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Deux acteurs de l’affaire ukrainienne arrêtés en tentant de quitter les Etats-Unis

Deux hommes d'affaires, soupçonnés d'avoir aidé l'avocat personnel de Donald Trump dans ses efforts pour convaincre l'Ukraine d'enquêter sur un…

Deux hommes d’affaires, soupçonnés d’avoir aidé l’avocat personnel de Donald Trump dans ses efforts pour convaincre l’Ukraine d’enquêter sur un rival du président américain, ont été arrêtés pour des violations des lois sur le financement des campagnes électorales.

Lev Parnas et Igor Fruman, des citoyens américains nés en Ukraine et en Biélorussie, ont été interpellés mercredi soir à l’aéroport international de Washington, « alors qu’ils s’apprêtaient à quitter les Etats-Unis », a révélé la police fédérale.

Leur interpellation, qui s’inscrit dans le cadre d’une enquête ouverte par des procureurs new-yorkais, a été précipitée par ce qui ressemble à une tentative de fuite.

Les deux hommes d’affaires installés en Floride sont notamment accusés d’avoir dissimulé l’origine étrangère de dons octroyés en 2018 à plusieurs candidats à des élections locales et fédérales, selon l’acte d’inculpation consulté par l’AFP.

MM. Parnas et Fruman, qui ont donné 325.000 dollars au profit de la campagne de réélection de Donald Trump, doivent comparaître jeudi devant un tribunal de Virginie pour se voir notifier ces charges, selon des médias américains.

En parallèle, les parlementaires démocrates qui enquêtent dans le cadre de la procédure de destitution menaçant le président républicain ont exigé la coopération des deux hommes à leurs investigations.

Les élus ont adressé une injonction formelle à leur avocat, afin qu’il leur transmette une série de documents d’ici à six jours. « Nous espérons entendre vos clients à une date ultérieure », ont-ils écrit dans leur courrier.

MM. Parnas et Fruman sont soupçonnés d’avoir servi d’émissaires à Rudy Giuliani, l’avocat personnel du président, dans ses efforts pour obtenir de l’Ukraine qu’elle fournisse des informations compromettantes sur l’ancien vice-président Joe Biden, bien placé pour affronter le milliardaire républicain lors de la présidentielle de 2020.

Pour cette raison, les élus démocrates avaient demandé aux deux hommes de faire une déposition au Congrès jeudi et vendredi. Ils avaient décliné en s’abritant derrière un courrier de la Maison Blanche, qui a refusé de coopérer à une enquête jugée « partisane et anticonstitutionnelle ».

MM. Parnas et Fruman « sont des citoyens privés, ils ne sont pas employés de l’administration et ne peuvent pas se dérober », ont souligné les présidents des commissions de la Chambre des représentants chargées de l’enquête.

– « Ambassadrice » –

Selon les médias, les deux hommes auraient notamment aidé Rudy Giuliani à rencontrer à New York Iouri Loutsenko, alors procureur général ukrainien, pour tenter de le convaincre d’ouvrir une enquête sur le fils de Joe Biden, Hunter, qui siégea de 2014 à 2019 au conseil d’administration d’un grand groupe gazier ukrainien.

Lors d’un échange téléphonique fin juillet, Donald Trump avait demandé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de « se pencher » sur ce dossier et d’entrer en contact avec Rudy Giuliani.

Cet appel, rendu public après l’intervention d’un lanceur d’alerte, a justifié l’ouverture de l’enquête pouvant conduire à une explosive procédure de destitution à l’encontre du président.

Les poursuites judiciaires contre MM. Parnas et Fruman ne portent toutefois pas sur leurs contacts avec M. Giuliani.

Selon l’acte d’inculpation, ces entrepreneurs ont commencé au début de l’année 2018 à « faire des contributions substantielles à des candidats » au niveau fédéral et des Etats, pour « favoriser leurs intérêts financiers mais aussi les intérêts politiques d’au moins un membre du gouvernement ukrainien pour lequel ils travaillaient ».

Ils ont réalisé plusieurs dons au nom d’une compagnie d’import-export afin de camoufler « le vrai donateur », un mystérieux « individu 1 » russe, avec lequel ils voulaient ouvrir une entreprise de marijuana dans le Nevada, d’après ce document judiciaire.

En mai 2018, ils avaient promis de lever des fonds pour un élu du Congrès, tout en lui demandant de convaincre « le gouvernement américain de rappeler l’ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine ».

La diplomate, Marie Yovanovitch, jugée pas assez loyale par Donald Trump, a été rappelée à Washington un an plus tard. Les élus démocrates espèrent l’entendre vendredi au Congrès.

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