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Deux journalistes reconnaissent Nemmouche comme leur geôlier en Syrie

"Aucun doute!": Deux anciens otages français du groupe Etat islamique en Syrie témoignant au procès de Mehdi Nemmouche pour la…

« Aucun doute! »: Deux anciens otages français du groupe Etat islamique en Syrie témoignant au procès de Mehdi Nemmouche pour la tuerie du musée juif de Bruxelles en 2014 ont formellement reconnu jeudi le jihadiste français comme un des leurs geôliers.

« Je n’ai absolument aucun doute sur le fait que Mehdi Nemmouche ici présent était mon geôlier et tortionnaire en Syrie connu sous le nom d’Abou Omar », a affirmé Nicolas Hénin, 43 ans, ex-reporter de guerre devenu chef d’entreprise.

A ses côtés, le journaliste Didier François a tenu des propos similaires. « Je suis venu pour trois choses: dire qu’on le connaît, voilà la dangerosité de cette personne et le risque de récidive », a ajouté cet homme de 58 ans.

Leur séquestration par un groupe de jihadistes de l’EI dont faisait partie Nemmouche remonte au second semestre 2013 dans un hôpital d’Alep (nord de la Syrie) transformé en prison.

Au total quatre journalistes français avaient été enlevés et séquestrés par l’EI entre juin 2013 et avril 2014. Edouard Elias et Pierre Torres, également cités comme témoins au procès du quadruple assassinat du musée juif, n’ont pas fait le déplacement.

Parmi ses geôliers, Nicolas Hénin a assuré avoir également reconnu « Abou Idriss » alias le Belgo-Marocain Najim Laachraoui, artificier des attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts), mort en kamikaze à l’aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016. Ces deux attaques avaient été revendiquées par le groupe Etat islamique.

Didier François a expliqué avoir été victime de sévices et d' »une quarantaine de coups de matraque » de la part de Mehdi Nemmouche même si les violences et « tortures » visaient surtout les prisonniers syriens et irakiens.

A propos de ses geôliers le journaliste de la radio Europe 1 a fait valoir: « le but du jeu c’était de nous tenir en permanence sous contrôle ». « Le mode de domination c’était d’être cyclothymique, le même qui va rentrer à un moment pour vous donner un thé va venir le lendemain vous mettre une raclée », a-t-il poursuivi.

Pendant ces auditions, Nemmouche regarde les journalistes et ne peut réfréner un sourire à plusieurs reprises.

A ce procès à Bruxelles Mehdi Nemmouche, 33 ans, est accusé d’avoir abattu de sang-froid le 24 mai 2014 au musée juif un couple de touristes israéliens, une bénévole française et un jeune employé belge du site. Il nie les faits.

La séquestration des journalistes à Alep fait l’objet d’une procédure judiciaire distincte en France, dans laquelle le jihadiste a été inculpé fin 2017.

Opposés à ces témoignages, les avocats du jihadiste ont dénoncé « une manoeuvre », « un procès dans le procès ».

– « Piraterie judiciaire » –

« C’est de la piraterie judiciaire », a affirmé à l’AFP Me Francis Vuillemin, qui défend Nemmouche dans le dossier de la séquestration.

« La justice belge organise un procès avant le procès français qui est loin d’avoir lieu » car « l’affaire en cours depuis cinq ans est au point mort, elle n’avance pas », a ajouté cet avocat parisien venu en observateur à la cour d’assises de Bruxelles.

Les témoignages interviennent à un moment où la défense est fragilisée. Les experts se sont succédé à la barre pour battre en brèche les doutes concernant les preuves, soulevés par les conseils de Nemmouche (ADN sur la porte du musée, empreintes sur les armes, etc).

Le 1er février, la cour d’assises a visionné pendant de longues heures les vidéos de l’accusé en garde à vue après son arrestation à Marseille six jours après la tuerie.

Elles montrent un homme goguenard, arrogant avec les enquêteurs, une image ne collant pas du tout avec celle d’un suspect « accusé à tort », a souligné l’accusation.

Aux yeux de Michèle Hirsch, avocate des organisations juives, le témoignage des otages est « extrêmement important » pour que magistrats et jurés comprennent ce qui a pu motiver le tueur présumé du Musée juif. Et quelle a été l’influence de Mohamed Merah, « son idole » d’après l’avocate.

En 2012, Mohamed Merah commettait les premiers attentats jihadistes en France depuis 1995 et assassinait sept personnes dans le sud-ouest de la France, trois militaires puis quatre personnes juives dans une école, dont trois enfants, choquant le pays à quelques semaines de la présidentielle.

Devant ses otages français, l’année suivante, Mehdi Nemmouche évoque ces crimes avec « admiration », a réaffirmé jeudi Nicolas Hénin qui a qualifié Mehdi Nemmouche d’homme « sadique, ludique et narcissique ».

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