à l’ancienne civilisation hellénique ni à l’histoire, la culture et l’héritage de la province du nord » de la Grèce.

L’accord engage les deux parties à « respecter la souveraineté et l’intégration territoriale » de chacune et à ne pas « autoriser » ou « soutenir » des « déclarations irrédentistes ».

Les plaques d’immatriculation devront aussi changer, les initiales NM ou NMK (pour North Macedonia – Macédoine du Nord) y remplaçant l’acronyme MK (pour Macédoine, Makedonija en slave).

– Vins et « halva » macédoniens

Les deux gouvernements s’engagent à « encourager » les patronats et organisations de producteurs des deux pays à s’entendre sur les « noms commerciaux et marques ». Un groupe d’experts assistés de représentants de l’ONU sera formé pour les y aider.

Les consommateurs pourront ainsi choisir en toute connaissance de cause entre les biens fabriqués dans la future Macédoine du Nord et ceux de la province grecque frontalière de Macédoine, un grand centre économique des Balkans.

Le vin, mais aussi le halva dit « macédonien », une pâtisserie orientale préparée des deux côtés de la frontière, figurent parmi les produits concernés, selon le ministère grec des Affaires étrangères.

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