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D’étroites fissures dans le rempart républicain autour de Trump

Des fissures sont apparues dans le soutien des républicains à Donald Trump, menacé par une procédure de destitution et vivement…

Des fissures sont apparues dans le soutien des républicains à Donald Trump, menacé par une procédure de destitution et vivement critiqué jusque dans son camp pour sa politique en Syrie ainsi que sa décision, avortée, d’organiser le G7 dans un de ses clubs de golf.

C’est au pire moment de son mandat que le président américain a pris le risque de se mettre à dos de précieux alliés, dont il a besoin pour survivre à une procédure explosive de destitution dans l’affaire ukrainienne.

« Honteux », « trahison », « cauchemar stratégique »: les ténors républicains ont hurlé au scandale après l’abandon soudain des alliés Kurdes dans le nord-est de la Syrie, annoncé d’un tweet début octobre.

Puis il a aggravé le malaise en choisissant son club de golf en Floride, le Trump National Doral club, pour organiser le prochain G7 en juin.

Trop de fronts ouverts en même temps ont finalement poussé l’imprévisible milliardaire à quelque chose qu’il affirme ne jamais faire: renoncer.

Samedi soir, le républicain, qui jouera sa réélection en novembre 2020, a expliqué qu’à cause « de l’hostilité » des médias et de l’opposition, il chercherait un autre endroit pour le G7.

« Il a été évidemment surpris par le tollé », a reconnu dimanche son chef de cabinet, Mick Mulvaney.

Ce dernier avait jeté de l’huile sur le feu en assurant, jeudi, que Donald Trump avait lié une aide destinée à Kiev à des considérations de politique intérieure, soit le coeur du scandale ukrainien.

Samedi, M. Mulvaney a reçu des républicains modérés du Congrès à Camp David, selon le New York Times. Et lorsque Donald Trump a appelé pour prendre le pouls, « on lui a dit que le consensus était qu’il devrait revenir sur sa décision » concernant le G7, d’après le journal.

Bien qu’aucun élu républicain au Congrès ne se soit publiquement prononcé en faveur d’une mise en accusation (« impeachment » en anglais) et encore moins d’une destitution, « certains vont devoir y songer sérieusement, particulièrement les républicains dans les circonscriptions pivots » qui basculent d’un parti à l’autre, et joueront aussi leur réélection en 2020, a déclaré lundi un ex-élu républicain de la Chambre des représentants, Charlie Dent, sur CNN.

– « Pas à tout prix » –

Forts d’une confortable majorité à la Chambre, les démocrates ont, sur le papier, assez de voix dès aujourd’hui pour voter l' »impeachment » de M. Trump.

Il reviendrait alors au Sénat, à majorité républicaine, de mener son procès. Et le président ne pourrait y être destitué que si une majorité des deux tiers le décidait, ce qui ne serait possible qu’avec des voix républicaines.

Détracteur habituel, et virulent, de Donald Trump, le sénateur conservateur Mitt Romney n’a pas écarté la possibilité de voter en faveur d’une destitution, si le dossier le justifiait.

« Je veux juste obtenir autant d’informations que possible, puis mener une évaluation en accord avec la loi et la Constitution », a-il déclaré.

Même le sénateur conservateur Lindsey Graham, grand allié de Donald Trump mais l’une des voix les plus critiques sur la Syrie, s’est dit ouvert à se pencher sur de nouvelles preuves qui étofferaient le dossier contre le président.

« Si vous pouviez me montrer que Trump a véritablement fait levier » sur l’Ukraine en échange d’une aide politique, « ce serait très choquant », a-t-il déclaré à Axios.

N’ayant pas voté en 2016 pour le milliardaire, M. Graham dit avoir « choisi de trouver comment aider Trump à réussir. Mais pas à tout prix ».

Mais depuis l’enregistrement mardi de cet entretien, le sénateur a pris soin de préciser que rien ne lui laissait penser, à cette heure, que M. Trump avait commis des faits passibles d’un « impeachment ».

Dans un changement de ton notable, il s’est dit dimanche « optimiste » sur la Syrie après les derniers développements.

De son côté, M. Trump s’est encore une fois félicité lundi du « grand soutien » qu’il recueille chez les républicains.

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